Chapitre 8 : Elle flirte avec moi, là ?

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Son réveil n'avait pas encore sonné, mais Emy avait les yeux grands ouverts. Elle sauta hors de son lit et descendit l'escalier pour atteindre le reste de son appartement. Elle fit couler son café en ouvrant les volets roulants de son logement. Elle avait refusé l'entrée de la domotique dans son espace de vie. Il n'y avait ni de contrôle I.A, ni même de volets roulants électriques. Elle tournait mécaniquement la manivelle qui remontait le volet de chaque fenêtre. Pour embraser sa bonne humeur, Emy s'approcha de son mur de vinyles et en sélectionna un. Elle chinait ces antiquités depuis des années et avait réussi à se créer une belle collection. Elle le sortit de sa pochette et le positionna sur son tourne-disque. Un petit crépitement se fit entendre puis la musique fut. L'air de guitare électrique mit aussitôt Emy en joie. Elle prit son couteau à pain en guise de micro et fit un play-back de talent sur les voix de Céline Dion et Jean-Jacques Goldman. Elle était définitivement de bonne humeur et rien ne semblait pouvoir l'entacher. Elle but son café en observant le lever de soleil sur Saint-Georges tout en dansant comme si le monde lui appartenait. Elle profita de son énergie débordante et passa un jogging pour se lancer dans une série sportive. Elle appuya sur un bouton à droite de l'immense baie vitrée. Alors qu'elle enfilait ses gants de boxe, son système de frappe connecté descendit du plafond. Il s'agissait de l'unique technologie moderne qu'Emy acceptait. Ce matériel sportif ultra perfectionné était capable de remplacer un adversaire. Céline poursuivait avec entrain le marathon musical de la jeune femme. Elle sourit, frappa ses poings l'un contre l'autre avant de démarrer une série d'exercices de coups et d'esquives. Elle enclencha le premier mode du programme d'entraînement. Les cibles du système s'allumèrent alternativement, indiquant à Emy la séquence de frappes à suivre. Le but était de les éteindre en touchant la bonne marque le plus rapidement possible et d'enchaîner les coups jusqu'à la fin de la séquence. Malgré sa réticence des nouvelles technologies, Emy s'était laissée charmer par ce « jeu de la taupe » connecté qui l'amusait particulièrement et faisait travailler ses coups droits. Après une séance de presque une heure, elle prit une douche et enfila des vêtements confortables avant de retrouver son canapé et d'allumer sa console de jeu. Elle fut interrompue dans son activité dominicale par la sonnerie de son téléphone. Elle ronchonna en déposant sa manette sur la table-basse puis se leva en direction du trouble-fête qui était posé sur le plan de travail de sa cuisine. Elle ne souffla pas longtemps. Un rictus prit rapidement place sur son visage lorsqu'elle découvrit le message d'Andréa. Elle lui avait envoyé une photo d'elle, dévorant un cupcake au glaçage bleu ciel orné d'étoile en sucre rose poudré. Elle avait légendé sa photo :

Andréa : Si je mange un cupcake nommé « Tinker Bell » par la boulangerie, est-ce que l'on peut dire que je suis cannibale ? 🤔

Emy ne put s'empêcher de rire et se pinça l'arête du nez avant de taper sa réponse. Il n'y avait qu'à Saint-Georges que l'on pouvait trouver de telles pâtisseries. À Bâton-Rouge, vous auriez déjà de la chance si vous pouviez mettre la main sur un croissant.

Emy : Bien sûr et tu fais de moi ta complice ! Tu n'as pas honte ? 😮

Andréa : Pas une seule seconde !

Emy : Je vais devoir te dénoncer...

Andréa : Personne ne te croira, ma chère ! Je suis trop sage pour être l'auteure ce genre de crime.

Emy : J'ai une photo obscène pour preuve !

Andréa : Nous n'avons pas la même définition de l'obscénité, Crochet.

Emy : Ne me tente pas de réclamer plus d'explications à ce sujet.

Sans quitter des yeux son écran, Emy se dirigea vers son canapé. Sa console se mit en veille pour cause d'inactivité sans qu'elle ne s'en aperçoive. Son environnement était devenu subitement flou et plus rien, à part ces messages, n'existait.

Elle est faite de la même matière que les rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant