Chapitre 13 : Cette fille va me tuer

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Emy se frayait un chemin entre les montagnes de cartons envahissant son espace. Bien que ce fut une tâche ingrate, elle était contente d'échapper à une journée à parer un faux sourire pour le reste du monde. Elle était fatiguée de s'efforcer à mentir sur son état émotionnel. Elle pouvait être librement en colère aujourd'hui et ça lui faisait un bien fou. Pendant plusieurs heures, elle s'escrima à vider des cartons de leur contenu pour avoir une vue d'ensemble sur le type de modèles à ranger pour éviter de répéter au maximum ses actions. Elle entendit soudain l'ascenseur.

— Pas déjà, souffla-t-elle en scrutant sa montre.

Elle n'était pas prête à dire adieux à sa tranquillité. Elle entendit les portes s'ouvrir, suivit du bruissement d'un corps se frayant un chemin vers elle entre les cartons.

— C'est moi, murmura Andréa.

— Je me doute.

Elle n'osait pas la regarder. Elle ne voulait pas la regarder. Elle se l'interdisait. Il était hors de question qu'Andréa puisse trouver une faille dans ses yeux. Elle resterait dure et impassible, comme elle aurait dû continuer à l'être depuis tout ce temps.

— Tu me fais un point ? ajouta sa collègue d'un ton se voulant professionnel.

Emy se releva et pointa du doigt la horde de cartons aux côtés de sa binôme.

— Cartons pleins.

— Je ne suis pas aveugle.

— Alors tu peux les ouvrir et ranger ce qu'il y a dedans. C'est aussi simple que ça.

— Alors c'est ça ? J'ai le droit de nouveau au Grinch détestable du premier jour ?

— Non, Andréa. Non, répliqua sèchement Emy en s'asseyant près de la pile de vêtements qu'elle rangeait précédemment.

— Comment ça non ? Tu t'entends là ?

— J'ai dit non ! s'écria Emy. Je ne veux plus te parler, on a pas besoin de parler, toi et moi ! On fait notre travail, point barre. Toi en haut et moi en bas... conclut-elle presque en murmurant.

— Tu me manques, lâcha Andréa après un instant de silence.

Le cœur d'Emy se serra avec une telle violence qu'elle dut fermer les yeux pour contenir la douleur. Elle fit non de la tête en grimaçant. Elle ne voulait rien entendre de plus.

— Emy, tu...

— Va torturer quelqu'un d'autre, coupa-t-elle sans ménagement. Je ne veux pas t'écouter.

— Tu es... incroyablement agaçante ! s'énerva Andréa.

— Oh vraiment ? C'est moi qui suis agaçante là ? s'effara Emy en se retournant vers elle.

— Tu es tellement têtue que tu refuses que je m'explique !

— Mais il n'y a rien à expliquer ! s'emporta la jeune femme. Laisse tomber ! Le Don Juan en carton doit justement ranger des cartons ! Et tu ferais bien de faire pareil.

L'ouverture des portes de l'ascenseur empêcha Andréa de répliquer.

— Hé salut !

— Il manquait plus que lui, reprit Emy à voix basse en levant les yeux au ciel.

— Salut Zakari, répondit simplement Andréa.

Elle essuya rapidement une larme roulante sur sa joue et se concentra de nouveau sur son travail.

— Alors quoi ? Je n'ai pas le droit à un sourire ? insista-t-il en s'approchant franchement d'Andréa.

— Fais ton travail Zak !

Elle est faite de la même matière que les rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant