Chapitre 26 : Je t'attendais

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Sur un ton léger, elles reprirent la route en direction de Bâton-Rouge. Le soleil rosissait le ciel d'une multitude de nuances avant de disparaître totalement pour laisser place à la lune et aux étoiles. Emy plongea dans un parking souterrain qui s'éclaira à leur arrivée. Elle gara son véhicule et prit Andréa par la main pour l'entraîner vers les ascenseurs. Elles grimpèrent jusqu'au cinquième étage. Emy sortit un badge de sa poche et le passa dans la serrure pour débloquer la porte noire face à elle. Elle se déverrouilla dans un cliquetis puis la jeune femme incita Andréa à entrer. Les spots s'allumèrent dans la pièce. Emy referma la porte et se délesta de sa veste de moto, ses bottes et son casque dans l'entrée. Andréa sourit lorsqu'elle aperçut une photo d'une petite fille entourée de sa mère et de l'homme qui pouvait être son père dans un cadre posé sur un guéridon de bois.

— Je croyais que tu allais me présenter la meilleure barmaid de la ville ? s'enquit-elle.

Elle tourna lentement sur elle-même pour faire face à Emy et la découvrit les bras ouverts, un sourire malin aux lèvres.

— Mais je ne t'ai pas menti, tu l'as devant toi !

Andréa rit face à la supercherie de la jeune femme.

— Tu m'as ramenée chez toi, murmura-t-elle sans cesser de sourire. C'est contraire à l'une des règles que nous avions fixées ensemble.

— On ne le dira à personne, chuchota Emy en barrant sa bouche avec un doigt.

Elle débarrassa Andréa de son manteau puis se dirigea vers sa cuisine.

— Qu'est-ce que je te sers ?

— Qu'est-ce que tu as à me proposer ?

— Tout ce que tu veux.

Elles se défièrent du regard un instant.

— Alors, surprends-moi, murmura Andréa en s'installant dans le canapé usé du salon.

Emy rit et se mit en place. Elle sortit tout son attirail de mixologue amateur et débuta la confection d'un cocktail sur la base de l'instinct. Elle s'arma de Prosecco avant de trancher délicatement une orange fraîche. Elle jeta un œil inquiet vers Andréa qui observait les lieux avec attention. La jeune femme se leva du canapé pour s'approcher de l'alignement de baies vitrées.

— Tu as une vue incroyable sur la Chalmette.

— Et sur les tours de la Haute qui me narguent avec leurs belles lumières bleues, s'amusa Emy.

— Je n'ai pas une aussi belle vue de mon appartement, tu sais.

— Je ne sais pas je n'ai pas le droit d'y mettre les pieds.

Andréa gloussa en secouant la tête. Elle sentit Emy s'approcher et lui tendre un verre. Elle s'en saisit, tout sourire avant de déclarer :

— Un spritz, très bon choix jolie barmaid.

— Comment tu appelles ça ? s'étonna Emy en remuant la paille de métal dans son verre.

— Euh... un spritz, bredouilla Andréa. Pourquoi ? Tu appelles ça de quelle façon ?

— Un Veneziano, tout le monde appelle ça comme ça à Bâton-Rouge. C'est drôle que le nom change de l'autre côté de la rive.

— Effectivement, toujours à vouloir faire vos intéressants, plaisanta la jeune femme. Donc, à quoi trinque-t-on, dis-moi ?

Emy réfléchit un instant puis leva son verre.

— À ce job de merde qui t'a mise sur mon chemin.

Andréa s'esclaffa.

Elle est faite de la même matière que les rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant