What a shitty American Trip.

Chapitre 14 suite et fin

Il me lança un regard désolé avant de me répondre.

— Pour l'instant, on est tous des cibles potentielles, surtout nous, mais la plus probable c'est Frenchie.

Quoi ? Frenchie ? Là, il me prit de court. Je n'étais pas du tout arrivé à cette conclusion, même si à un moment je l'avais envisagée, mais pas aussi catégorique que lui. Pourquoi elle n'avait rien à voir avec nous, pourquoi la ciblerait-il ? Ça n'avait aucun sens.

— Je crois que la première fois qu'il l'a rencontrée, c'était un pur hasard, mais maintenant, il va la traquer, continua-t-il en pensant tout haut. C'est mieux pour le moment qu'elle ne se doute pas du danger.

La colère me prit à nouveau et je l'expulsais en projetant mon poing dans le punchingball à côté de moi.

— Elle n'a rien avoir avec le MC, pourquoi s'en prendre à elle ?

— J'ai plusieurs théories à ce sujet, répondit-il simplement en évitant mon regard.

Jamais Sharp n'évitait mon regard. En tout cas, plus depuis qu'il m'avait avoué sa relation avec ma sœur. Clairement, il me cachait quelque chose et ce n'était pas rien. Très bien, avec lui, j'avais appris à être patient. Pourtant, je ne pouvais empêcher la culpabilité de me prendre à la gorge.

— Est-ce je l'ai mise en danger en la ramenant ici ?

— Peut-être, comme chaque personne qui franchit les portes de ce bar, me répondit-il philosophe.

— Ne me sors pas ces conneries, tu sais très bien ce que je veux te dire.

Il hocha la tête, presque amusé de ma colère.

— Tu lui as peut-être aussi sauvé la vie en la ramenant ici. Ne te réjouis pas trop, c'est clairement de notre faute s'il va la traquer à partir de maintenant. Mais elle a la protection du MC, tant qu'elle restera ici, il ne pourra pas l'atteindre, tout comme Dyclan. En tout cas, on peut rayer plusieurs suspects de notre liste. Qu'il joue avec nous comme ça, c'est clairement personnel.

Il sortit une cigarette avant de me lancer son paquet.

— Tu crois que Ghost pourrait y être mêlé ?

— Pas sûr. Il est tordu mais pas à ce point, me répondit-il en soufflant sa nicotine.

— Après la dernière mission, je peux t'affirmer qu'il est tordu à ce point.

Un voile de culpabilité passa sur ses yeux quand il hocha la tête en ma direction.

— C'est vrai, et il paiera pour ça. Mais la chronologie ne tient pas. Il aurait commencé par s'en prendre à mes parents avant nous. Et jusqu'à preuve du contraire, ils vont bien.

— Et il nous aurait fait regarder, c'est sa manière de prendre son pied, plus que le reste, finis-je par reconnaître à contre cœur.

On se tut après ça. Merde. J'avais beau fouiller dans tous les sens, aucun nom ne sortait. Qui pourrait bien être assez tordu pour faire ça ?

— Un verre ? me demanda-t-il en écrasant sa cigarette.

Je hochais la tête, j'en avais bien besoin. On sortit de la salle d'entraînement pour tomber sur Hurricane qui allait au bar. Il s'arrêta en nous voyant.

— Vous êtes là ! Je vous cherchais, nous annonça-t-il.

Il avait allumé la lumière et on put le voir sans problème. Il était plutôt de bonne humeur, mais avec Hurri, c'était dur de savoir quand ce n'était pas vraiment le cas. Pourtant là, on ne pouvait pas se tromper. Il nous tendit deux gobelets en plastique remplis de bière. On les prit sans se poser de questions, un verre offert est un verre but. Le mien était couvert d'une substance visqueuse, je détachais ma main en saisissant le verre par le dessus pour la découvrir couverte de peinture rouge criarde.

— Je sais que vous ne voulez pas, mais vous devriez sortir pour voir ça. Ça vous fera du bien.

Je lui lançais un regard noir, franchement mécontent d'avoir de la peinture plein les doigts.

— Désolé pour ça, me fit-il en reprenant mon verre, sa bonne humeur s'envola un instant quand il nous dévisagea. Vous devriez vous enlever les traces que vous avez sur le visage avant de venir. Dyclan s'amuse vraiment, ça serait dommage que vous lui fassiez peur.

Sharp souffla brièvement avant d'avaler son verre d'un seul trait, puis il fit demi-tour pour se rendre dans les toilettes. Je soufflais à mon tour avant de le suivre, laissant Hurri en plan avec un sourire niais sur le visage.

— Qu'est-ce qu'il se passe dehors ? Lui demandais-je pour découvrir ce qui allait m'attendre.

— Aucune idée, m'annonça-t-il sombrement. C'était l'idée de Bear. J'ai approuvé car il avait de bons arguments, mais je ne tenais pas à y participer.

Il se rinça le visage et j'en fis autant après m'être lavé les mains.

— J'y vais pour Dyclan. Je sais qu'il y a beaucoup à faire, mais... Enfin, fais comme tu veux.

Je ne comprenais pas ce rassemblement ce soir. Je n'avais vraiment pas la tête à ça, mais comme Sharp l'avait dit, pour Dyclan, on le fera.