Chapitre 16 : L'orage éclate

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Lorsque je sors de chez moi, le soleil est déjà haut dans le ciel. Aujourd'hui, c'est mon jour de repos. Nous ne sommes pas restées longtemps au bal hier soir, en réalité, dès que l'atmosphère détendue a disparu entre Ace et moi, nous avons quitté le labyrinthe et il m'a déposée chez moi dans un silence de mort. 

Toute la nuit, j'ai rêvé de ses mains chaudes sur ma taille, son regard profond qui semblait aspirer mon âme. Chaque fois que je revoie ses lèvres, mon cœur s'affole. Et puis tout disparait lorsque je me rappelle qui il est. Ace Harden est le fils de mon patron, un petit bourge insupportable. 

C'est tête baissée et perdue dans mes pensées que je remonte l'allée de ma maison. Ainsi je ne le vois que trop tard. Lui, a son regard braqué sur moi. Mon cœur loupe un battement tandis que mon estomac se retourne. Son sourire me glace le sang. Je peine à déglutir quand il m'adresse un geste de la main. Je ne peux plus faire demi-tour, je ne peux pas non plus courir pour me réfugier dans ma chambre, non, je me dois de le confronter. Il n'y a aucun homme que je crains plus que lui. Et c'est avec peine que je m'avance vers cet homme qui a hanté mes journées.

—  Je savais qu'on allait se revoir Eyana.

—  C'est pas difficile puisque tu es devant chez moi.

—  Tu as retrouvé la parole à ce que je vois.

Sa menace voilée me fait frissonner alors je baisse la tête et ne répond rien.  Ainsi, je peux voir disparaitre le bout de ses doigts brûlés dans sa paume de main lorsqu'il serre les poings.

—  Tu fais la pute maintenant ? C'est ça que tu es devenu. (Ma voix reste dans ma gorge laissant l'oiseau s'exprimer non loin de là). Il te baise bien hein ?

Mon silence le rend fou de rage. Il m'empoigne le bras et le sert si fort que le sang ne circule plus jusqu'à mes doigts.

—  Réponds-moi putain !

—  C'est mon patron, Tayden.

—  Tu as toujours aimé mentir

—  Il n'est rien d'autre que mon patron...

Ma voix se meurt à la fin de ma phrase dans ma gorge serrée. Ses doigts râpeux s'enfoncent dans mon menton lorsqu'il l'agrippe avec force pour le remonter vers lui. Mes yeux s'humidifient.

—  Ton patron ? Toi t'accompagnes ton patron acheter ses caleçons ?

Je me mors les joues et retient les larmes qui menacent de couler. Soutenir son regard est une torture.

—  Démissionne.

Mes yeux s'écarquillent devant sa demande. Pour qui il se prend ?

—  Je ne peux pas...

—  Ah bon ? Tu en es sûre ?

—  Ma famille a besoin d'argent. S'il te plaît Tayden, laisse-moi.

—  Je peux te trouver un taf si c'est que ça.

—  Mais il ne payera jamais aussi bien.

—  C'est sûre que faire la pute, ça rapporte bien.

Je ferme les yeux. La respiration hachée, je me rassure en pensant à l'endroit où l'on est. Il ne fera rien ici. On est trop visible pour qu'il tente quoique ce soit.

—  Tayden...

Soudain, ses lèvres se plaquent sur les miennes. Prise de hauts le cœur, je le repousse violemment. Cependant, je le regrette aussitôt alors que ses lèvres s'étirent en un sourire haineux.

—  Tu es sûre de ce que tu fais Eyana ?

—  Laisse-moi.

Ma voix qui tremble est pathétique. Je m'insulte mentalement d'être aussi faible. S'il était là, Ace se moquerait sans aucun doute de moi.

Hasta la muerte (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant