Chapitre 24

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Athénaïs

Ma poitrine se sert en écoutant la porte claquer. Je sens les larmes rouler sur mes joues, au seul son de sa voix, je sais qu'il m'a menti, Maddy lui a parlé une nouvelle fois de moi.

Peut-être même qu'elle lui a dit, vue la façon dont son comportement à changer radicalement. Des paroles bref, il ne m'a pas touché comme à son habitude, il ne m'a pas embrassé pour m'allumer, c'est à peine si il la fait et il vient clairement de me fuir embarquant avec lui, mon seul véritable ami.

Je m'écroule au sol criant de douleur.

Si seulement, je pouvais le rattraper, lui dire que je suis désolé mais c'est impossible, je ne vois pas, il est déjà probablement trop loin pour que je puisse entendre ses pas.

Il m'a menti, moi aussi mais pas pour les mêmes raisons, je cherchais juste à le protéger avant que tout éclate mais c'est trop tard, fini la vie normale, retour à la réalité.

Qu'est ce qui va se passer lorsqu'il reviendra ?

Me demandera-t-il de rentrer chez moi ?

Est-ce que je devrais dormir dans la chambre d'ami dès ce soir ?

Mon cœur explose en même temps que mes sanglots.

Les genoux remontés contre ma poitrine, je laisse ma tristesse s'écraser sur le tissu. Je suis seule comme il y a onze ans, pas de Henry, pas de Ange, non seule dans ma chambre de quatre mètre carré. Je pourrais appeler mon père, lui demander de venir me chercher mais impossible, je ne pars pas sans mon meilleur ami. Je devrais probablement préparer mes affaires, de toute façon je n'ai rien d'autre à faire à part pleurer sur mon sort. Je savais que cela arriverait mais pas aussi vite. Je me redresse sur pied en direction de la chambre, mon estomac se noue, mon cœur me fait mal, mes yeux me piquent lorsque j'attrape ma valise que j'avais glissé sous son lit, pensant ne pas avoir à la ressortir aussi vite. Je jette mon linge à l'intérieur sans me soucier de savoir qu'ils seront probablement chiffonnés, l'un des avantages d'être aveugle, on ne se soucie pas de ce genre de détails.

Je vérifie de mes doigts que tout soit bien vide et fait de même dans la salle de bain. Je ferme ma valise, inspirant le plus possible pour m'imprégner de son odeur que je ne pourrais oublier, les joues complètement trempées, je marche jusqu'à la porte de la chambre d'amie à sept pas de la sienne. Mes doigts s'enroulent autour de la poignée, j'essuie mes yeux puis mon nez qui dégouline, mon cœur bat lentement, mes jambes tremblent.

- Allez Athénaïs, tu n'as plus le choix ! Faut te faire à l'idée, Ignacio ne veut pas d'une handicapée comme petite amie.

J'ouvre la porte, l'odeur de renfermé se glisse dans mes narines, mes yeux se remplissent à nouveau. Je fais rouler ma valise à l'intérieur et redescends aussitôt, le cœur trop lourd. J'ai besoin de penser à autre chose, oublier que je suis seule, oublier son comportement, oublier que ce soir je dormirai seule. Je me dirige dans la cuisine, compte jusqu'au cinquième placard qui contient les odeurs les plus fortes. J'attrape la première bouteille qui me vient, la débouche puis l'apporte entre mes lèvres. Le goût me tire une grimace, c'est loin d'être bon.

- Bordel ça me brûle la gorge !

Je la rebouche, la pose sur l'îlot et en attrape une nouvelle, toute aussi dégueulasse, me donnant un haut le cœur dû à l'amertume.

Après trois autres bouteilles, je jette enfin mon dévolu sur un goût beaucoup moins fort, moins brûlant, légèrement sucré. Je passe la baie vitrée la main en avant, le goulot entre les lèvres, je bute contre le transat et m'assois. Je repense à la voix d'Ignacio, au son de ses pas rapides, comme si il cherchait à me fuir comme la peste, à la façon dont la porte à claqué, à mon chien qui la suivit.

Un amour sans visage. Tome I.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant