Maylinna

Chapitre 2

-Maylinnaaaaa !
J'entends mon petit frère hurler mon prénom depuis la cuisine, étant donné que je ne sais pas si c'est pour me montrer son œuvre culinaire ou parce qu'il est en train de détruire la cuisine j'accours.

-Tu peux me prendre la farine, s'il-te-plaît ? J'ai les mains dans la pâte...

Ça me fait tout drôle, en ce moment mon frère à la voix qui mue, disons que ça peut faire des intonations ... particulières. Il commençait à s'inquiéter, à 15 ans avoir toujours la voix d'une petite fille n'est pas agréable.

Je lui attrape la farine, l'ouvre et en profite pour lui en mettre sur le nez. La cuisine n'est pas très spacieuse, il aurait eu tôt fait de me rattraper s'il n'était pas en pleine préparation.

-Non mais tu es sérieuse ? Je ne peux même pas l'enlever !
Des fois j'ai l'impression que c'est lui l'aîné, alors que nous avons 5 ans d'écart. Il a vécu une enfance compliquée, je comprends qu'il ait dû grandir plus vite.

-Si je ne t'embête pas qui le fera ?

J'aime beaucoup taquiner Yezeul et je sais qu'au fond il aime ça aussi. Il fait son grand. C'est seulement dans ces moments-là que je me rends compte de son âge réel.

-T'inquiète pas, papa le fera pour toi avec plaisir , dit-il en riant.

Je m'esclaffe à mon tour, c'est vrai que papa serait aussi prêt que moi à embêter mon petit frère. Voire même plus ! Il faut bien que je tienne ça de quelqu'un.

-Au fait soeurette, papa m'a transmis un message pour toi, il ne rentrera pas avant longtemps, sûrement même très tard.

Ah bon ? C'est étonnant, papa adore les repas de famille, et c'est seulement le soir que nous pouvons en profiter : papa et moi travaillons et Yezeul est à l'école.

-D'accord, tu sais pourquoi ?
-Non désolé, peut-être que la chasse n'a pas été bonne.

J'acquiesce, il est vrai que cela peut arriver. Mon père est chasseur, je ne vois d'ailleurs pas comment cela se fait vu sa personnalité. Il est doux et compréhensif et il n'aime pas la violence. Mais pourtant c'est l'un des meilleurs chasseurs. C'est aussi un très bon Eddjaï, lui et Lana - sa dragonne - ont un lien très profond. Je suppose que c'est pour ça qu'ils chassent si bien. Généralement les chasses se font par quatre, deux Eddjaïs et leurs partenaires. Les dragons traquent bien mieux que les humains, donc nos amis volant se chargent de repérer les proies et les humains de les tuer. Nous ne tuons jamais plus que ce dont nous avons besoin. Nous régulons le nombre d'animaux dans la forêt c'est tout, nous ne nous permettons pas d'enfreindre l'équilibre naturel.

-Tu veux que je t'aide à cuisiner ?
-Non merci je vais me débrouiller.

Je lui réponds que je vais donc me promener un peu et sors de notre petite maison en bois. Sa forme ronde peut paraître étrange mais elle la rend plus pratique qu'une maison carrée ou rectangle. Elle est minimaliste, on n'entasse donc pas grand chose. Elle se compose de trois petites chambres, d'une cuisine avec une table pour manger et d'une salle de bain avec des toilettes. Il paraît qu'avant les toilettes étaient remplies d'eau, maintenant elles sont remplies avec du foin ou des petits copeaux de bois - ça dépend de que nous avons en trop.

J'aime bien me promener dans le village, il est si paisible. Je trouve que ce calme reflète bien notre planète depuis que le monde va mieux. Toutes les maisons sont en bois et se fondent parfaitement avec les arbres. Certaines sont rondes, comme la nôtre, d'autres carrées et d'autres encore triangles. Ces dernières sont très grandes, la forme ne pose donc pas de problème, et puis c'est amusant à voir. Il y a même quelques maisons taillées directement dans les arbres. Je pense qu'il y a autant de maisons à terre que dans les hauteurs de ces plantes. Plusieurs passerelles peuvent mener à différentes parties du village. Il y a une grande superficie donc ce n'est pas toujours facile de s'y rendre, après qu'il ait plut par exemple. Je vais, qui plus est, devoir en utiliser une si je veux pouvoir accéder là où je compte me rendre.

La maison vers laquelle je me rends se trouve dans le centre du village, nous, nous sommes un peu plus à l'extérieur. Au Nord-Ouest. C'est là où sont les habitations des dragons, pour le travail de mon père c'est plus facile d'habiter proche. Il n'a, comme ça pas besoin de faire un long trajet pour partir travailler. La couveuse est, elle aussi, non loin de la maison. Elle est, ceci dit, un peu plus vers le milieu du village que les dragons.

Je continue mon trajet que je connais par cœur, je tourne à droite puis prends la passerelle de gauche et me dirige vers la petite maisonnette carrée.