Chapitre 2 - Frayeur noire

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   Je tournai la tête

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   Je tournai la tête. Un homme à lunettes portant un béret vert nous observait depuis l'entrée de la grotte en faisant de grands gestes. Je jetai un regard vers Corail dont le visage était abasourdi. Mon père, dans un élan de panique, s'approcha au pas de course, les bras tendus vers moi, et la sirène disparut sous l'eau.

« Vite ! tonna-t-il. Profite qu'elle soit partie ! »

Déboussolée, je me redressai et m'écartai à grands pas. Je m'efforçai de crisper mon visage et de froncer mes sourcils. Je ne savais pas mentir, mais je devais au moins essayer.

« Pourquoi tu n'as pas réagi plus tôt ? tonna-t-il en m'empoignant le bras pour m'écarter de la grotte.

— Eh bien... je ne l'avais pas vue... »

Ses yeux bruns s'obscurcirent tellement que je ne distinguais plus ses pupilles de ses iris.

« Et tu mens, en plus ? »

Un désagréable frisson me parcourut. J'avais la terrible impression qu'il était là depuis plus longtemps que ce que j'imaginais.

Mon père regarda autour de nous. Personne aux alentours de la grotte. Il baissa tout de même la voix :

« Tu étais en train de discuter avec une sirène ! Tu te rends compte ? Cerise, enfin ! Je sais que tu n'es pas pieuse, mais tu te souviens quand même de certaines choses que tu as apprises, plus jeune ? Tu te souviens bien qu'elles n'existent que pour nous noyer ou nous trancher la gorge ? »

Eh bien, moi, je prends le goûter presque tous les jours avec une sirène.

Je n'étais pas certaine que cette réponse lui conviendrait, alors je me ravisai :

« Je ne l'ai pas vue, tentai-je à nouveau. »

Il soupira. Le genre de soupir qui était fatigué et exaspéré. Mais aussi déçu.

« Cesse de mentir. On rentre à la maison pour en parler immédiatement. »

Il marchait vite, trop vite pour mes petites jambes. Malgré le fait qu'il me retienne par le bras pour me donner la cadence, je peinais à le suivre. En sentant que ses doigts appuyaient un peu trop fort sur mon bras, je geignis :

« Eh, tu me fais mal... »

Il soupira, mais desserra sa prise jusqu'à me libérer. Je massai mon bras endolori, sans doute marqué. Mon père n'était pas du genre à me brusquer, alors sa soudaine vivacité quant à m'écarter de la grotte était violente et surprenante. Enfin, je comprenais. Si j'avais une fille et que je la découvrais assise à côté d'une sirène, j'aurais réagi de la même façon.

La plupart des villageois commençaient à rentrer pour préparer leur repas et se reposer, et beaucoup ne firent pas attention à l'état de nervosité de mon père, sauf un petit garçon aux grands yeux verts :

Les Embruns de la Vérité [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant