Chapitre 3

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Sept ans plus tôt...

-Trouvez Gabriel Conti, trouvez-moi ce fils de pute et ramenez-le-moi ! 

Quand la voix d'Antoine Saint-Clair résonnait dans la demeure, personne ne restait les bras ballants. Ce soir, cette vérité ne dérogeait pas à la règle.

Quelques heures plus tôt, soucieuse de ne pas avoir eu de nouvelles de son second fils, Baptiste, Marianne Saint Clair avait fait mandater des hommes pour le retrouver. Ils découvrirent son corps à l'entrepôt du port, une balle en plein front.

L'épouse légitime d'Antoine et mère d'Andrea avait toujours veillé sur Baptiste. Ce bâtard, né d'une relation adultérine accomplie lors de sa grossesse, avait rapidement obtenu l'attention de la matriarche. S'il représentait l'erreur d'Antoine avec une gogo danseuse, ce n'était pas sa faute, seulement celle de son géniteur.

Pendant un temps, ce gosse incarna une forme de chantage que la rivale ne cessait d'utiliser. Antoine étant de nature à assumer fut tenu par les couilles, un peu trop, par la blondasse concurrente et finit par amener Marianne à gérer les choses une bonne fois pour toute...

En tant que fille de mafieux et issue d'un lignage au pedigree reconnu dans le domaine, la matriarche se trouva à la hauteur de ses racines quand elle buta sans remords la mère biologique du bâtard. La pute avait légèrement trop tiré sur la corde et abusé de la patience de Marianne. Quelle idée d'utiliser son propre gamin pour faire chanter Antoine et obtenir tout ce qu'elle voulait ! Son cerveau peroxydé aurait pourtant dû comprendre les choses...

À la suite de cet évènement, le gosse traumatisé devint son fils. Surprotégé, le petit grandit sous l'égide d'une louve qui, contrairement à sa catin de mère, ne visait que son bien. Marianne en profita pour daigner pardonner à Antoine. Plus aucune femme ne chercha à entrer dans le lit du mafieux.

Bref, ne voyant pas Baptiste revenir, la louve en elle s'était éveillée. Son gosse était parti sur une mission facile flanqué de Gabriel Conti : récupérer une grosse somme d'argent. Contre toute attente, le chien docile choisit l'appât du gain simple, tuant le dernier de la famille et s'envola avec le fric. De nombreuses preuves l'accablèrent, notamment, une conséquente dette de jeu...

Antoine Saint Clair exigea qu'on le retrouve et qu'on lui ramène ce petit enfoiré. 

– Mais qu'est-ce que t'as foutu ? 

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– Mais qu'est-ce que t'as foutu ? 

Andrea se tenait assis sur le rebord du lit, les coudes sur le genou, agitant ses jambes dans un réflexe archaïque. Anxieux, furieux, l'envie de vomir s'épanouissait en lui, tandis que son amant vérifiait ses affaires. Gabriel se dépêchait, l'air imperturbable.

– Je n'ai pas eu le choix, ton frère voulait balancer pour nous. S'il l'avait fait, ton père t'aurait tué. J'ai agi en conséquence.

– Mais je m'en fous de mon père !

– À d'autres !

Le regard du brun souffrait en observant le blond. Le tourment en lui était si vivace, qu'il ne parvenait pas à gérer, dans sa tête, le pire se dessinait et s'agitait.

Gabriel, lui, le toisait froidement, tâchant de ne pas flancher. Ils n'avaient pas le temps pour des adieux. L'Italien essayait de ne pas s'excuser, de se montrer aussi insensible que possible. Ce n'était normalement pas compliqué, il savait parfaitement le faire autrefois, avant qu'il ne se laisse aller à une intimité amoureuse en la compagnie du Français.

– Je pars. C'est mieux comme ça An... 

Se dressant subitement, il plaqua son amant contre le mur de l'appartement. Une douleur vrilla le dos de l'Italien.

Des yeux d'Andréa sortait une lueur de rage que rien n'aurait pu apaiser. Son mal s'ancrait en son être. Il n'avait jamais rien éprouvé pour qui que ce soit, et aujourd'hui, le seul qui avait un tant soit peu réussi à animer ce morne palpitant en son torse voulait se tirer ! Après toutes ces promesses, tous ces instants, tous ces désirs...

Tenu par le col de sa veste hors de prix, Gabriel ressentit de la peine pour Andrea et ne se priva pas de l'afficher. Devant cet air contrit, le français se sentit pris en pitié. Lui ? Lui on le prenait en pitié ? Depuis quand putain ! Depuis quand ?

– Plus rien ne te fera obstacle maintenant, susurra-t-il en glissant sa main tatouée sur celle du colérique.

– Et si je n'en avais plus rien à foutre de tout ça ? Si je te choisissais toi  ! 

Vociférant sa dernière phrase, il l'écrasa un peu plus contre le mur. Sa passion le rendait dingue, il n'arrivait pas à gérer cette émotion qui embrumait son esprit. Il voulait lui faire du mal et le blesser pour qu'il comprenne sa propre douleur. Il voulait lui administrer la pire raclée de sa vie, histoire de lui exprimer toute la souffrance qu'il ressentait de cette foutue trahison. Il voulait...

Les lèvres de Gabriel se posèrent sur les siennes.

Surpris, il ne désira pas répondre. Il essayait de détourner son attention en usant de stratagèmes pour l'apaiser. Il refusait de lui donner ce pouvoir sur lui ! La langue du blond glissa entre ses lippes et vint quérir la sienne le faisant étrangement abdiquer. Leurs bouches scellées, le brun se raccrocha, mordit la chair rosée de la pulpe adverse, chercha à le garder.

Loin d'être dupe, il comprenait que Gabriel lui disait adieu. Hélas, son corps rendit les armes une fraction de seconde. Ainsi, Gabriel lui échappa. Se détachant de lui, il disparut. L'Héritier demeura immobile quelques instants après que la porte fut claquée. Le vide l'enveloppa, le prenant dans ses bras et le cajolant. Le froid picora son épiderme. De rage, son poing s'abattit sur le mur. Un cri déchirant s'envola de sa gorge. Maintenant, il était de nouveau seul, et pour cela il ne lui pardonnerait jamais !

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A bitter taste [MXM] [Sous contrat d'éditions IMAGINARY EDGE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant