Lettres à mon ex

Essai: Vérité et conséquences

Brahim : Tu comptes me faire la gueule encore longtemps?

L'arrogance, ou le culot, dont tu faisais preuve me mettait hors de moi.

Moi : Oui, c'est le but.

Brahim : Mdr, tu vrilles trop vite. En plus, tu ne poses pas les bonnes questions. Je t'avais dit quoi il y a deux mois?

Moi : Je ne sais pas, tu m'avais dit quoi?

Brahim : Que j'allais te pranker au moment où tu t'y attendrais le moins. Je te l'ai dit, n'est-ce pas?

Donc, ça c'est un prank?

Sérieusement? On est où là?

Je me souvenais de cette discussion que nous avions eue. Tu m'avais montré une vidéo d'une fille qui avait pranké son homme, en lui faisant croire qu'elle l'avait trompé.

Tu m'as dit, « Si je te fais cette blague à toi, ça sera tellement bien fait que tu voudras me quitter ». Je t'ai répondu, on verra.

Là j'ai commencé à te croire, mais je ne pensais pas que tu étais capable d'aller jusque-là.

Voici une version avec moins de fautes de ce qu'on s'est dit ensuite :

Brahim : Je t'avais juré que tu n'allais pas assumer le prank que j'allais te faire, et tu m'as répondu « on verra bien ».
Qui va mettre son nom et sa tête sur un profil Tinder quand il est connu et que les gens savent qu'il est en couple?Ça fait combien de temps que je ne suis pas passé à ton taff pour te voir?Les fois où on ne s'était pas parlé pendant 3 et 5 jours, c'était calculé, et c'est ça qui a démarré le prank.Ton amie ne le sait pas, mais elle a joué un rôle là-dedans et j'ai même fait en sorte que ça arrive à ton oreille.Reprends la discussion avec la meuf et tu vas voir qu'au moment où je lui ai demandé ses réseaux et qu'elle me répond qu'elle n'en a pas, c'est là que j'ai commencé à rentrer dans le jeu.Tu crois vraiment que si c'était réel, j'allais finir la discussion par d'accord et te laisser quitter comme ça?J'ai rencontré ta mère il y a deux mois, tu crois vraiment que je vais faire le con en sachant que je t'ai présenté à mes parents et qu'ils espèrent un mariage?Ta réaction était calculée et je savais déjà que ça allait se passer comme ça.Il y a un témoin, c'est juste toi qui ne remarques rien.Tu m'as défié, je l'ai fait et t'es tombée dans le piège. Sur ceux, bonne lecture, et en fait, t'analyses jamais la situation avant de prendre une décision, et ça c'est pas bien. Tout a un lien.

Voici comment retourner une situation en 10 étapes.

Toi lecteur/lectrice, imagine qu'on te dise ça à toi aveuglement amoureuse pour la première fois. Toi qui a vécu tant de choses difficiles dans la vie, qui te sentais épaulé(e) et comprise par la personne que tu aimes. Forcément, j'ai commencé à me dire « et si c'était vraiment une blague de mauvais goût ? » C'était tellement plus facile de me dire ça que de te laisser partir. J'étais tellement attachée à toi. Je ne savais plus quoi faire, ou quoi dire.

Avant que je ne puisse répondre au message, j'ai reçu un appel d'Océane. Elle voulait prendre de mes nouvelles, car ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas parlé. J'ai trouvé ça bizarre qu'elle me contacte au moment où tu me sors tes explications bidons. Je lui ai dit que j'étais triste à cause de ce qu'il se passait ces derniers temps avec mon père, le cancer de ma grand-mère, mais je ne lui ai pas parlé de notre dispute. Le hasard n'existe pas, et je ne pensais pas qu'elle m'appelait sans raison derrière, donc j'ai préféré me taire.

Quelques minutes après, j'ai raccroché et je suis partie voir le reste des messages que tu m'envoyais.

Brahim : Quand je te disais que tu disparaissais des radars, les mots étaient choisis. La journée qui suit sans te parler, c'était fait exprès, et non, je n'étais pas énervé. Parce que si tu te rappelles bien, je t'ai toujours dit que la communication c'est la clé. Donc, si le problème était réel, je te l'aurais dit direct. T'as une chaîne Youtube sur ta story privée Snapchat, bah c'est l'élément déclencheur de l'idée du prank. Personne n'était au courant du prank sauf Océane. Elle m'a aidé de A à Z depuis le début.

Quand j'ai lu tes deux dernières phrases, je me suis effondrée. Je suis passée par une rafale d'émotions. Mon cœur battait à 200 à l'heure. Parmi toutes les personnes que tu pouvais inclure dans ta bêtise, tu as choisi Océane. ENCORE. J'ai rappelé Océane la voix tremblante.

Moi : Je vais te poser une question, une seule. Essaie d'être honnête avec moi au moins une fois dans ta vie.

Océane : Écoute Nyssy, si tu appelles par rapport à Brahim, je te jure que je ne suis au courant de rien. Il m'a appelé ce matin, m'expliquant que si tu me parlais d'un prank, je devais te dire que j'étais au courant depuis le début, et que je l'avais aidé à tout organiser. *Pleure* J'étais d'accord pour l'aider dans son mensonge. Mais je ne veux pas te perdre, notre amitié compte beaucoup pour moi. Je ne peux pas te mentir, je suis désolée.

Je n'ai plus dit un mot, les larmes coulaient sur mes joues. Ce mélange de sentiments qui me parcourait de l'intérieur s'est aussitôt transformé en une colère intense. J'ai raccroché, et j'ai décidé de te répondre.

Moi : En fait, je vais te dire. Tu dis avoir décidé de faire un prank Tinder pendant je ne sais combien de mois, t'étais tellement à fond dans le fait de me prouver que tu pouvais faire des vrais pranks que tu n'as même pas pris en compte les conséquences que ça pouvait entraîner. Tu dis que tu as parlé à la fille car tu savais que ça remonterait jusqu'à moi, mais si on ne m'avait pas envoyé les screens et que je n'avais jamais su, comment aurais-tu fait? (au passage c'était Siham derrière le compte comme ça c'est dit) Quand je te montre les conversations, tu attends 3 jours avant de me dire que c'est un prank. J'ai eu le temps de pouvoir bien m'énerver, et tu penses que je vais venir te dire « Ah! ok tranquille, c'est bon on rigole et on s'en fout»? Bah NON, pas du tout. Ça encore, si tu t'étais arrêté là, ça aurait pu passer comme je suis une grosse bouffonne. Mais, le fait que tu me dises qu'Océane était au courant déjà ça je l'ai SUPER mal pris. Alors qu'en plus je l'appelle, et qu'elle me dise qu'en vrai tu l'as appelée juste avant de m'écrire ton PAVÉ pour lui demander de faire comme si elle était au courant alors qu'elle n'en savait rien, là clairement j'ai été déçu de toi. Tu vas me dire que les doubles matchs avec Safia et Aaliyah (meilleure amie de Safia) faisaient partie de ton prank alors qu'elles et moi ne nous connaissons pas? Et je l'aurais su comment, Sherlock Holmes? Alors désolée de te le dire, mais pour toutes ces raisons je n'y crois pas à ton prank. Et même si je devais y croire, je ne l'approuve pas.

Brahim : ...Alors ça y est, nous deux c'est fini? Tu vas abandonner aussi facilement?

Moi : Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Libère mes messages Brahim...

Des semaines sont passées, je pensais tous les jours à toi. Même si nous n'avions plus eu de contact depuis, tu avais réussi à rentrer dans mon cerveau. Je me remettais en question, et me sentais coupable. Et si c'était vraiment une blague, et que j'avais laissé ma colère m'aveugler à tel point que je ne voulais pas admettre la vérité? Je t'aimais, et je sentais en quelque sorte que je te devais tout.

C'était en grande partie grâce à toi que ma mère avait pu rester sur le territoire canadien alors qu'elle était sur le point de se faire renvoyer en France. C'était grâce à toi que je connaissais beaucoup plus de sourates, et beaucoup mieux l'histoire de notre religion. C'était grâce à toi que j'avais la force d'affronter mes problèmes familiaux. C'était avec toi que j'étais pendant mon rendez-vous médical, quand j'ai appris que mes pertes de connaissance répétées étaient dues à une anémie qui était l'un des symptômes d'une maladie héréditaire grave, dont j'avais hérité de mon père, qui réduisait mon espérance de vie, et qui était incurable. Ce jour-là, tu m'as prise dans tes bras Brahim, et tu m'as promis qu'on surmonterait ça ensemble. Pas même ma mère n'est aujourd'hui au courant de ma maladie. C'était grâce à toi que j'ai pu garder le sourire malgré tout. C'était grâce à toi... Et c'était de toi, Brahim, que j'étais tombée amoureuse.

Pour toutes ces raisons, un beau jour j'ai craqué, et je t'ai écrit.

Moi : Je ne veux pas te perdre...

Brahim: ...