The Creaminal (En Réécriture)

24. Traumatisés

Elio a accepté. Dieu, merci... Peut- être qu'avec lui je ne penserai pas à tous ceux que j'ai trahi. La maison est calme. Le soleil vient à peine de se coucher mais le manoir est vide et sombre. Je le prends par la main en affichant un faux sourire. Je grimpe les escaliers et je ris sans joie à ses blagues. On rentre dans ma chambre. Il ferme à peine la porte que je l'embrasse. Je veux m'évader. Je ne veux pas penser à ça. Je ne veux pas me souvenir des événements s'il y a 5 ans... Trop tard. Une montagne d'émotions me submerge et elles ne viennent pas du baiser. Une larme coule sur mon visage humidifiant mes joues. Je détache mes lèvres de celle d'Elio. Pourquoi ? ...

Pourquoi suis-je partie ? Pourquoi je ne suis pas resté... avec lui ? Je perds le contrôle de ma respiration qui s'accélère mais j'ai l'impression de m'étouffer. Ma poitrine me brûle et mes yeux se remplissent de larmes. Je vais mourir. Je l'ai mérité. Je voudrais lui dire pardon. Pardon pour tout.

- Ella ? Ella ! Ella, qu'est ce qui ne va pas ? Qu'est ce qui c'est passé ? Ella ? Ella ? Tu m'entends ?

Trop. Trop de questions. Trop. Tout est trop. Trop d'émotions. La vie est trop injuste. Je suis trop méchante. Je me déteste trop. Je veux trop mourir. Je vais trop mourir. Je me sens partir et puis soudain, plus rien.

...

J'ouvre mes paupières. Je suis en sécurité. Elio est avec moi et je suis entouré des meilleurs personnes que l'univers puisse porter. Ma respiration est calme. Il n'y a pas de bruit. Je suis allongée sur un lit, le mien. Elio a dû me porter. J'ouvre la bouche, respire un peu avant de murmurer:

- Merci.

Une tête apparaît dans mon champ de vision.

- Ça va mieux ?

Je hoche la tête puis je tente de me redresser mais il ne met sa main sur ma poitrine pour m'en empêche.

- Non, Ella.

Je saisis sa main et la décale.

- Je suis assez grande pour savoir ce que je veux. Si je te dis que je veux me relever, je le fais.

- Mais je peux t'aider à le faire...

Je le fusille du regard et il lève les mains en l'air pour plaider son innocence. Je ris et dès que la joie redescend, la dépression remonte, je perds de nouveau tout intérêt à l'amusement. En fait, je me sens coupable d'avoir été heureuse même si ça n'a duré que quelque secondes. Elio finit par comprendre que je ne vais pas aussi bien que je prétends l'être.

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

Une larme.

- Ça fait 6 ans...

Une larme.

- Que quoi?

- 6 ans que j'ai laissé un ami brûler alors que j'aurai pu le sauver.

- Quoi?

Elio me regarde, les yeux écarquillés. Il ne comprend pas. Je dois lui expliquer. Je sais pas si je vais réussir à trouver les mots...

- Explique-moi !

Je hoche la tête, prends une grande inspiration.

- Je... J'avais 12 ans... J'étais en route pour aller travailler. J'avais déjà gravi les échelons de l'organisation pour laquelle je bosser, j'étais mercenaire ou plutôt appât. J'étais jeune et je n'avais pas conscience des dangers du métier. J'avais pour mission d'assassiner un membre haut placé d'une mafia ennemie à la mienne, Fernando, je me sentais honoré que l'on ait assez confiance en moi pour effectuer une mission si importante... Ça a mal tourné... Il a tout de suite compris ce que je conté faire et m'a emprisonné. C'était pas très loin de chez lui dans une sorte d'hôpital psychiatrique abandonné. Il y avait des petites prisons et il m'a jeté dedans en murmurant un truc du style "Qu'est-ce qu'ils ont à envoyer des gosses me tué? Il ont pas les couilles ces salaud ?" Puis j'ai entendue sa voix, celle d'un garçon d'à peine un ou deux ans de plus. Il a chuchoté un petit "bonjour" auquel j'ai répondu. La journée, on parlait, on se racontait des anecdotes sur nos vies, on riait pour oublier ce que l'on subissait chaque soir.