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BUCKY
19h47

Deux jours se sont écoulés depuis qu'Isabelle et moi nous sommes embrassés.

Deux jours, et j'ai eu droit à un silence glacial de sa part.

J'ai peur d'avoir fait quelque chose de mal, mais je ne veux pas la brusquer, alors je ne fais rien.

J'attends.

Je me suis entraîné avec elle, hier, comme elle me l'avait promis. Elle était chaleureuse, au départ, mais au fur et à mesure que le temps passait, elle devenait plus froide.

Elle portait des vêtements qui cachaient ses cicatrices. Chaque fois que l'une d'elles apparaissait sous les vêtements un peu ample, elle allait s'assoir sur un banc à l'écart et fixait le vide durant de longues secondes. Chaque fois qu'elle revenait, elle était encore plus froide.

J'ai demandé à Steve ce qui pourrait en être la raison, et il m'a dit qu'elle était peut-être dans sa semaine, ou qu'elle était dans un épisode plus sombre.

Apparemment, une fois aux deux mois, elle sombrait dans un cercle vicieux et devenait horrible, envers les autres et envers elle-même.

Il m'a expliqué qu'elle se détestait, à cause de ses cicatrices, et que durant ses épisodes plus sombre, c'était encore pire.

Je ne veux pas qu'elle se déteste.

Elle est tellement parfaite...

Bien entendu, ça me taraude toute la nuit. Je n'arrive pas à dormir, comme les trois autres d'avant, je ne dors presque pas.

Le lit est trop moelleux, j'ai l'impression d'y être aspiré. Je préfère donc le canapé du salon, mais je ne suis pas à l'aise, trop nerveux. Alors, je reste sur le sol aussi glacial que l'attitude d'Isabelle et je fixe la progression de la lune par la fenêtre.

Adossé contre mon lit, je scrute mes jambes pâles sous la lueur de l'astre nocturne. J'ai des marques pâles un peu partout, des vestiges de mes 70 années de torture.

J'en ai plusieurs, rougeâtres, autour de mon bras cybernétique. D'autres sur mon torse, sur mon dos, principalement, et sur mon bras valide.

Elles me rappellent Isa et ses complexes, même si à mes yeux, elle est parfaite.

Ma parfaite petite Isa.

J'aimerais tellement me souvenir d'elle autant qu'elle se souvient de moi...

La mémoire me revient par vagues. Ce sont surtout des sensations, mais récemment, entrecoupé de cauchemars, j'ai rêvé à Steve et Isabelle.

Je nous ai vu, tous les trois assit sur le banc d'un parc, à rire et discuter.

Je me suis rappelé le doux parfum d'Isa que m'amenait la brise et ma profonde affection fraternelle envers Stevie.

Je ferme les yeux pour savourer ce souvenir. Il me laisse un arrière-goût de succès.

Ça veut dire que, avec quelques efforts et beaucoup de patience, je vais me rappeler d'Isabelle en détails.

Je me lève pour aller boire de l'eau à la cuisine, un sourire flottant sur mes lèvres.

À peine ai-je le temps de porter le verre à mes lèvres qu'une voix m'interpelle.

- Bucky, c'est toi? s'enquiert-elle.

Elle.

Elle est là.

Isabelle...

Je me retourne et mon regard se pose sur sa silhouette uniquement vêtue d'un t-shirt trop ample pour elle, qui laisse entrevoir la rondeur moyenne de sa poitrine.

- Mh, j'acquiesce.

Elle s'approche de moi et je remarque les larmes dans ses magnifiques yeux océans.

Ça me fend le cœur.

Elle touche doucement ma main de chair de la sienne qui tremble.

- Je sais que je suis une vraie connasse, en ce moment, mais... commence-t-elle d'une voix faible.

Elle renifle et recule d'un pas.

- S'il te plaît, ne me déteste pas comme je le fais, chevrote-t-elle.

Puis, elle tourne les talons et disparaît dans sa chambre.

Ma cage thoracique résonne encore du bruit qu'a fait mon cœur en se brisant.

OBLIVION || Bucky Halloween Fanfiction || 18+Où les histoires vivent. Découvrez maintenant