Chapitre 18 : Victime de la tempête

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J'ai la chance d'assister au lever du soleil un jour de plus. Hier, Tayden était de très bonne humeur et j'ai été surprise qu'il ne me tienne pas rigueur de notre petite mésaventure au fast food. Et j'ai remercié le ciel qu'il n'ait pas vu Ace sinon Dieu seul sait comment se serait terminé cette soirée.   

Je passe la porte du mini salon avec une heure de retard. Ace m'attend. Il est assis dans le fauteuil, les poings liés, le visage fermé. Il ne me répond pas quand je le salue. Ses yeux me scrutent alors que je pose mes affaires sur le canapé, mal à l'aise. La tension est palpable. Je sens sa colère prête à surgir comme un lion affamé. 

Soudain, il bondie de son fauteuil et j'en fais de même. La confrontation est inévitable. En une enjambé, il réduit à néant la distance entre nos deux corps.

—  C'est ce type ton putain de mec ?

—  Qu'est-ce que t'en as à foutre ?

—  Ne crois pas que je n'ai pas vu la peur dans ton regard ni son attitude envers toi. Qu'est-ce que tu fous avec lui ?

Il ressemble à un volcan en éruption et moi, je suis l'une de ses victimes. Je me mors la lèvre pour ne pas éclater en sanglot alors qu'il déverse sa colère sur moi. Un gout métallique inonde ma bouche.  Je me sens minable. Je déteste savoir qu'il ait compris. La honte m'étouffe me bloquant dans un mutisme incontrôlable.

—  Pourquoi t'es avec lui ! (Il me secoue violement). Réponds-moi !

La respiration hachée, je contiens mes larmes. Mon cœur tambourine bruyamment dans ma poitrine. Il maintient mon visage avec force pour m'obliger à subir l'accusation de ses yeux glacials que je tente de fuir à tout prix. Ses doigts s'enfoncent tant dans mes joues que j'en grimace de douleur, seulement il ne le voit pas, aveuglé par une haine inexplicable.

—  Pourquoi ? Tonne-t-il.

—  Je l'aime !

Je suis à court de souffle. 

Ace recule d'un pas, les yeux écarquillés. Ce silence assourdissant se prolonge augmentant mon malaise. La haine dans ses pupilles s'enflamme. Et d'un seul coup, il retourne la table. Je hurle de surprise et ferme les yeux si fort dans l'attente que son poing s'abatte mais il n'en fait rien.

—  Tu es une piètre menteuse.

Sa voix est si faible que je crois même l'imaginer. Avec crainte, j'ouvre les paupières pour le voir assis sur le sol, les yeux perdus dans le vide.

—  Je refuse que ça recommence.

Je ne comprends pas ce qu'il tente de me dire, ni s'il s'adressait réellement à moi, et encore moins ce qu'il vient de se passer mais une chose est sûre, je suis épuisée. 

Quand je capte son regard, il semble se reconnecter à la réalité, comme s'il se souvenait de ma présence. Il se relève et prend mon visage en coupe. Son geste n'est que douceur et contraste tant avec les dernières minutes. Pétrifiée, je ne fais aucun mouvement. Je suis happée par la tempête de neige qui fait rage dans ses iris glaciales. Il me semble que ma peau se met à bruler à cause de ce froid intense. Il est si proche pourtant je ne me suis jamais sentie aussi loin de lui. Et pour cause, Tayden a creusé un fossé entre nous.

—  Eyana, ça me rend fou de savoir ce fils de pute avec toi.

Je le repousse, ne supportant plus son touché. L'estomac au bord des lèvres, je recule vers la porte. J'ai besoin de fuir.

—  Reste loin de moi Ace.

Il écarquille les yeux mais je ne lui laisse pas le temps de répliquer car déjà je cours vers la porte. Mais cette dernière se referme devant mon nez. Mes yeux tombent sur la main plaquée contre le bois, et lentement, je suis son bras tendu et me retourne pour plonger dans ses yeux que je tente de défier. Mauvaise idée. Un bras de part et d'autre de ma tête, il m'emprisonne entre la porte et lui. Il n'en faut pas plus pour que mon cœur s'emballe.

Hasta la muerte (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant