TW : descriptions contenant des violences physiques
(je suis peu familière des trigger warnings, toutes mes excuses par avance s'ils sont mal utilisés)
— Quand pourrais-je récupérer ce carnet ?
L'Empereur se détourna des arènes pour faire face à Juste avant de répondre :
— Ce soir, pendant les célébrations à la gloire de Ditérès. Je l'ai gardé en lieu sûr dans l'attente de vous le remettre.
Soudain, le son des olifants et des tambours s'imposa, interrompant leur conversation. Juste quitta des yeux la Landgacia et battit des paupières pour chasser ses pensées, et s'ancrer dans le moment présent. La musique retentissait en échos assourdissants dans le gigantesque amphithéâtre. Près des deux hommes, quelques volatiles s'envolèrent, effrayés par le bruit. L'Inhibition serait inaugurée d'un instant à l'autre, il leur fallait prendre place dans la loge. Alors que le jeune homme esquissait un geste pour rejoindre les sièges, l'Empereur le retint en posant une main sur son épaule. Il haussa la voix, pour couvrir le martèlement des instruments :
— Présentez-vous dans mon bureau à 22 heures. Demandez au Tribun Flavien de vous y accompagner.
— Père ?
Les deux hommes pivotèrent vers Julius, fils aîné de l'Empereur et héritier du trône. Il toisait Juste d'un regard qui se voulait neutre, mais le Mage n'était pas dupe. D'une dizaine d'années son aîné, l'Héritier approchait la quarantaine et faisait bien une tête de plus que lui. Son armure d'apparat rutilait sous les rayons de l'astre flamboyant. Une rivalité puérile avait toujours existé entre eux, malgré le passage des années, et leurs statuts bien distincts.
— Nous vous attendons.
L'Empereur emboîtât le pas à son fils et prit place sur le trône, près des siens. Une fois assis, le reste de la Cour l'imita. Juste se situait un rang derrière, aux côtés de Cæcilia, l'une des nombreuses nièces de l'Empereur... Et, accessoirement, sa promise. Le futur couple échangea un signe de tête distant, avant de reporter son attention vers la piste de sable. Les olifants avaient cessé, mais le rythme du tambour, lui, accélérait. Et il semblait à Juste que son cœur pulsait, lui aussi, de plus en plus vite. Il abhorrait ce spectacle annuel.
Une clameur s'éleva des gradins, marquant l'entrée des soldats qui foulaient le sable d'un rythme saccadé. Ils étaient vêtus d'armures aux couleurs de l'Empire. Dans leur sillage, des dizaines et des dizaines de silhouettes plus petites et plus chétives avançaient en titubant. Leurs mains étaient entravées par des chaînes en iato, un métal pouvant refréner temporairement toute manifestation magique. Les jeunes Mutticas étaient si nombreuses qu'il était quasiment impossible d'identifier un visage précis.
On les disposa par colonnes, telles des militaires en formation, ce qui prit un certain temps. Puis on installa avec précaution plusieurs gigantesques paniers en osier, à côté de divers foyers de forges improvisés à même le sable. Juste sentit des gouttes de sueur perler le long de son front, pour venir se perdre à la naissance de ses sourcils. Comme toutes les personnes présentes dans les arènes, la chaleur moite ne l'épargnait pas : sa tunique, désormais détrempée, se plaquait contre son dos de façon tout à fait désagréable. Les domestiques avaient cessé de s'affairer pour ventiler la loge et l'atmosphère devenait étouffante.
Soudain, les tambours se turent. Ce cérémonial était bien rodé, depuis plusieurs générations. Chacun connaissait son rôle, et personne n'aurait osé interrompre le silence pesant qui s'installait, avant que l'Empereur ne prenne la parole.
Celui-ci se leva et saisit un objet magique permettant de porter le son de sa voix, avant d'haranguer le public :
— Citoyens d'Æpictia ! Le troisième jour de la Cérémonie débute, et avec lui, l'Inhibition des 527 Mutticas s'étant opposées au Serment.
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Inhibition
Фентезі"Ce sont nos émotions qui nous rendent humains." ___ Juste, mage modèle respecté de l'Empire, avait tout pour mener une vie parfaite. Sa loyauté et son sens moral l'ont propulsé aux portes du pouvoir dans une autocratie où le stoïcisme fait loi. Ma...