𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟖 | Lotus Bleu

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J'étais persuadé qu'il y avait des gens qui n'étaient pas faits pour vivre.

Je pense en faire partie. Depuis la mort de ma mère, la vie m'épargnait de ses soucis. Je ne côtoyais personne, alors rien ne me touchait. Certains trouvent la solitude douloureuse ; elle m'est un réconfort. Je suppose que ceux qui la ressentent comme une souffrance n'aiment pas leur propre présence, et donc que la solitude conduit à se retrouver face à ce que l'esprit déteste. Je me fichais de qui j'étais, je n'avais pas de sentiment envers ma personne. Et les voix dans ma tête, je savais parfois les ignorer - sauf quand elles criaient trop. Le vide était ce qui me caractérisait le plus, je crois.

— Je suis malade, Taehyung.

Je comprenais pourquoi certains se suicidaient. Je comprenais pourquoi l'envie les prenait. Je comprenais la tentation qu'ils éprouvaient. Sentir son corps voler lorsqu'on chute du sixième étage. Sentir son cœur s'arrêter quand les veines ouvertes vomissent leur sang. Sentir ses yeux basculer après avoir avalé des comprimés. Je comprenais.

— Ce n'est pas grand-chose... Enfin, je pense que tu le sais déjà, de toute façon. Tu es intelligent et lucide.

Parfois la tristesse nous tombe dessus sans raison, parce que vivre c'est triste, tout simplement. Je me sentais rarement mal, car même si je comprenais le désir même de partir, je ne comprenais pas mes émotions. Impossible d'y poser des mots.

— Je suis atteint de boulimie depuis plus ou moins un an... Je ne compte plus vraiment les mois qui passent. Ça me déprime.

Vivre, c'est conduire une existence imposée puisque personne n'a demandé à naître. Le nombre de suicides par an prouve bien que des gens ne sont pas faits pour ça. Parce que le monde est cruel, le monde ne ressent pas la pitié, le monde s'acharne jusqu'à ce que l'on craque. Jusqu'à ce que l'on explose. Que l'on soit entouré, seul, avec une famille, sans famille, heureux ou malheureux, travailleur ou chômeur, en bonne santé ou malade, quand on n'est pas destiné à vivre, le corps en a conscience.

— Quand je disparais, c'est parce que j'ai des rendez-vous à l'hôpital pour m'aider à m'en sortir. Si mon poids est trop bas lors du contrôle, ils me gardent quelques jours.

Je subissais mon existence. Je n'étais pas fait pour vivre, mais n'avais pas envie de me suicider. En fait, la vie et la mort m'importaient peu. Il n'y avait qu'aux larmes de Jungkook que je voulais succomber.

— Il s'est passé un événement, mais... je ne pense pas encore être capable d'en parler, désolé.

Il rendait mon existence moins monotone, mais sa lumière ne brillait pas assez pour éclairer mes zones d'ombre. Il faisait trop noir dans les abysses.

— Tu n'as pas à t'excuser, Jungkook.

Il avait ignoré ma dernière question. Je cachais mes mains dans les poches de mon manteau, la pluie s'estompait.

Évanescence | TkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant