Hasta la muerte (terminé)

Chapitre 19 : Comme un arc en ciel en pleine tempête

Malgré la présence rassurante d'Ace, je n'ai pas eu un sommeil reposant, d'ailleurs lui aussi a été rejeté par Morphée. Ainsi, nous avons passé une grande partie de la nuit côte à côte, à regarder le plafond, plongé chacun dans ses pensées respectives. Et même alors que les premiers rayons de soleil conquièrent la chambre, nous ne bougeons pas, profitant de ces instants de paix après la guerre qui nous a ravagé.  

Toute la nuit, j'ai ressassé le passé. En retraçant toute mon histoire avec Tayden, ma culpabilité n'a fait que croitre ; je l'ai laissé rentrer dans ma vie, c'est de ma faute s'il a à présent ce pouvoir de me détruire. Nous nous sommes rencontrés au garage. Alors qu'Alessio et Marlon ramenaient une voiture chez un friqué, j'étais restée au garage pour améliorer ma Shelby. Il est venu poser sa voiture. Un sourire charmeur au visage, il s'est présenté de manière polie. Je n'étais pas respective au départ, mais il est venu tellement de fois après cela et je le croisais tant à chaque coin de rue que j'ai fini par accepter notre premier rendez-vous. Nous avons mangé dans un bon restaurant indien. Toute la soirée, j'ai ri aux éclats comme tous les jours suivants. Ma mère l'a si vite rencontré et l'a tout de suite adoré. Ma sœur, quant à elle, disait qu'il paraissait trop parfait pour l'être et qu'il cachait forcément un vice. Puis, je revois notre premier bisou ; il m'avait emmenée voir le couché de soleil sur la plage. C'était magique comme notre relation l'était. C'était un homme qui me rassurait. Il représentait la figure masculine qui me manquait tant dans ma vie. Je n'ai pas pu lui résister bien longtemps. 

Cependant, quelques mois après notre rencontre, alors que c'était son anniversaire, il a bu comme un trou et a pris de la drogue révélant un visage que je n'avais jamais vu. Ce jour-là, il m'a déviergée. Je me rappelle la douleur, et sa brutalité. Je n'en ai que des mauvais souvenirs mais il m'avait rassurée en prétextant que c'était normal et que je finirais par m'y habituer. Cependant, le temps passait, et rien ne changeait.  

Et puis notre relation a pris un tournant. Un jour, j'ai eu le malheur de refuser et la gifle est partie. Elle était si forte que l'empreinte de ses doigts avait été gravée sur ma joue pendant une bonne heure. J'ai presque envie de rire en revoyant son regard triste et coupable qui s'en était suivi. J'entends toujours ses supplications pour que je le pardonne et ses promesses en l'air disant qu'il ne recommencerait plus. Je l'ai pardonné. Mais bien évidemment, il mentait. Il a recommencé, encore et encore, toujours plus fort. Les menaces, les coups, les insultes sont vites devenu mon quotidien.

Lorsqu'il m'a quitté, ça a été un désastre. J'en ai pleuré pendant des jours et des semaines jusqu'à que je me rende compte qu'en réalité, c'était une libération. Pendant une nuit entière, j'ai réfléchi et pris conscience que ses coups n'étaient pas justifiés et n'étaient en aucun cas normal. Je n'aurais jamais dû les tolérer. C'est à ce moment-là, seule, que j'ai compris l'emprise psychologique qu'il avait sur moi.   

Et voilà que le schéma se répétait à la différence qu'une nouvelle notion était apparu entre temps : Ace Harden. Il est à la fois mon avantage et mon désavantage. Il est dans mon camp, mais est si maladroit, qu'il me cause bien plus de tort. Ainsi je ne sais plus si je préférais qu'il parte ou qu'il reste.  

Soudain, la porte s'ouvre sur Valencia. Son visage se décompose lorsqu'elle nous voit et sa bouche s'ouvre si grand que je crains qu'elle ne se décroche de sa mâchoire. Pendant plusieurs secondes qui paraissent des heures, elles alternent entre nos deux corps créant un profond malaise.

—  J'ai besoin d'explications.

Ace bondie du lit, prétextant une urgence. Valencia tape du pied pendant que je le regarde s'échapper, sans le retenir, pourtant chaque pas qui l'éloigne accentue la boule dans mon ventre. Sans lui, je ne me sens plus aussi protégée.