4. Le message

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La musique stridente de NUCLEA retentit dans mes oreilles alors que la chaleur du soleil passant à travers les rideaux caresse mes paupières. Je me redresse d'un bond et comme chaque matin, m'habille, mange et fais ma toilette en seulement quelques minutes.

Ophélia me fait sans doute la tête car je suis à peine en train de me brosser les dents qu'elle quitte la maison, prête, en claquant derrière elle la porte d'entrée. Je l'aperçois marcher joyeusement à travers la fenêtre de la salle de bain. Chaque matin ici est pour elle un cadeau de la vie : elle peut pleinement profiter de sa passion pour l'agriculture et n'est désormais plus dépendante de Tante Molly. En revanche, je suis toujours là et elle semble déjà l'avoir oublié.

Un instant plus tard, je suis moi aussi dehors, sur le chemin des cours d'artisanat. Les heures de travail du bois me passionnent mais je sens qu'il me manque quelque chose et, bien que j'éprouve une immense affection pour elle, je sais que ce n'est pas Tante Molly. C'est bien plus grand, ça me dépasse. En réalité, ça dépasse tout le monde mais peu le ressentent vraiment. Et ces titanesques murs de bétons entourant la ville n'arrangent pas les choses.

Le cours d'aujourd'hui s'effectue à nouveau en duo. Je suis donc, sans surprise, en collaboration avec mon voisin de table, Levi. Le thème du moment étant le bois, l'exercice n'est autre que la construction d'un coffret de la même matière. À l'annonce de l'épreuve, Levi sourit de toutes ses dents mal placées, ses petits yeux de fouines roulant d'excitation derrière les verres proéminents de ses lunettes.

– On va tout casser, ne te fais pas de soucis là-dessus, m'assure-t-il détendu.

– Je ne m'inquiète absolument pas, Levi, réponds-je en riant.

À peine les planches de bois nous sont-elles distribuées que Levi est déjà minutieusement penché sur la table, vissant maintes et maintes planches entre elles. Je ne fais que l'assister, trop lent pour suivre correctement son rythme de travail.

Face à nous, Anna semble beaucoup s'amuser. Elle paraît jouir de l'ambiance compétitive de la classe. Il faut dire que je suis bien décidé à montrer à Ethan de quoi je suis capable, et j'imagine que l'enjeu est le même de son côté.

– Il ne vous reste plus que deux minutes ! crie un gros mentor chauve depuis le fond de la pièce.

J'ai le sentiment d'avoir à peine commencé et pourtant, Levi finalise déjà la construction sous le regard épaté d'Anna.

– C'est terminé ! crie à nouveau le gros mentor chauve.

Les mains de tous les membres de la classe se lèvent en cœur. J'examine le coffret que Levi et moi avons construit. Il est magnifique : les planches de bois sont parfaitement alignées et assemblées, un coup de peinture dorée longe les arêtes et nous avons même ajouté des poignées. En revanche, celui d'Ethan et de son ami est médiocre : les planches ont été vissées de travers et le couvercle menace de tomber.

Anna semble partager mon avis car elle ne jette qu'un vague coup d'œil désespéré à la construction d'Ethan tandis qu'elle est sans voix devant la nôtre.

Levi et moi avons gagné pour la deuxième fois. J'ai encore eu la chance de ridiculiser le prétendu « roi des Élus », de prouver aux autres qu'il ne vaut pas plus que le reste du panier. Ma journée est pratiquement refaite.

Le cours terminé, je sors sans plus tarder de la salle de cours sous les regards de vengeance d'Ethan et de ses amis. Dehors, il pleut à verse et les mégaphones de la ville diffusent un message des mentors invitant tous les Élus à venir déjeuner dans le grand réfectoire du bâtiment principal. Je m'exécute, le reste du cours d'artisanat m'emboîtant le pas.

NUCLEA - Les ÉlusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant