Tous les opposent...
Leurs origines, leurs façons de penser et même leur point de vue sur ce mariage arrangé.
Tania, a lutté contre sa famille toute sa vie. Elle a créé sa petite entreprise sans l'aide ni le soutien de personne. Mais sa clinique re...
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Seung-hwan
Je tourne en rond dans la suite de mon hôtel, j'espère vraiment que Tangun s'en sortira. Ce chien me stabilise depuis que je le connais. Il a fait reculer mes traumatismes que je sens revenir à grande vitesse maintenant que je suis plongé dans ma solitude. Je ne vais pas pouvoir dormir de la nuit, j'aurais tellement préféré rester là-bas, dans cette clinique miteuse.
Je desserre la cravate autour de mon cou et finis même par l'arracher avant de la jeter sur un canapé. Ma main me démange, j'ai envie d'attraper mon téléphone pour appeler cette foutue véto, mais je sais qu'absolument tous mes gestes et mes mots sont potentiellement épiés par ma propre famille ; et je n'ai pas le droit au moindre faux pas. J'ai l'impression d'être coincé, piégé, alors que c'est moi le soldat de la famille, le seul qui est vraiment fait la guerre. Je me sens si ridicule, pris dans leur grand échiquier de pouvoir. J'aimerais laisser tomber tout cet héritage, laisser tout cet argent et cet empire à mon cousin s'il le veut... Mais les conventions sont les conventions et je dois le respect à mes aînés, quoi qu'il advienne. Je ferais ce que mon père attend de moi, en mémoire de mon frère. Mes épaules s'abaissent et je me vautre dans le canapé, à côté de ma cravate que je récupère et lisse par réflexe.
Mon téléphone sonne et mon cœur s'accélère, mais la déception marque mes traits lorsque je vois apparaitre le nom de mon père sur l'appareil. Je me dépêche de retirer le masque qui cache en partie mes traits défigurés par la guerre avant de répondre.
— Père.
— Alors, tu as rencontré notre associé français ? Tu as vu sa fille ? Le mariage est arrangé ?
Je retiens un gémissement de frustration sous l'assaut de ses questions qui me rebutent plus qu'autre chose. Je me pince l'arête du nez, prends une grande inspiration et emploie un ton le plus neutre possible.
— Je l'ai rencontré pour parler du contrat. Je vois sa fille demain et nous conviendrons d'une date à ce moment-là.
— Bien.
Il raccroche aussi sec, ayant toutes les informations qui l'intéressent. Mes sentiments et moi ne comptons pas, je ne compte plus depuis que mon frère est mort, c'est tellement paradoxal, je suis pourtant le seul enfant qui leur reste ; mais par la même occasion, leur seule chance de conserver leur pouvoir et de perpétuer la tradition.
Je plonge dans mes souvenirs, les yeux dans le vague, en tripotant le masque que je garde toujours sur mon visage, quoi qu'il arrive. Je serais obligé de le retirer demain, pour ce foutu repas. Ma future épouse va être horrifiée, ça va être une partie de plaisir... Si seulement je pouvais retourner quelques années en arrière pour avoir un peu de répit. J'étais libre à l'époque, mon frère portait le poids lourd de cette société et de l'attente des aînés. Il était plus âgé et je n'avais pas conscience de tout ça, je ne me suis jamais demandé si la situation lui convenait à l'époque et je m'en veux profondément pour ça. Maintenant, c'est à moi de porter ce fardeau, et je ne suis pas sûr de pouvoir tenir éternellement. Je dois déjà survivre à demain.