La porte se referme derrière moi, tandis que je reste plantée en plein milieu de la pièce, admirant une décoration des plus spéciales. Les murs sont tapissés d'un bleu ciel, accompagnés d'un sol de bois clair. Sur la droite se situe une entrée qui semble mener aux toilettes au vu du dessin accroché au-dessus. Juste derrière son bureau se trouve une bibliothèque en fond d'ornement. Sur ma gauche, une commode parsemée de bibelots en tout genre : chat ; chien ; dauphin.
Les talons de cette femme résonnent dans les lieux. D'un geste de la main, elle m'invite à m'assoir sur le canapé devant moi ou bien sur l'espèce de transat en cuir, précisément à côté de celui-ci.
J'opte pour le sofa.
Elle prend place sur le fauteuil noir, de l'autre côté, sort un cahier, un crayon, puis patiente. Je n'ai jamais été chez un psychologue, j'ignore donc la marche à suivre. Ne voulant pas entamer la discussion la première, j'admire les tableaux accrochés. Deux d'entre eux sont sur ma gauche. L'un est une nuit étoilée et le deuxième, une forêt d'hiver. Les deux me rappellent ce fameux soir. Une fin de journée où la neige venait recouvrir le sol de son tapis blanc. Ma chute ; cette étoile filante. J'ai l'impression d'avoir sauté il y a si longtemps alors que cela ne remonte qu'à une demi-année. Parfois, quand j'y repense, mon cœur se compresse dans une douleur insoutenable que je tente de ne pas laisser paraitre. J'ai effectué une belle connerie et je le regrette amèrement. J'ai été si faible.
— De quoi veux-tu parler, Irina ?
Je hausse les épaules un instant. Je suis venue ici en m'y forçant. Alek m'a bien déclaré que je n'étais pas obligée de prononcer quoi que ce soit. Je peux me plonger dans un mutisme si je le souhaite.
— Dis-moi quelque chose qui te vient par la tête, n'importe quoi, insiste-t-elle.
— Vos rideaux sont d'une laideur.
Je l'entends pouffer, me contraignant à poser mes yeux sur elle. Je la découvre plus en détail. Cette femme est d'une beauté qui pourrait me faire jalouser, si je n'avais pas confiance en Aleksander. Son blond est tiré dans un chignon qui n'est pas plaqué, laissant deux mèches retomber de chaque côté. Ses iris sont d'un bleu grisé, qui paraît me transpercer de part et d'autre endroit. Un chemisier ouvert sur un décolleté qui met son atout en valeur. Ainsi que ses lunettes rondes et dorées, qui habillent sa teinte blanche sans imperfection. Même si l'on y découvre qu'elle se maquille, je mettrais ma main à couper que cette femme est belle au naturel.
Du bout des doigts, elle fait remonter ses verres, puis penche la tête sur le côté tout en levant l'un de ses sourcils parfaitement dessinés. Je reporte mon attention sur le tissu qui vêtit les deux fenêtres face à moi.
— Des fleurs roses et jaune, sur un fond de bleu. Désolée, mais ce n'est pas beau du tout. Même ce tapis vert à mes pieds, avoué-je.
— Penses-tu que j'ai décidé cela comme ça ?
Fronçant les sourcils, je pivote mon regard vers elle.
— Comme tu peux le voir au fond à droite, commence-t-elle, tandis que je tourne les yeux dans la direction qu'elle pointe, il y a des enfants qui viennent ici. Je ne veux pas les mettre dans un environnement sombre.
— Des enfants ? dis-je, intriguée. Je pensais que vous étiez spécialiste avec les personnes dans le monde criminel.
Un rictus étire sa bouche maquillée d'un rouge à lèvres marron. Elle pose son calepin, croise ses jambes habillées d'un tailleur noir, place ses mains sur genoux.
— Je reçois des enfants comme Aleksander et Daniel, qui ont vu l'horreur très tôt. Ce qui ne devrait pas arriver, mais ça se produit. On n'y peut rien dans ce monde.
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Je veux vivre Tome II (1e Jet)
RomanceAprès des mois d'adaptation au sein de la famille Kowinski, Irina croyait avoir enfin trouvé la paix malgré son passé tumultueux. Mais sa nouvelle vie vole en éclat lorsqu'elle apprend des révélations choquantes, mettant en doute tout en quoi elle a...