La mémoire de papier

57. Réalisation

Marco ne faisait que soupirer depuis son réveil plus ou moins difficile dans sa cabine ce matin là. Un réveil en solitaire.
Et après la nuit qu'il avait passé ça voulait dire beaucoup de choses.

Oh bien sûr il avait l'habitude de sortir du sommeil dans des draps froids et vidés de toute chaleur humaine, hormis la sienne bien évidemment.
De toute manière ça ne le dérangeait jamais, il choisissait cette manière de vivre et de faire, accordée à son emploi du temps complètement catastrophique. Il n'avait pas le temps de s'occuper des désirs externes de quelqu'un d'autre de toute façon.

Or aujourd'hui c'était différent. Car alors que le blond montait à ses lèvres sa tasse de café fort bien remplie qu'il s'était servie abondamment en toute connaissance de cause, des images étaient incapables de quitter son esprit.

Il avait eu une vision sortie tout droit de ses rêves les plus intimes la veille même, quand il s'était fumé une cigarette en solitaire sur la rambarde du Mobydick, ayant pris la décision de s'éloigner de la foule et du bruit.
Parfois ça lui prenait comme cela... des envies de tout quitter et de se retrouver en tête à tête avec sa propre personne.

Enfin ses plans avaient été légèrement contrecarrés.
Par celle qui prenait actuellement une bonne partie de ses pensées et de ses sens, en ne comptant pas ses responsabilités de commandant aux multiples casquettes dans cet équipage tant reconnu sur les cinq mers.

Seïri.
Rouge des fumées de l'alcool, ses lèvres brillantes et ses immenses prunelles claires aussi scintillantes que les plus hautes des étoiles s'avançant vers lui.
Et uniquement lui.

Puis plongeant ses yeux azurés dans les siens il n'avait vu qu'une seule chose, son propre reflet.
Elle ne regardait bien qu'une personne...
Alors c'est au rythme des pas de la jeune femme qui la rapprochait de plus en plus de lui qu'il avait sentit son sang bouillonner dans ses veines, se forçant tant bien que mal à ne pas se laissait aller à l'ambiance de la soirée... sans grand succès.

Car elle avait fait le premier pas. Elle l'avait embrassé. Et à partir de là il n'avait plus répondu de rien.

Maintenant qu'il était à tête reposée en face à face avec sa propre personne il devait bien l'avouer, il avait un peu abusé.
Il aurait dût se contenir... cela aurait été tellement plus respectueux et correct.

Or il l'avait voulu.
Et elle aussi. Même si c'était l'alcool qui l'avait principalement motivée. Cela ne changeait cependant rien au déroulé des évènements.

Durant un instant Marco se laissa aller à ses pensées alors qu'il observait de son regard aussi bleu que le ciel lui-même les allées et venues du commandant de la 4ème flotte et cuistot en chef du navire amiral de la flotte de Shirohige, Thatch.
Il se surprit même à poser ses doigts fins et abîmés sur ses lèvres toujours aussi froides et minces au souvenir des sensations qu'il avait ressenti la veille. Cela le fit sourire, il commençait à se comporter comme un vrai gamin en manque.
Enfin il l'était peut-être un peu.

Le second du plus vieux des empereurs ne se voilait effectivement pas la face.
Il n'avait pas été loin de craquer la veille, seule l'innocence berçant les yeux embrumés de la jeune cartographe l'empêchant de passer à l'acte. Car s'il s'était réellement écouté, après le baiser passionné qu'il lui avait infligé sur le pont extérieur du bateau il l'aurait embarquée illico presto dans sa cabine pour la nuit passionnée que la brune lui avait d'ailleurs tant demandée.

Le souvenir des lèvres chaudes de la jeune femme lui revenaient d'ailleurs en mémoire, une timidité partagée entre le désir qu'elle ne comprenait pas et ses craintes berçant le goût de la peau tendre de sa bouche et de sa langue entrouvertes rien que pour lui.
C'était sans parler des sensations électriques que le blond avait ressenti en passant ses mains sur les hanches de la cartographe, son instinct le plus profond ne lui demandant qu'une chose ; la déshabiller là maintenant et la faire gémir rien que pour lui.