Chapitre 2

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"Non, ça ne peut pas être vrai," murmuré-je, tandis que je tente encore et encore de toucher la boule, espérant qu'il s'agisse d'une erreur, d'un malentendu. Mais chaque tentative est accueillie par la froideur du cristal inerte.

Des professeurs s'approchent, perplexe face à ce phénomène inédit. Mes tentatives désespérées de toucher à nouveau la boule de cristal n'aboutissent à rien. Un professeur, le visage marqué par la confusion, s'exclame : "Ça ne s'est jamais produit auparavant. Comment est-ce possible ?"

Abandonnant l'idée de réessayer, je me tourne vers mes professeurs, cherchant des réponses qui semblent échapper même à leur compréhension. Les murmures des futurs élèves évoluent en chuchotements moqueurs, teintés de pitié. Je me retourne et me rends compte que je suis le centre de l'attention. Je retiens mes larmes mais la douleur dans ma poitrine semble insurmontable. Mes pensées tourbillonnent dans un chaos indescriptible. Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ?

Déboussolée, je quitte le cercle formé par la cérémonie. Le terrain est vaste, entouré d'arbres majestueux. Le ciel d'un bleu profond témoigne de la beauté de ce jour qui, pour moi, a pris une teinte sombre et désolée. Mes pas sont lourds, chaque foulée semble éloigner un peu plus la possibilité d'une réponse réconfortante. Le souffle court, je traverse la cour, laissant derrière moi la cérémonie à laquelle je ne souhaite plus appartenir. Une fois près de la voiture, j'ouvre la portière et m'engouffre à l'intérieur. Le confort familier de l'habitacle ne parvient pas à apaiser le tumulte qui règne en moi.

Mes yeux se remplissent, laissant les larmes trahir la tempête d'émotions qui gronde en moi. Mon père, sentant ma détresse, me regarde malgré tout avec des yeux empreints d'incompréhension. "Loïsa, ma chérie, qu'est-ce qui s'est passé là-dedans ?" Sa voix est douce, comme une brise apaisante. "Tu peux nous en parler."

Ma mère, le regard teinté d'inquiétude, ajoute : "Nous sommes là pour toi, quoi qu'il arrive."

Les sanglots m'étouffent, mais je rassemble le courage d'expliquer à mes parents. Entre deux respirations saccadées, je dévoile l'injustice de ma situation, le vide laissé par l'absence de pouvoir. Mes mots résonnent dans l'habitacle, brisant le silence.

Les prunelles de mon père traduisent un mélange de stupeur et d'étonnement. Bien qu'il semble sur le point de dire quelque chose, il se ravise et se contente de serrer ma main avec intensité. Une lueur étrange traverse ses yeux lorsqu'ils croisent ceux de ma mère, une lueur que je peine à démêler dans ma confusion.

Ma mère, les yeux empreints de tristesse, me prend dans ses bras. "Oh, Loïsa, ma chérie, nous sommes là. Ça va s'arranger, tu verras."

"S'arranger ?" Mes mots claquent dans l'habitacle. "Même les profs ne savaient pas quoi faire, et tu penses sincèrement que tout va s'arranger ?" La frustration me gagne. "La réalité, c'est que je suis seule avec ça, et personne ici n'a de réponses." Mes paroles résonnent dans l'habitacle, teintées d'amertume, et un silence pesant s'installe.

Mon père démarre la voiture, le reste du trajet se passe dans une ambiance silencieuse, où seuls les murmures du moteur rompent le calme. Chacun de nous est absorbé par ses propres préoccupations, se demandant comment faire face à l'inconnu qui se dresse devant nous.

En rentrant à la maison, le poids de la déception s'installe. Je m'effondre sur mon lit, laissant libre cours à un torrent de pensées sombres et de sentiments déchirants. Les messages joyeux de mes anciens camarades de classe résonnent comme une mélodie cruelle. Chacun d'eux partage avec enthousiasme les prouesses de leurs pouvoirs naissants et me rappel ma propre différence.

Chaque notification devient une piqûre, un rappel cuisant de mon exclusion de ce monde. Les images et les descriptions détaillées de leurs exploits exacerbent le vide qui s'installe en moi. Au fil des messages qui affluent, je réalise que l'histoire de mon absence de pouvoir s'est répandue comme une traînée de poudre parmi mes amis. Des conversations en ligne éclatent, chacun exprimant sa surprise et son incrédulité face à cette anomalie

Je tente de masquer ma peine derrière un écran de normalité, de feindre l'indifférence. Mais en réalité, chaque manifestation de pouvoir, creuse un peu plus le sentiment de désolation en moi. Mon isolement devient palpable, une ombre qui enveloppe chaque interaction, chaque moment partagé avec ceux qui ont reçu le don que le destin semble avoir refusé de me donné.

Le lendemain, mes yeux gonflés témoignent des pleurs de la nuit précédente. Descendant à la cuisine, je surprends une discussion entre mes parents et, je suppose, le directeur de l'académie, dont la voix résonne à travers le téléphone. Leurs échanges s'atténuent à mon approche. Distraite par mes pensées sombres, je m'installe à table pour prendre le petit déjeuner. Chaque bouchée semble avoir perdu sa saveur, chaque gorgée devenant un rappel amer de la réalité qui m'étreint. L'atmosphère pesante de la cuisine semble s'incruster dans chaque recoin de mon être, amplifiant la solitude qui se propage comme une ombre insidieuse.

Mon père, essayant d'alléger l'atmosphère, prend la parole d'une voix rassurante. "Loïsa, ma chérie, comment te sens-tu ?" Ses yeux cherchent les miens, et sa main trouve la mienne, exprimant un soutien silencieux.

Ils décident alors de m'informer de l'appel du directeur de l'académie, comme s'il s'agissait d'une lueur d'espoir au milieu de cette sombre situation. "M. Blacks a appelé," commence mon père, "malgré l'absence de pouvoir, il te propose toujours la possibilité de poursuivre tes études à l'académie." Mon cœur, bien que lourd, s'accroche à cette possibilité. Un mince espoir s'allume en moi, bien que teinté de scepticisme quant à la pertinence de ma présence dans un monde où la magie règne en maître. Mon père, voyant ce mélange d'espoir et de doute dans mes yeux, ajoute avec compassion : "Il a évoqué la possibilité que ce soit une déficience temporaire, Loïsa. Les choses pourraient changer."

Son ton, bien que rassurant, ne parvient qu'à dissiper partiellement le nuage d'incertitude qui plane sur moi. Ma mère, partageant le désir de consoler, contribue à cette tentative de m'apaiser. « La magie ne détermine pas notre valeur. C'est la façon dont nous aimons, grandissons et surmontons les défis qui nous définit. » La discussion se poursuit, mais même avec les paroles réconfortantes de mes parents, je ne parviens pas totalement à éteindre le tourbillon de questions et de préoccupations qui tourmentent mon esprit.

De l'ombre à la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant