Chapitre 48

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 La jeune fille se laissa retomber dans la neige. Elle laissa ses larmes aller. Pour elle, c'était une chose rare que l'eau salée mouille ses deux joues. Sa peau mouillée brillait à la lumière du soleil. Marine se tenait juste au-dessus du corps de son ami.

Yan la fixait avec ses grands yeux bleus. Il était pâle et froid. Elle passa sa main sur son visage en dissimulant à jamais l'azur de ses prunelles. Marine laissa aller son chagrin. Elle cria plusieurs fois en regardant son ami couché dans la glace. La jeune fille sentit sa main glisser sur un bout de métal froid. Elle trouva le poignard de Yan. Une lame aussi brillante que la neige sous le soleil avec une garde noire. Son chagrin redoubla et elle se remit à pleurer.

Elle sentit toute la partie gauche de son corps gelé. La douleur physique et mentale se mêlèrent. Les larmes cessèrent de couler depuis son œil gauche. Elle avait mal mais elle s'en fichait. Elle se penchait sur Yan. Elle lui criait de se lever, de lui parler, de faire quelque chose.

La jeune fille pleurait chaque fois que son regard tombait sur la neige ensanglantée ou sur son ami. Il était plus pâle que la mort, plus calme que jamais.

Après plus d'une heure de cris et de larmes, Marine regarda la plaine enneigée. La partie gauche de son corps avait dégelé mais elle en souffrait toujours.

– Maxime... souffla-t-elle les yeux débordant de larmes.

Elle se releva en chancelant, le poignard toujours dans sa main. La jeune fille serra douloureusement la lame dans sa petite main. Son sang se mit à rouler en grosses perles sur sa peau blanche. Mais elle ne sentait pas de douleur autre que mentale. Marine regarda une dernière fois Yan puis elle partit seule en chancelant dans la plaine à la recherche de Maxime.

Marine parcourut la plaine sans trouver de traces du garçon. Elle passa plus de deux jours à marcher dans le froid, sans eau ni nourriture. Elle se demanda combien de temps un démon pouvait tenir ainsi avant d'en mourir.

Marine marcha dans la neige avec cette horrible douleur qui lui serrait constamment le cœur. Elle décida de partir vers le sud, si Maxime était parti il se serait dirigé vers son lieu de vie. La jeune fille ne sentait rien d'autre qu'à la douleur d'avoir perdu Yan. Elle marcha de jour comme de nuit dans la neige.

Petit à petit, l'épaisseur de la neige se fit beaucoup moins importante. Marine traversa une nouvelle plaine, grise, sans arbres ni neige. L'eau avait lavé l'herbe et l'humidité de l'hiver lui avait conféré cette couleur bien morne. La jeune fille sentait que Maxime n'était plus très loin.

Marine arrivait maintenant en un lieu où quelques arbres gris et sans feuillage se dressaient. Le temps se laissait à désirer, d'immenses nuages blancs et gris voilaient le soleil. Il ne tarderait pas à pleuvoir. Mais Marine s'en fichait.

Elle continua son chemin quand elle aperçut un lac. L'eau était si plane qu'on aurait pu croire qu'il s'agissait d'un bout de ciel incrusté dans la terre. Elle vit alors entre les rousseaux qui bordaient la rive, deux chevaux de l'autre côté de l'eau. Un brun et un blanc. Marin vit alors Maxime s'agenouiller sur la rive pour boire.

Il plongea ses mains dans l'eau calme et froide et brisant le parfait miroir. Il porta ses mains rougies à sa bouche pour se désaltérer quand son regard tomba sur la jeune fille.

– Marine. fit-il en la voyant.

Elle sentit ses larmes revenir avec force. Marine n'avait pas envie de faire le tours du lac. Elle en avait assez de perdre du temps. La jeune fille sentit une ultime larme couler sur sa joue droite. Elle releva sa robe et plongea ses pieds dans l'eau gelée. Maxime la regarda avancer dans le fluide jusqu'à la taille.

L'Avarielle - La légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant