Chapitre 7

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Apolline

De retour dans la chambre de Leya, nous sommes assises sur son lit, et nous discutons de nos petites vies insignifiantes. Lorsque je vois le message de Lyam, j'en informe aussitôt Leya.

- Vous habitez dans la même ville? La coïncidence de fou! Genre, le meilleur pote du copain de ma sœur habite dans la même ville que ma meilleure copine, c'est pas génial? Vous devriez apprendre à vous connaître, je suis sûre que vous avez bien plus que ça en commun, dit-elle, un sourire en coin.

- Pourquoi pas, je lui réponds, pianotant sur mon téléphone en même temps.

Je demande à Lyam si il n'est pas indiscret de lui demander son âge, précisant que pour ma part j'en suis à ma 17ème année de vie.

En patientant, je caresse tendrement Oreo, le chat de Leya, qui est confortablement installé sur mes genoux. Il me tire de mes pensées en gigotant, me rappelant ma petite Sakura que j'ai hâte de retrouver; j'espère de tout cœur que mon père s'en occupe bien.

C'est à ce moment que Leya a la - merveilleuse - idée d'aller chercher des vernis pour nous faire une petite manucure. Elle revient à peine 5 minutes plus tard, vêtue de son top et pantalon préféré, avec une cargaison entière de tous les outils nécessaires à l'embellissement de nos ongles.

Alors qu'elle s'assoie sur son lit, je lui demande son avis sur le dernier chapitre que j'ai écrit de mon livre, Le coup de foudre mortel - de ce que j'ai écrit avant d'arriver ici bien sûr, car elle n'aurait pas eu le temps de lire les 7 chapitres que j'ai écrit ce matin.

- Franchement j'adore! Ta plume est magnifique, super fluide, je suis FAN. Hâte que tu écrives le chapitre suivant!

- Maintenant que tu le dis, pendant que je t'attendais ce matin, j'en ai écrit sept autres, dis-je en cachant mon visage de mes mains.

- Mais? Tu es trop productive Apo!! Bravo je suis super fière de toi! J'essaierai de trouver un moment pour le lire, comme ça tu auras ma réaction in real, me répond-t-elle, un sourire aux lèvres.

- Merci beaucoup Leya, ton soutien me fait chaud au cœur, vraiment, merci beaucoup. Pour tout. Je n'imagine même pas ce que je serais devenue sans toi...

- Tu n'as pas à me remercier Apolline, c'est normal, tu es ma meilleure amie. Je serais toujours là pour toi.

- Moi aussi, tu peux me croire, dis-je, émue.

Sur ces paroles, Leya laisse tomber les vernis sur son lit, sans se préoccuper de leur état, avant de me prendre dans ses bras.

- Je t'aime Apo.

- Moi aussi Ley.

Nous restons ainsi plusieurs secondes avant de nous éloigner.

- Alors, quelle couleur voudrais-tu pour tes ongles, du bleu?

Leya sait bien que c'est ma couleur préférée depuis longtemps: on partage tout. Il y a bien une chose en revanche que nous n'avons pas en commun, se sont les souvenirs...

Je revois la petite bouille de bébé d'Allison, si mignonne déjà.
Des papillons s'approchaient d'elle, comme aimantés par sa force vitale.
C'était leur présence qui ravivait le sourire de ma petite sœur au milieu de ce parc entouré de cerisiers du Japon en fleurs. Des étoiles envahissant ses yeux, je ne distinguais presque plus leur belle couleur. Les beaux lépidoptères déployaient alors leurs ailes devant nous, dans un mouvement rappelant une danse, alors que leur couleur tranchait si bien avec les Sakura. Ils étaient bleus; comme les yeux de ma petite sœur.

A la remémoration de ce souvenir, les larmes emplissent mes yeux. Je n'ose pas ouvrir la bouche, de peur de constater que ma voix tremble. Leya remarque mon état, et me prends dans ses bras. C'est ce qui est génial avec elle, je n'ai pas besoin de parler, et même si elle ne sait pas à quoi je pense, elle l'accepte et me réconforte sans rien dire. Je l'aime si fort...

Cela fait déjà deux ans, malgré tout je n'arrive pas à passer à autre chose. Je suis tombée si bas... tellement bas que personne ne pouvait me tendre d'échelle pour m'aider à me relever. Aujourd'hui j'essaye de remonter la pente, un échelon à la fois, mais c'est si dur. Il est vrai qu'un deuil est éternel, mais j'aimerais sortir du trou, réussir à avancer, parce que je sais que c'est ce qu'elle aurait voulu.

AILY - Apolline Ivy. Lyam Youssef.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant