Chapitre 8

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Lyam

Il est 23h. Je réponds à Apolline en lui disant que j'ai 19 ans.

Pourquoi je m'obstine à répondre à cette inconnue qui n'a un lien que très éloigné avec moi? Je ne le sais pas.

Je frissonne. Cette fille essaye de créer du lien, je le vois bien, et je me doute que la perspective d'en apprendre un peu plus sur le beau-frère de sa meilleure amie pourrait l'enchanter.

Mais qui dit créer du lien, dit s'attacher; et je me suis promis que ça n'arriverait plus jamais. A cause d'elle. Elle a refait surface dans mon esprit alors que j'aurais voulu l'oublier à tout jamais, oublier les torts qu'elle m'a causés, et oublier comment elle m'a tant détruit.

Elle qui m'a fait sombrer en enfer, me plongeant dans un châtiment tel celui d'Ixion.

Finalement, j'ai choisi de m'engager en tant que pompier volontaire pour aider ceux qui en ont besoin alors que personne ne l'a jamais fait pour moi.

Pour éteindre des feux et sauver des vies alors qu'en mon for intérieur un autre consume la mienne.
On peut considérer la vie comme insignifiante en sachant qu'elle suit son cours même lorsque l'on s'éteint.
Une vie dépourvue de sens, un peu comme la mienne aujourd'hui.

Demain je tournerais dans un remake de Star Wars : une scène qui me fait tout particulièrement appréhender, non pas parce qu'elle sera triste - ce n'est pas le genre de problème qui me tracasse, pour celles-ci, j'ai juste à me remémorer le cauchemar que j'ai vécu et mon corps fait le reste du travail : les larmes coulent d'elles-même.

Mon esprit se vide, empêchant mes pires pensées de se déployer dans mon esprit, et le sommeil m'emporte dans les bras de Morphée.

***

01h36. Telle est l'heure que je vois affichée sur mon portable lorsque je me réveille en sursaut, tout transpirant, tandis que mon cœur effectue des ratés dans ma poitrine.

- Encore un cauchemar, putain.

Les images qui constituent la raison de mon enfermement interieur se diffusent encore sous mes paupières.

Ces cauchemars toujours aussi récurrents qui m'empêchent de faire des nuits convenables constituent mon calvaire.

Je serre ma peluche qui me suit depuis ma naissance - c'est censé être un chien je crois - très fort dans mes bras. Il me tient compagnie et me prodigue le sentiment d'être protégé, et ce depuis longtemps déjà.

Les gens peuvent penser que je suis un gamin innocent autant qu'ils le veulent, mais ils ne peuvent pas savoir à quel point j'aurais aimé le rester.

***

Mon réveil sonne, m'arrachant comme chaque matin le peu de sommeil que j'accumule.

Mes yeux s'ouvrent délicatement, filtrant les pâles rayons du soleil. Je sors de mon lit, abandonnant ma peluche qui m'a donné la force de me rendormir cette nuit.
Je me dirige ensuite vers la cuisine, non sans oublier d'ouvrir les volets, ainsi que les fenêtres de mon appartement qui donnent sur les plus beaux coins de Lyon.

Bercé autant par la lumière et les rayons du soleil que par ma musique, je prends mon petit-déjeuner.
J'ai mis en route ma playlist par appréhension de ma journée, mon seul but étant qu'elle réussisse à me détendre.

Je finis de manger sous des airs de Radio, de Lana del Rey, qui me change de ma musique habituelle, plus morose, mais que j'apprécie tout de même beaucoup.
Je passe un coup de peigne dans mes cheveux, et, comme à mon habitude, j'enfile une tenue sombre, avant de partir en direction de mon école de théâtre.

J'arrive à neuf heures pile, et je rentre dans la salle de tournage pour un mini remake de Star Wars. Nous allons tourner la fameuse scène où Ben retourne aux côtés de Rey pour combattre Dark Sidious.

C'est une certaine Paola qui joue l'héroïne de cette histoire, et depuis le début de notre formation, j'ai l'impression qu'elle essaie de me draguer...
Je suis totalement indifférent à ses avances : premièrement elle ne m'intéresse pas, deuxièmement je suis tellement pourri de l'intérieur que je ne fais plus confiance à personne.

Dès mon arrivée dans la salle je remarque ses nombreux regards aguicheurs, que j'essaie d'éviter au maximum, puis je me dirige vers les loges après toutes les explications données par ma professeure, Michelle.
Tandis que les maquilleurs se mettent à l'action et que nos costumes sont préparés, le décor est installé.

Ma tension monte, car très bientôt, nous allons devoir tourner la scène du baiser. Je n'ai en aucun cas envie d'embrasser celle qui montre ouvertement son attirance pour moi, ni personne d'ailleurs : depuis ma relation avec elle je ne supporte plus que l'on me touche. Ce tournage est sans doute celui que je redoute le plus... je ne veux pas le faire.

Hier soir, mon meilleur ami a passé sa matinée américaine à me rassurer, comme il le fait mieux que personne, avant de me laisser car il devait se rendre à son agence de design. Je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu'il fait pour moi au quotidien.

Nous commençons à tourner, et nous devons être assez ridicules je pense sans tous les effets spéciaux. Je peux presque imaginer le bruit des sabres laser fendant l'air, tellement je connais bien ce film.

Je me rends compte à regret que c'est le moment de la scène du baiser...

Mon cœur bat à mille à l'heure, je suis terriblement paniqué et j'essaie de me calmer. Mais je ne me résoudrais pas à avouer ma plus grande vulnérabilité, alors je suis bien obligé de me lancer.

Pour me mettre dans la peau du personnage, je me remémore tout ce qu'elle m'a fait vivre, ce qui a le pouvoir de me faire trembler et pleurer.
Paola joue une Rey inanimée sur le sol. Je prends ma terreur par les tripes et soulève Paola par la force de mes bras pour la déposer sur mes genoux.

Comme le fait mon personnage, je dépose ma main sur sa hanche pour permettre la régénération de son personnage.
Mes tremblements redoublent, j'essaie tant bien que mal de les cacher, mais dans le pire des scénarios, ça passera à l'écran pour de la tristesse.

Elle se relève ensuite, assise sur mes genoux, et pose sa main sur ma joue : je tressaille bien trop fortement. Les tremblements qu'effectuent mon cœur sont pire encore que ceux que je laisse paraître, c'est un véritable cauchemar.
Je voudrais en finir tout de suite. Pour me forcer à sourire, je repense à la photo que Noah m'a envoyé avec sa copine, car j'ai beau ne plus croire en l'amour, je suis heureux pour lui.

La commissure de mes lèvres se retrousse en un fin sourire, pour les besoins de ce remake. Entre mes tremblements, l'appréhension, et les bons de terreur qu'effectue mon cœur dans ma poitrine, je laisse échapper un rire nerveux.

C'est le moment que Paola choisit pour m'embrasser dans un élan de passion. Je suis sensé sourire après ce moment en me détachant d'elle, mais il vont devoir se passer de cette scène; en trois minuscules secondes, je sombre dans le néant.

C'est une double mort : celle de mon personnage, à l'instar ma propre mort psychologique.

Ce contact me hante, et, alors que j'ai sombré sous l'assaut de mes démons, les sensations de mes malheurs d'il y a trois ans me reviennent. J'ai envie de vomir; je ne le supporte pas.

Un cri déchire la salle, c'est le mien. Ma bouche s'est ouverte toute seule.

Hi mes stars!

Je vous avoue que je galère à tenir le rythme, mais j'essaie 💪🏻

Alors, que pensez vous de ce nouveau chapitre?

Kisses, à demain pour un nouveau chapitre

Louna Grace ☆💐

AILY - Apolline Ivy. Lyam Youssef.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant