Chapitre 8

98 8 0
                                    

Sur le trajet du bureau, je me remis dans un état d'esprit qui devait rester le mien : James Prescott était un client, pas un homme lambda que j'avais rencontré au hasard. Je repensais aux peu d'échanges que nous avions eus chez lui. "Ce n'était pas un rapprochement", me dis-je pour me convaincre. Il ne devait même pas m'avoir remarqué, il avait été un hôte cordial et agréable, ce qui je devais me l'avouer, était nouveau le concernant. Ce n'était pas parce qu'il m'attirait que la réciproque était vraie, je travaillais pour son Family Office, j'étais là pour lui simplifier la vie.

Lorsque j'arrivais dans le hall, Prescott était en train d'attendre un ascenseur.

- Bonjour, dit-il en souriant.

- Bonjour, répondis-je.

Je lui souris.

- Merci pour le dîner, nous avons passé un très bon moment.

- Je t'en prie. Paul a bien animé la soirée.

- Il a un avenir certain dans le divertissement.

L'ascenseur arriva.

- Tu as une grosse journée ? Demanda-t-il.

- Je ne sais pas encore, répondis-je en souriant.

- Ah bon ? Dit-il surpris.

- Ca dépend quelle demande je vais recevoir aujourd'hui...

Il sourit.

- Je ne te promets rien, dit-il.

- Et toi ?

- On a un gros deal en cours. On en est à la finalisation des négociations.

- Alors bonne chance !

- A toi aussi !

On arriva à mon étage.

- Bonne journée, dis-je.

- A toi aussi Alice.

Je partis dans mon bureau des papillons dans le ventre. Bon, tous les principes que je m'étais mis dans la tête venait de s'envoler...Je reçus un mail de lui une heure après.

N'y vois pas de lien mais j'ai effectivement une demande d'estimation

BR,

James Prescott

Je souris devant mon PC.

Je suis à ta disposition

BR,

Alice Wilson

Sa réponse arriva dans la seconde :

J'aurais besoin d'une estimation de net-en-poche avec deux scenarii :

- Sortie avant 4 ans

- Sortie après 4 ans

Merci

BR,

James Prescott

Je me mis à lui répondre :

Aucun problème, tu en as besoin rapidement ?

BR,

Alice Wilson

J : Fin de semaine au plus tard

Moi : Ce sera fait

J : Merci Alice, j'espère ne pas gâcher ta journée

Moi : au contraire

« Au contraire ? » Mais j'avais pété un plomb d'envoyer ça sans réfléchir. Evidemment il ne répondait pas, c'était déplacé, j'aurais pu envoyer dix mille réponses différentes et j'avais envoyé ça sans réfléchir. Pour oublier ce faux pas, je me mis à ses calculs qui s'avérait être plus complexe que je ne l'aurais cru eu égard à l'importance et à la diversité de ses revenus.

Je lui envoyai un mail avec les deux estimations vers 21h :

Cher Monsieur Prescott,

Je vous prie de bien vouloir trouver en pièce jointe les deux estimations que vous avez demandées.

BR,

Alice Wilson

Beaucoup mieux, j'étais un peu froide tout compte fait. Non, Diane était en copie. Je reçus sa réponse :

Merci

BR,

James Prescott

Puis quelques secondes après un autre courriel destiné qu'à moi :

On repart sur Monsieur Prescott ?

Je rougis et me sentis obligée de me justifier :

Moi : C'est mieux quand Diane et l'équipe sont en copie.

J : Ah, je comprends mieux

Moi : comment se passent les négociations ?

J : on n'y est pas encore...

Moi : j'ai ouïe dire que le partner sur le dossier était un négociateur hors pair

J : une pointure oui

Moi : et humble avec ça

J : c'est tout à fait lui, tu le connais ?

Moi : il aime bien parler de lui à la troisième personne

J : sûrement quelqu'un de bien alors :)

Je souris devant mon PC.

Je fermai mon PC mais continuai à converser avec James alors que je sortais de l'immeuble. La discussion dura une partie de la soirée.

J : comment va ton mal du pays ?

Moi : mieux, le changement d'air m'a fait un bien fou !

J : il n'y a rien de mieux que le bord de mer

Moi : Marin dans l'âme ?

J : un peu oui (sans le bonnet rouge ou la marinière)

Moi : tu m'en vois un peu déçu pour le bonnet rouge et la marinière ! Tu navigues beaucoup ?

J : dès que je le peux les week-ends, rien de mieux pour faire un reset de la semaine

Moi : Ah bon ?

J : tu n'aimes pas le bateau ?

Moi : je préfère la mer de la terre

J : il y a une raison particulière ?

Moi : oui mais si je te la donne, je devrais te faire taire

Qu'est-ce que je pouvais écrire comme idioties mon Dieu !

J : je suis curieux maintenant mais je suis patient, j'attendrai pour savoir

Il était presque minuit quand on se dit bonne nuit et que je posai mon téléphone sur ma table de chevet. Mais qu'est-ce que j'étais en train de faire ? J'envoyais des messages à un client jusqu'à minuit et ce n'était pour échanger sur le boulot. Je m'étais laissée aller, demain, je reprendrais un comportement plus adéquat. C'était décidé.


De Paris à New-York : au-delà des apparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant