Chapitre 1

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J'ai mal, terriblement mal. J'ai froid, étrangement froid. Je suis seule, tristement seule. J'ai tout raté, je n'ai pas réussi ma mission. Je n'ai pas réussi à les protéger et encore moins réussi à revenir avec un esprit. Ça n'a pas fonctionné et je suis incapable de savoir pourquoi.

Peut-être que je ne le saurai jamais. Je vais bientôt mourir de toute façon.

Je presse ma main sur ma blessure au ventre. Le sang chaud coule abondamment dessus. Mes pas se font de plus en plus aléatoires et hasardeux, je manque de me prendre les jambes entre les racines imposantes. Mon souffle est saccadé, l'oxygène irrigue de moins en moins mon corps. Ma tête tourne et mes muscles se font mous. Pourtant j'y suis presque. Je vois les remparts en acier de notre Monopolis.

Soudainement mon pied glisse sur un caillou, un petit caillou, innocent et inoffensif. Un petit caillou qui me fait tomber et m'écrase au sol. Mon corps reste couché sur le parterre de feuilles et ne me répond plus. Je veux me relever mais rien ne suis. Seule ma pensée se bat, le reste à abandonné. Mes paupières tombent malgré moi et la seule image qui m'est autorisée à voir avant de sombrer est le mur de fer immense qui me rappelle que je ne suis qu'une incapable.

Quelques semaine auparavant.

L'attente pour accéder aux services de la mairie est encore longue. Les gens défilent devant nous avec des requêtes plus ou moins pertinentes. Certains viennent pour poser des questions d'autres pour des démarchent administratives. Ce sont les pires, parce que les démarches administratives prennent du temps et demandent plus de patience. Mais je ne peux rien dire puisque je fais partie de ceux là.

- Arrêtes de bouger, tu me stresses. M'ordonne ma mère d'un ton agacé.

Je souffle et lui obéit pour ne pas rendre l'atmosphère plus tendu qu'elle ne l'est. J'ai vraiment l'impression de perdre mon temps. Je ne comprends pas pourquoi cette inscription ne peux pas juste se faire en ligne.

La femme qui discutait avec l'assistance pendant au moins une demi heure finit par la lâcher et pousse sa poussette pour sortir de la mairie. Il ne reste donc plus qu'une personne et se sera enfin à nous.

- Je dois inscrire mon enfant pour l'épreuve des dix huit ans. La femme qui se présente devant l'assistance hésite un petit temps, puis continue. Mais j'ai entendu dire que les créatures étaient de plus en plus féroces et la nature bien plus hostile qu'autrefois.

Elle cherche ses mots et semble ne pas vouloir aller au bout de son propos.

- Madame, veuillez éclaircir votre demande s'il vous plaît.

L'hôtesse d'accueil visiblement aussi ennuyée que nous par toutes les requêtes qu'on lui amène presse la dame.

- Serai t-il possible de ne pas lui faire passer l'épreuve ?

L'assistante ne la laisse pas terminer et répond directement semblant habitué à cette demande.

- Vous savez bien que ce n'est pas possible, tout le monde doit passer l'épreuve sinon vous finirez en prison.

- Oui mais...

- Au suivant s'il vous plaît.

La dame repart agacée et nous laisse avancer devant la réceptionniste.

Ma mère prend la parole pour présenter la raison de notre venue.

- Bonjour, je viens pour inscrire ma fille à l'épreuve.

La dame me regarde et poursuit.

- Très bien, veuillez remplir ce formulaire.

Elle me tend une tablette avec un stylo pour que je le complète.

Pendant que j'y répond ma mère discute avec la dame des autres formalités.

Les questions sont plutôt banales, l'écran me demande ma date de naissance, mon sexe, mes potentiels allergies voir maladie. Je le remplie rapidement, puis la dernière demande me stoppe dans mon élan. Évidemment je la connaissais déjà mais maintenant que je sens que tous ce si est bien réel, j'hésite. Je commence à sentir une boule au ventre, et l'estomac me nouer. Mais de toute façon qu'importe ce que je ressens, je n'ai pas le choix. Comme l'assistante l'a dit à la femme devant nous, il ne nous est pas possible de refuser de passer l'épreuve. Alors je coche la case, « oui », je suis consciente du risque et j'accepte le possibilité de mourir.

Je redonne la tablette à la dame, celle ci note les informations sur son ordinateur. A peine quelques secondes plus tard elle revient à nous.

- Tu passeras le passage obligatoire dans une semaine. Je vous envoie la date par e-mail.

Elle nous sourie pour nous signifier poliment que l'entrevu prend fin et qu'il est temps qu'on parte.

- Très bien, merci. Bonne journée. Annonce ma mère avant de faire demi tour.

Nous sommes arrivés devant chez nous, ma mère passe sa main sur la porte. Celle-ci reconnaît son emprunte et s'ouvre automatiquement.

- Une semaine c'est assez court, nous devrons nous dépêcher pour t'entraîner. Explique-t-elle tout en entrant.

Je reste quelque seconde stoïque, dans l'incapacité de bouger. Les parents n'ont pas le droit de donner quelconques informations sur le passage obligatoire.

Je reprends mes esprits pour m'assurer de ce que j'ai cru comprendre.

- Vous ne comptez tout de même pas m'aider ? Dis-je toujours étonnée.

-Entre, nous de pouvons pas parler de ça à l'extérieur.

Je crois que j'ai bien entendu. Je m'exécute et la rejoins. La porte se ferme automatiquement derrière moi. 

Le Passage ObligatoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant