5. Les prémices d'un désastre : Solitude - Partie 4

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Le plus important pour Mezhelan était de garantir la sécurité d'Alina, de la tenir à l'écart de tout ce qui venait de se produire. Il avait fui pendant cinq bonnes minutes, attirant l'attention des gardes et les faisant délibérément courir, avant de ralentir le pas dans une ruelle étroite jusqu'à s'arrêter complètement.

"Halte ! Arrêtez-vous maintenant où nous serons contraints d'employer la force !" mit en garde l'un des hommes dans son dos, à bout de patience, en pointant son épée sur lui.

Mezhelan se retourna alors doucement en montrant les mains : "C'est bon, ce ne sera pas nécessaire, je comptais vous suivre." dit-il calmement.

Le chef de la garde royal, équipé d'un imposant bouclier décoré par un majestueux lys bleu, scruta Mezhelan avec suspicion : "Pourquoi tu t'enfuis dans ce cas ? Triple-buse ! Sais-tu seulement à qui tu as affaire ?"

Le ton était dur, empreint d'une autorité incontestable, mais Mezhelan resta d'un calme à toute épreuve en supposant : "En vous regardant, je dirais que vous êtes de la garde du roi. J'en déduis alors que j'ai indirectement affaire au roi ? Ai-je raison ?"

Autant d'aplomb décontenança fortement les soldats. Le chef répondit : "C'est exact, et tu vas nous suivre sagement avant d'aggraver ton cas." Mais il rangea toutefois son épée dans son fourreau.

"Ai-je des ennuis avec Sa Majesté ? Je ne pense pas avoir fait quelque chose de grave." se justifia Mezhelan tandis que le capitaine de la garde lui empoignait fermement le bras.

"Tu vas commencer par répondre à nos questions." grogna l'homme en le tirant derrière lui : "Des témoins ont donné une description parfaite de toi lors d'un incident au marché. Mais j'imagine que tu es déjà au courant ? Qui es-tu ?" interrogea-t-il avec suspicion.

Soudain, Mezhelan réalisa que ces personnes, pourtant des vétérans, ne connaissaient même pas son identité. Il adopta une posture légèrement détachée tandis que son ton laissait transparaître une ironie assumée, voire un brin moqueuse : "Vous voulez dire que vous ne le savez pas ?"

"T'es sacrément effronté ! Tu te moques de nous ?"" s'agaça aussitôt son interlocuteur.

Mezhelan se fit escorté par les gardes royaux à travers la cité, sous le regard de nombreux curieux : "Désolé, désolé. Je ne voulais pas vous manquer de respect, je suis simplement un peu confus." dit-il plus respectueusement.

"Doucement avec lui quand même... Et si ce qu'avaient dit les gens du marché était vrai ? Et si c'était un sorcier ?" hasarda un autre soldat plus jeune à son supérieur un peu virulent.

"Ce n'est peut-être pas une bonne idée de le brusquer, Edyrn..." ajouta l'aîné du groupe.

"Je n'y crois pas. Ce n'est qu'un gamin et cette histoire est beaucoup trop grandiloquente. Vous savez comme moi que la seule magie qui existe, c'est celle des herbes." affirma-t-il.

"Bah, peut-être que notre Mage de cour n'est pas une référence..." chuchota l'autre.

Mezhelan suivit la conversation avec intérêt, et même s'il était un peu inquiet des répercussions possibles pour lui, il s'était quand même bien amusé aujourd'hui.

"Tu n'as pas répondu ! C'est quoi ton nom !?" insista le chef en secouant légèrement le bras du jeune homme.

"Mezhelan." répondit honnêtement ce dernier.

Aussitôt, il y eut un changement d'ambiance notable dans l'escorte. Puisqu'ils faisaient tous partie de la garde rapprochée du roi, plusieurs d'entre eux avaient déjà entendu ce nom au moins une fois de sa bouche, ou de celle de son mage attitré, même s'ils ne l'avaient jamais vu en personne.

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