Lentement, je remonte la petite allée qui mène à l'entrée. Le cœur battant, les mains moites, je frappe contre le bois qui me sépare d'eux. J'ai un léger regret de quelques secondes lorsque je produis le mouvement, mais je me souviens aussi que si je ne me décide pas, je resterai dans la même situation le restant de ma vie. Alek se trouve en retrait, derrière moi, un œil toujours bien veillant posé sur moi. Des pas martèlent le bois de l'autre du battant, se rapprochant de plus en plus de nous. Mon corps se met soudainement à avoir chaud, puis froid. J'ai envie de prendre mes jambes à mon cou, de déguerpir le plus vite possible. Je me recule tout à coup, prête à fuir le plus loin de cette demeure, mais c'était sans compter sur le torse d'Alek qui vient me barrer la route. Sa main se dépose sur ma taille et dans un chuchotement, il me dit :
— Temps que je suis là, tout va bien se dérouler moja słodka.
Mes épaules s'affaissent soudainement, puis la porte s'ouvre. Une femme brune aux longs cheveux nous toise dans un mutisme. Ses iris sont rivés sur moi ; une bataille de regards démarre. Aucune de nous ne semble prête à prendre la parole. Je sais qu'elle m'a reconnu, même si dix-sept ans sont passés. Je ressemble beaucoup à ma mère, et elle aussi.
— Bonjour, commence à dire mon compagnon de route afin de briser le silence. Je suis Aleksander et voici Irina, votre...
— Nièce, souffle Pascaline sans me lâcher des yeux.
J'ignore la manœuvre à prendre dans ce genre de moment. Dois-je l'enlacer ? Lui faire la bise ? Entrer ou partir ? Je ne pensais pas un jour être confrontée à tout cela. Un homme arrive rapidement derrière, lui demandant qui peut bien venir leur rendre visite. Dès l'instant qu'il me voit, son visage pâli.
— Elizabeth ? s'exclame-t-il d'une voix cassée, à cause du choc.
— Non, c'est Irina, lui répond ma tante.
Sans que je m'y attende, la personne se rue vers moi afin de me prendre dans ses bras. J'ignore comment réagir. Les mains levées de chaque côté, je n'ose pas les placer sur son dos. Il n'est pas très grand, peut-être cinq centimètres de plus que moi. Ses cheveux, mi-longs et bruns, viennent me chatouiller le visage. Une odeur de bois s'en dégage probablement en raison d'un incendie dans une cheminée ou autre chose du genre. Nous nous trouvons entourés de forêt ainsi que d'une ferme non loin de notre position. Cet homme a dû travailler avant de rejoindre ma tante.
— Je n'arrive pas à croire que tu es là ! s'exclame-t-il en se reculant.
— Moi non plus, soufflé-je.
Le malaise qui s'empare de moi ne passe pas inaperçu aux yeux de tout le monde. J'imaginais réaliser ce scénario des milliers de fois, mais maintenant que je suis ici, les choses semblent différentes. Je suis sur une improvisation que je ne maitrise pas du tout. Nous sommes finalement invités à entrer dans la maison. L'intérieur est décoré par des couleurs chaudes. Du jaune, du rouge, de l'orange, on se croirait en été toute l'année. Une pièce de vie est agencée dès que nous franchissons le seuil. Elle est meublée d'un canapé et de fauteuils sur la droite. Une table à manger, une bibliothèque, sur la gauche. Puis une cuisine américaine au fond, proche d'un escalier qui doit monter aux chambres. Plusieurs cadres sont disposés sur les murs. Je les parcours attentivement, découvrant l'homme avec, ce que je suppose être, son épouse. Une jeune fille les accompagne. Sur d'autres, ma tante ainsi qu'un garçon et trois enfants posent. Une femme âgée est présente, elle semble avoir près des quatre-vingts dix ans. Ma mère à sa place sur les portraits de famille. La voir me serre le cœur dans une douleur atroce.
— Nous sommes dans la maison de ton oncle Sylvain, me confie-t-elle.
— Mon oncle ?
— Oui, c'est moi, réplique l'homme qui m'a donné une étreinte.
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Je veux vivre Tome II : Vengeance sanglante - Dark Romance
RomanceAprès des mois d'adaptation au sein de la famille Kowinski, Irina croyait avoir enfin trouvé la paix malgré son passé tumultueux. Mais sa nouvelle vie vole en éclat lorsqu'elle apprend des révélations choquantes, mettant en doute tout en quoi elle a...