L'ambiance d'aujourd'hui est totalement différente, il n'y a pas de randonnée, pas de pieds dans la neige qui craque ou de magasin ni même de reines, malheureusement.
J'ai une journée complète de travail ce qui fait que le programme est allégé. Gabin a aussi beaucoup de boulot, et même si c'est super bien de profiter du mois de décembre, il ne faut pas oublier que nous sommes des adultes et que nous avions des responsabilités et qu'il faut agir en conséquence. Mon cœur souffre encore de ne pas pouvoir faire ce que je veux quand je le veux.
À la fin de cette journée pleine de va-et-vient entre la cuisine et le service client, je me pose enfin à la table de Gabin pour notre activité du jour. Ça fait du bien de se poser. Le rush de Noël est réellement en train de s'installer. C'est ma période préférée et celle qui me fatigue le plus en même temps.
- Tu me réserves quoi pour aujourd'hui ?
- Tu vas voir, ça ressemble un peu à la liste de Noël, mais en mieux.
- Ok, je sens que je suis mal parti.
- Le but étant de t'écrire une lettre au toi de l'année prochaine.
J'approfondis mon idée quand je comprends qu'il ne voit pas de quoi je veux parler :
- En somme, tu t'écris une lettre, en racontant ce qui c'est passé cette année, comment se finissent les choses, comment tu veux être l'année prochaine et ainsi de suite.
- Je n'écris pas ce genre de choses, ce n'est pas utile.
- Oui, tu tapes des dizaines de mots sur ton ordi, absolument tous les jours. Alors une petite lettre d'une page ça devrait le faire. Et puis dans 50 ans, tu seras bien contente de savoir ce qu'il s'est passé cette année.
- Si tu le dis.
Je sors mon matériel de mon sac, excitée par l'activité. Comme il ne faut pas grand-chose pour s'amuser. Je tends une feuille à lettre à Gabin et des stylos fantasy. Je sais déjà approximativement ce que je vais faire et j'ai bien hâte. C'est ma tradition depuis que je suis toute petite. Au fil du temps, je peux voir mon évolution, et maintenant, je peux affirmer que je suis bel et bien passé par plein d'étapes. Et elles n'étaient pas toutes très bonnes.
- Un noir ça me suffira, commence Gabin à la vue de toute ma trousse.
- Un noir ? Pas de couleur ? Je demande en faisant les yeux doux. Au moins pour marquer, Cher futur moi.
- C'est nié, je ne vais pas marquer ça. Ce n'est pas une lettre au père Noël non plus.
- C'est comme ça qu'on écrit une lettre. Tu n'as pas le choix sinon tu ne respectes pas les codes.
- Les codes sont faits pour être brisés.
J'abandonne la partie et le laisse prendre le stylo noir, même si mon cœur se brise. En-tout-cas, ma lettre sera pleins de couleur, enfin pleine de couleur de Noël.
Je termine le premier paragraphe quand je me rends compte que Gabin regarde dans le vide, sans avoir noté un seul mot.
- L'inspiration ne vient pas, dit-il quand il remarque que je l'observe.
- Écrit ce que tu aimerais accomplir pendant l'année, ce qui se passe maintenant dans ta vie pour pouvoir le comparer avec l'année prochaine. Enfin des choses comme ça quoi. Il faut que ça vienne de toi, les choses qui hantent tes pensées.
- Je vois.
Il commence à rédiger une première phrase, puis une seconde. Je ne peux pas discerner les mots, de toute manière ça ne me concerne pas. Mais je suis contente qu'il soit enfin lancé. Et en fin de compte, il ne s'arrête pas. À partir du moment où Gabin a trouvé quel mot poser en premier, il enchaîne toutes les phrases. Ce qu'il raconte doit vraiment être intéressant pour qu'il ne repose même pas son poignet une seule fois.
Nos lettres sont enfin terminées. J'ai pris le soin de bien décorer l'enveloppe dans laquelle je glisse les deux feuilles que j'ai entièrement remplies et y colle un petit autocollant que je n'enlèverai pas jusqu'à l'année. Gabin se contente de mettre la date et de décréter que le boulot est fini. Je range les tasses de chocolat chaud que nous avons bu pendant que nous écrivions.
Qu'est-ce que j'aime les fins d'après-midi comme celle-ci. Ça ne demande pas beaucoup d'énergie et je viens de vider ma tête sur une feuille de papier. Cette année, j'ai pu accomplir beaucoup de choses, j'ai aidé des enfants, améliorer le restaurant, augmenter mes talents de pâtissière et affirmer mon style, et en règle générale, je me suis beaucoup plus épanouie cette année que les années précédentes. J'ai le sentiment que cette sensation va revenir tous les ans. Je suis partie au plus bas et plus les années passent et puis je remonte. C'est encourageant, j'aime ce sentiment.
- Il faut que j'y aille me prévient Gabin en rangeant ses affaires. Mon père veut que j'aille promener son chien, il n'a pas eu le temps de le faire aujourd'hui et apparemment elle a hâte d'aller dehors. À moins que tu veuilles venir avec moi ?
- Si je peux voir Snow, je te suis.
Je suis contente que Gabin m'ait proposé cette promenade, je n'avais pas envie que cette journée ce termine. Et je suis complètement folle de cette chienne, elle n'est là que depuis deux jours, mais elle a déjà conquis mon cœur. C'est un amour.
On sort et rejoint rapidement la maison pour récupérer la boule de poil. Snow me saute dessus bien que ce ne sois que la deuxième fois que je la vois. Visiblement, Jack a pris soin de faire les achats pour qu'elle se sente bien. Un pouf et des os à mâcher sont ranger dans le salon, sans compter les gamelles ainsi que les paquets de nourritures de qualités. Je crois qu'il est allé chez le vétérinaire hier pour vérifier que sa santé était au point, et rien à signaler de ce côté-là.
On attrape la laisse sur le buffet de l'entrée et y attache Snow. À peine une patte dehors, elle saute déjà partout dans la neige. J'adore les chiens, surtout ceux qui se fondent parmi la neige. Son nom est bien choisi, je trouve.
On marche l'un à côté de l'autre en suivant le rythme de la chienne. Le silence, calme, reposant, agréable nous entour à nouveau. Ça fait du bien d'autre avec une personne ou parler n'est pas nécessaire pour passer un bon moment.
Je n'aurais jamais cru vivre ça avec Gabin, il y a à peine 11 jours. Je suis contente d'avoir fait connaissance avec la personne dont Jack me parle sans cesse et qu'il soit plus touchant que ce que j'ai pensé au premier abord.
Je sais que j'ai encore plein de choses à apprendre à son sujet, mais je me dit que plus le temps passe, plus je m'attache et je ne sais pas si c'est une bonne chose. Dans une vingtaine de jours, il sera reparti pour la capitale et je saurais à nouveau seule avec Beth et Jack. Il n'y aura plus sa présence qui berce toutes mes journées. Il n'y aura plus nos chamailleries ni nos silences brisés par la neige sous nos pieds.
- Il y a des personnes qui t'attendent à Paris ? Je demande, curieuse d'en apprendre plus sur lui.
- Non, je suis plutôt solitaire. À part mes collègues, je ne fréquente personnes.
- Tu ne te sens pas seul parfois ?
- Pas la plupart du temps. J'ai toujours été très proche de ma famille, ma mère et mon père sont tout mon monde. Je ne sortais pas trop quand j'étais ado, même avec la fac et le travail ça n'a pas changé. Mais j'avoue que parfois, j'aimerais bien avoir quelqu'un avec qui partager ma vie. Quelqu'un qui me connaisse vraiment.
- Je comprends. À part Beth et ton père, je ne connais réellement personne d'autre. C'est compliqué parfois. T'avoir, c'est sympa, ça fait vivre de nouvelles choses.
- Et à l'école, tu ne t'es jamais fait d'amis là-bas ?
- Les enfants sont cruels entre eux. Plus qu'on ne pense. À chaque nouvelle année, je cachais au maximum que je n'avais pas de vraies familles. Mais il y avait toujours ce jour, où on me demandait pourquoi je ne faisais rien pour mon anniversaire. Et j'étais obligé de répondre la vérité. Je n'avais pas le droit parce que mes faux parents ne voulaient pas. Et on me montrait du doigt parce que j'étais bizarre.
- C'est horrible, j'espère qu'ils s'en veulent de t'avoir fait vivre ça.Je hausse les épaules.
- Cela dit, un jour, j'étais au lycée, j'ai cru avoir enfin trouvé des bonnes personnes. On était un groupe de cinq. Pendant qu'on était sorti en ville, je leur ai dit ce qui se passait chez moi, ils n'ont rien dit, ça n'avait pas d'importance. J'étais contente, enfin, j'avais trouvé des gens qui ne me jugeaient pas !
- Et ensuite ?
- Plus les jours passaient et plus je sentais qu'ils s'éloignaient de moi. Un soir, nous sommes sortis pour aller au cinéma, un film venait de sortir et tout le monde en parlait. Ils ne m'ont pas laissé de sièges à côté d'eux, je suis partie avant la fin du film.
- C'est difficile, mais il suffit de trouver les bonnes personnes. Je suis désolée que tu aies eu à vivre ça.
- C'est comme ça. J'ai vite pris le pli. Je m'en sors plutôt bien maintenant. Et puis j'ai enfin trouvé mes bonnes personnes. Maintenant, les gens jugent moins. Ou ils le gardent pour eux.
- Je ne te juge pas, moi. Tu n'as pas eu le choix de naître d'une mère qui n'était sûrement pas en capacité de prendre soin de toi.
- Ça me fait penser à Snow. On l'a abandonné pour lui offrir le meilleur. Peut-être qu'elle ne pouvait pas être mère et qu'elle voulait que je réussisse.
- Il vaut mieux se dire ça, que quelque chose de plus sombre.
- Merci de me soutenir.
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La liste d'un noël (presque) parfait
RomansaDans ce roman on suit Madi une femme accro à noel qui vie dans une petite ville de montagne. En plus de sa passion pour Noël Madi adore pâtisser c'est pourquoi elle travaille dans un restaurant. Son patron, Jack est comme un père pour elle. Mais ce...