Chapitre 6 : Quand Crowley retrouve Aziraphale

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Dining at the Ritz, we'll meet at nine
(One, two, three, four, five, six, seven, eight, nine o'clock) precisely
I will pay the bill, you taste the wine
Driving back in style, in my saloon, will do quite nicely
Just take me back to yours, that will be fine

Come on and get it

Ooh, love (there he goes again)
Ooh, lover boy (he's my good old-fashioned lover boy, ooh)
What're you doing tonight? Hey, boy
Everything's all right, just hold on tight
That's because I'm a good old-(fashioned, fashioned) lover boy

Good Old-Fashioned Lover Boy, Queen

Crowley attendait la venue de son acolyte angélique, appuyé contre la portière de sa Bentley. Ils s'étaient téléphoné quelques minutes plus tôt et avaient convenu d'un rendez-vous dans un petit café à quelques rues de la librairie. Ses lunettes de soleil masquaient sa nervosité grandissante. L'air devenait de plus en plus irrespirable et il redoutait qu'Aziraphale ne croisât la roule de Kelen. Après le départ de Shax, il était resté un long moment, les mains crispées sur son volant, pour tenter de remettre de l'ordre dans ce chaos. La voiture avait diffusé en continu des informations inquiétantes : une augmentation significative des températures – on annonçait même plus de vingt degrés du côté d'Aberdeen –, un pic d'érotisme avait été observé chez le couple de pandas du zoo de Londres et une brusque vague de crimes passionnels – quelle curieuse façon de nommer un meurtre pour en atténuer l'horreur ! – avait déferlé sur le pays : le dernier recensé étant celui commis par Mrs. Maloney qui avait assommé son époux à coups de gigot. Le démon avait fini par éteindre la radio lorsque celle-ci avait retranscrit dans une série de grésillements, l'ultimatum lancé par le président belliqueux à l'ennemi repoussant ses multiples propositions matrimoniales : la guerre ou la paix.

Crowley releva la tête et huma l'air où l'étrange odeur se faisait de plus en plus insistante et que Shax, dépourvue de toute sensibilité, n'avait pas ressentie. Il aperçut Aziraphale s'avançant vers lui de sa démarche sautillante. L'ange passa près de deux gamins s'affrontant à coups de pistolets à eau. Crowley le vit exécuter un petit geste discret vers le duo dont les armes fictives se changèrent en fleurs en plastique. Les deux morveux jetèrent un regard intrigué à leur nouveau jouet avant de commencer à s'invectiver, s'accusant mutuellement de ce très mauvais tour de passe-passe. Crowley ne put réprimer un rictus : depuis une certaine nuit de 1941, Aziraphale avait un « léger » contentieux avec les armes à feu. Il le vit tapoter la poche de son manteau – il faudrait bien plus que vingt-cinq petits degrés pour forcer l'ange à laisser tomber son vêtement –, avant de traverser la rue. Une voiture manqua de le renverser. Des insultes portées à la mère inexistante d'Aziraphale jaillirent de l'habitacle. L'ange se contenta d'esquisser son plus beau sourire ; le chauffard passa la tête par la fenêtre et lui souhaita une excellente journée.

Lorsqu'il fut face à lui, Crowley détailla son compagnon avec minutie, cherchant à discerner un quelconque changement, mais il était bien Aziraphale, avec son odeur si particulière... quoique l'odeur de son Eau de Cologne semblât bien plus prononcée. Il laissa glisser son regard sur son cou. Son nœud de papillon paraissait repassé avec plus de soin. Ses yeux remontèrent jusqu'à ses petites bouclettes angéliques mieux définies qu'à l'accoutumée.

– Tu promènes encore ces pauvres plantes ? s'enquit Aziraphale en jetant un coup d'œil à l'intérieur de la Bentley.

– Ouais, marmonna le démon, tout en faisant mine de s'intéresser aux deux morveux s'arrachant les cheveux, plutôt qu'à la silhouette de son compagnon occupé à flatter la croupe de sa voiture.

Love IneffablyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant