Amnésique: La petite histoire d'Émeraude Kabila

II.

J'ai toujours détesté l'ambiance maussade des hôpitaux. Les vas et viens incessants des médecins, des patients en état d'urgence transportés dans des brancards toutes les vingt minutes, des appels téléphoniques chaque secondes de tout part, des cris soit de douleur des blessés, soit des enfants qui ne veulent pas aller chez le dentiste ou démontrant leur mécontentement face aux injections ou soit des cris de tristesse à l'annonce du décès d'un patient aux membres de la famille de ce dernier. Je reste sadique face à tout ce qui se trame, je ne manifeste aucune émotion, ni de tristesse, ni de désolation, juste un minimum de frustration causé par ma sensibilité auditive. Les bruits en réalité m'importunent, je ne tiendrai quarante-huit heures de plus dans ces conditions à la réception de cet hôpital. Quand j'avais faim, j'allais dans un café à côté de l'hôpital mais après manger, dès que j'y retournai, la même ambiance qui y règne me replonge dans mon sadisme, mon grand ennuie me donnant l'impression que je n'y suis jamais sorti, l'air stérilisé y joue aussi un rôle important, l'air frais ne pénètre pas dans l'hôpital. C'est sûrement pour ça que l'odeur insupportable des médicaments n'arrivent pas à s'y échapper...J'étais toujours perdu au milieu du brouhaha, me lassant des questions incessantes de l'inspecteur Jones, portant mon attention sur des hommes et des femmes assis à quelques mètres de moi, des chapelets de prière à leurs mains et récitant Ave Maria ou Pater noster dans l'espoir, je présume, que l'intercession en faveur du patient apporterait guérison à ce dernier. c'était assez audible pour que je puisse entendre. J'acceptais volontiers de me laisser distraire...

-Monsieur Lombardi! J'aimerais avoir je vous prie toute votre attention, c'est une affaire sérieuse! M'ordonna l'inspecteur Jones

-vous disiez? Demandais-je désemparé

-je m'attendais à ce que ce soit n'importe qui d'autre mais pas vous! Est-ce que vous savez que conduire soûl est punissable par la loi ? Votre irresponsabilité m'a désolée!

-je vous l'ai déjà dit, elle est sortie de nulle part, elle n'a pas respecté le feu de signalisation qui lui indiquait de ne pas traverser, j'étais soûl oui, mais assez conscient pour prendre le volant

-vous avez sûrement confondu les couleurs ! Me dit-il en caressant sa moustache fourchue

-je ne suis pas daltonien inspecteur ! Et je ne pense pas non plus que mon état m'eût rendu ainsi, vous ne me faites plus confiance ? Lui demandais-je avec un regard amusé, le sourcil levé. Il se pencha vers mon oreille et me susurra: "j'ai arrêté de te faire confiance le jour où tu avais mis un poisson vivant dans mon pantalon"
-je croyais qu'on ne se vouvoyerait pas quand tu travaille

-quand je te vouvoie t'es toujours distrait, dès que je t'ai tutoyé, j'ai eu toute ton attention, tactique!
Je me moquais de ses dires, illarant...

-l'histoire du poisson pour ma défense, ça remonte à plusieurs années franchement! J'ai changé aujourd'hui; Disais-je lui souriant de plus belle comme pour le provoquer; tout le monde avait trouvé ça drôle que tu gigote un peu dans tous les sens ! Tu étais trop renfermé, c'était Noël !
Je souriais de toutes mes dents alors qu'un éclaire de colère traversait ses yeux marrons, les mêmes que ceux de ma mère

-j'avais compris que tu prendrais toujours tout pour de l'amusement dans ta vie, vois là où nous mènent tes bêtises! Cette pauvre jeune femme passe des heures fatidiques parce que tu n'as pas su bien freiner!

-Ça devient agaçant tes réprimandes. Je suis ici depuis presque deux jours et je me suis engagé à payer les soins, j'essaie d'ors et déjà de me faire pardonner

-je sais pourquoi tu as autant bu avant-hier soir, je te connais, tu aimes bien rester sobre d'habitude. Je veux que tu continues de tenir le coup comme tu as su bien faire durant ces années passées