Chapitre 18

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Ouvrant les yeux, encore ensommeillée, je constatai que le soleil était bien trop bas. Je cherchai mon téléphone sous mon oreiller pour vérifier l'heure qu'il était et découvris avec effarement qu'il était déjà presque la fin d'après-midi ! Je me relevai, interloquée. J'avais dormi toute la journée ! Assise sur mon lit, j'observai avec tristesse la veste noire contre laquelle j'étais restée blottie. Je la pris et glissai mon nez dedans. Elle avait encore son odeur. C'était la seule chose à laquelle me raccrocher pour penser qu'il était bien réel. Bon... ça et mes bleus aux poignets...

Je roulai sur le dos et scrutai le plafond. Le regard d'Adrian me revint à l'esprit : douloureux, fixant ces marques comme si je venais de lui arracher le cœur. Je m'étais trompée sur toute la ligne. Il avait tant essayé de me faire croire que je ne comptais pas pour lui, que j'avais fini par le laisser me convaincre. Mais la réalité était tout autre. Je l'avais entrevu cette nuit-là, assise sur lui, lorsque je l'avais fait basculé malgré lui.

Je soupirai longuement, le cœur tiraillé entre ces deux hommes. Non seulement je m'étais attachée aux deux. Mais en plus, il fallait que ce soient des frères ! Je passai mes doigts dans mes cheveux, désespérée. Comment j'allais me sortir de cette galère maintenant ? J'étais vraiment dans la merde !

Je regardai mes messages, espérant des nouvelles de l'un ou de l'autre. Mais à la place, j'avais le droit à une belle missive d'Alexandrine Suchet : Tu étais ridicule hier soir Théodora. Dois-je te rappeler que je suis vice-présidente du haut conseil ? Ce matin, à la réunion, j'ai eu quelques réflexions au sujet de ma fille qui a été aperçue alors qu'elle sortait d'un cabanon accompagnée d'un jeune homme. Tu comptes me faire honte durant toute ta présence ici ? Car je ne le tolérerai pas !

Bah voyons... La voilà qui s'intéressait à ma petite existence, tout à coup. Je ne répliquai pas, supprimant le message en soupirant. De toute façon, que répondre à ça ? Ce cabanon était la meilleure chose qui me soit arrivée de toute ma vie ? Ça se tenait !

Je me décidai à me lever et me glissai sous la douche, mettant l'eau au plus chaud. Malgré la température presque brulante, je grelottai, glacée. Après avoir passé des vêtements confortables et un gros pull, je me fis couler un grand café bien chaud. Assise à mon bureau devant mes notes de cours, mes mains sur la tasse qui les réchauffait, j'avais toujours aussi froid. Quelque chose n'allait pas. Fronçant les sourcils, je me rendis dans la salle de bain et fouillai dans mon tiroir à pharmacie. Je dégottai mon thermomètre auriculaire : 39,4... Super... Je songeai à mon escapade à moitié nue dans la neige d'hier soir, à mes frissons douloureux et me dit que c'était bien fait pour moi ! J'avalai un comprimé de paracétamol et me glissai sous ma couette avec mon café, cherchant par tous les moyens à me réchauffer. En soupirant, j'ouvris la conversation avec Adrian sur mon téléphone :

Salut. Il faut qu'on parle. T'es dispo ?

J'attendis de longues minutes, fixant l'écran, réfléchissant à tout ce que je souhaitais lui dire. Le téléphone demeura silencieux. Je relançai :

Adrian ? Je sais pour Lorenzo. Que c'est ton frère. Je n'avais pas idée, tu sais. Je suis vraiment désolée. Réponds-moi. Ou appelle-moi. Ou téléporte-toi. Fais quelque chose quoi.

Je surfai un peu sur le net, lisant les actualités, sans grand intérêt. Au bout d'une dizaine de minutes, excédée, je le provoquai :

Ou alors je contacte ton frère ? Lui me répondra peut-être ?

À peine avais-je envoyé le message que je le regrettai. Je m'attendais à le voir apparaitre aussi sec, avec son regard incendiaire, comme toujours. Soudain un bip résonna :

LES AFFRANCHIS - T1 : L'émancipation. 🔞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant