Chapitre 16

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J'observe les cadavres de bouteilles sur la table basse. Ma tête tourne légèrement, les anges ont une descente que je n'avais pas anticipée. Je pensais que personne ne pouvait battre Bazan à ce jeu-là. Ils me resservent dès que j'ai fini mon verre, essayant sans doute de me saouler autant qu'eux pour que je sois incapable de fuir. Je bois lentement essayant de garder le contrôle. Je joue les écervelés pour qu'ils ne se méfient pas et continuent de boire.


Un débat fait rage en moi. Est-ce que je dois partir et essayer de retrouver Esteban ? Ou est-ce que je dois rester pour que les anges me protègent de l'homme à qui Bazan m'a offerte ? Ils ont tous l'air de penser que c'est le fameux Samaël. Mon frère saura-t-il m'aider si ce démon vient me chercher ? Est-ce que je veux le mettre en danger ? Cette soirée est une occasion rêvée de fuir. Ils sont saouls à crever, mais cette histoire me perturbe. Pourquoi ont-ils décidé de se saouler ce soir ? Est-ce que ce nouveau démon qui me possède est horrible au point qu'ils en aient peur ? Des milliers de questions m'assaillent et je ne peux m'en dépêtrer. Est-ce que je peux me défendre contre un démon supérieur comme Bazan ? Pas sûr. Sans couteau ? Encore moins. Tous les anges se sont étalés sur les canapés, certains sous leur forme angélique d'autres non, des ailes traînent sur le sol ou sur les coussins. L'ange aux ailes anthracite se nomme Imabel, il est complètement bourré et me pose des questions déplacées depuis mon arrivée, mais je l'ignore. Haziel ne fait que me dévisager depuis mon entrée.


— Qui es-tu ? me demande ce dernier.


— Pardon ?


— Tu... Ce n'est pas... Tu lui ressembles, bafouille-t-il.


Je mets son intervention sur le compte de l'alcool. Je l'observe méfiante, je me demande si l'alcool ne m'atteint pas plus que je ne l'aurais pensé parce que je ne comprends pas du tout à qui je ressemble. Uriel donne un léger coup dans le bras de Haziel qui se trouve à côté de lui. Les autres anges se sont redressés. Haziel poursuit en s'adressant à tous les autres :


— Quoi ? Vous allez me dire que vous ne voyez pas la ressemblance ?


Je ne ressemble à personne à part mon frère et je doute que cet ange l'ait déjà rencontré.


— Je ne trouve pas, intervient Sitael. Elle est bien plus fourbe.


— Ne va pas dans son sens, dit Uriel.


— Mais elle a ses yeux... se lamente Haziel.


Je fronce les sourcils et le dévisage ouvertement.


— Où as-tu rencontré mon frère ?


— Ton frère ?


— Oui, mon jumeau.


Haziel écarquille les yeux comme si je venais de lui enfoncer un poignard en plein cœur. Il a l'air de souffrir affreusement. Je me sens obligée d'expliquer.

Fall outOù les histoires vivent. Découvrez maintenant