Chapitre 15

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Hier soir, quand Gabin est parti après son chocolat chaud et quelques brioches à la cannelle, je me suis dis que ça serait le moment parfait pour faire les achats de noël. La fête est dans exactement dix jours et je tiens à gâtée trois personnes, quatre si on compte Snow et je n'aime pas trop m'y prendre à la dernière minute, surtout en vue du programme des prochains jours.
Après ma journée, je passe récupérer Gabin chez lui, sa patronne lui a donné une journée de repos forcée, je n'ai pas vraiment compris la cause, mais il semblait être content. Et moi ça m'arrangeait, j'ai pu faire mon travail son être dérangée par sa présence, ce qui se passe dans ma tête est déjà bien suffisant. Il hante mon esprit sans cesse, il habiterait dans mon petit appartement, ça serait la même chose.
Comme la dernière fois, nous descendons de la montagne et entrons dans la zone commerçante.
- Quelques idées, je demande ?
- Honnêtement ? Non. Quand, je demande à mon père, il me dit qu'il a déjà tout ce dont il a besoin. Ça m'aide vachement à trouver une idée. On ne s'est presque pas parlé pendant trois ans. Comment tu veux que je trouve le cadeau au bout de quinze jours.
Ses mains sont crispées sur le volant. Je me doute qu'il n'est pas heureux dans tout ce qui s'est passé. Je ne sais pas ce qui se passe dans cette maison quand je n'y suis pas. Ça ne doit pas toujours être beau, mais ils s'aiment tous les deux, c'est pourquoi, je dis :
- Je sais que les choses évoluent beaucoup en trois ans, on le sait tous les deux d'ailleurs. Mais ton père reste ton père. Avant ça, qu'est-ce qu'il aimait ? Il rêvait de faire quoi ? De voir quoi ? Il y a forcément une chose dont il a envie.
- C'est vrai. Toi, tu lui offres quoi par exemple ?
- J'ai mis un bon budget dans une bouteille de vin, je sais que je vais me faire taper sur les doigts, mais il m'en a parlé pendant des heures une fois, alors je ne me voyais pas lui offrir quelque chose d'autre. Je ne suis même pas sûr qu'il la boira un jour, il va sûrement l'exposer dans sa cave. Je l'ai commandé, il faut qu'on aille la chercher d'ailleurs.
- C'est vrai qu'il a toujours aimé le vin rouge.
- Oui, et il aime d'autres choses, j'en suis certaine. Pense à quand tu étais adolescent. Vous parliez de quoi tous les eux.
- Faire un saut en parachute.
- Ton père, un saut en parachute ? Tu te moques de moi, ce n'est pas possible.
- Si, si je te jure. C'était à cause de ma mère en fait. Elle adorait les sensations fortes. C'était son truc. Elle aura tout fait jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus sortir de son lit.
Ses mains, encore plus serrées sur le volant, cette fois ci de tristesse et non plus de colère, me fonds mal au cœur.
- Offre-lui.
- Je ne sais pas s'il aimerait en faire un maintenant qu'elle n'est plus là.
- C'est un bel hommage en sa mémoire, je trouve.
- Tu penses ?
- J'en suis certaine.

Dans le grand centre commercial, revêtu de doré de haut en bas. Mon cœur d'enfant est rempli. Ça fait un moment que je ne suis pas rentrée dedans et c'est assez étrange, ça change bien de ma petite ville sans presque personne.
L'endroit est vaste et il faut qu'on se dépêche si nous ne voulons pas rentrer avant la nuit. J'ai mes quelques idées, mais c'est toujours bien de flâner dans les allées pour éveiller l'inspiration.
On rentre dans un premier magasin pour retirer la bouteille de Jack puis dans un deuxième pour se renseigner sur le saut en parachute. Gabin est rapidement convaincu, je n'aurais jamais vu Jack faire une telle activité, mais d'un autre côté, je me dis que par amour, on est prêt à tout. Même sauter dans le vide.
Maintenant, la partie la plus intéressante commence. On rentre dans la première boutique, je sais que c'est ici que je vais trouver ce qui fait le bonheur de Beth, mais je ne sais pas encore quoi. Cette année, elle se sent plutôt seule. Surtout au vu des années précédentes où elle profiter de ses parents, cette année, elle se retrouve sans famille, si ce n'est Jack et moi.
Je veux qu'elle se sente à sa place pendant le réveillon. Je mets plein de choses dans mon panier. Plein de choses qu'elle aime. Des carnets, elle les use aussi vite que j'use mes poches à douille. Des stylos fantaisie et des normaux, une tasse, on en a jamais assez, surtout quand elle est en forme de renard, son animal totem. Je n'oublie pas d'ajouter quelque chocolat à déguster pendant ses séances d'écriture et un livre dont elle m'a parlé il y a peu.
Quand je regarde mon panier, plus que plein et les yeux de Gabin qui semble juger à la vitesse à laquelle j'ai mis toutes ces choses dedans, je sais que je suis allée un peu trop loin. Mais je ne reculerai pas.
- Elle sera contente, je t'assure.
- Si tu le dis, tu la connais mieux que moi après tout.
- Tout à fait, allez, on passe en caisse, à moins que tu ais vu quelque chose ?
- Non, mais je vais te laisser quelques instants, il faut que j'aille faire un truc.
Il s'éclipse sans que je n'aie eu le temps de répondre et je me retrouve seule, ce n'est pas plus mal. Au moins, je peux m'occuper de son cadeau sans qu'il ne se doute que c'est pour lui.

Quand nous nous retrouvons enfin dans le grand magasin, la nuit est tombée et mon ventre cri famine.
- Il faut que je mange, je préviens Gabin qui tient deux sacs en kraft dans ses mains.
- J'ai vu des restos en haut, on peut y aller si tu veux.
- Mon estomac te remercie, Gabin.
On monte les escalators, je n'étais pas monté encore et quand je vois le grand sapin tou éclairé vu d'en haut, je ne peux m'empêcher d'avoir des étoiles pleins les yeux.
- C'est beau, je dis en regardant le sapin.
- C'est beau, il acquiesce en me regardant.
Mon ventre se fait entendre et nous nous dirigeons vers le restaurant le plus proche.
En attendant nos plats, j'essaye de deviner ce qui se cache dans les sacs de Gabin, mais il est impassible à mes questions.
- J'espère que ce n'est pas des préparations pour gâteaux, par ce que je déteste ça.
- Raccroche ton cœur, ce n'est pas ça. Je ne t'aurais jamais fait cet affront.
- très bien, mon cœur t'en remercie, mais je veux toujours savoir, je ne te laisserai pas tranquille temps que je ne saurais pas.
- Ok.
- Dis-moi.
- Non.
- Pourquoi ?
- Tu connais le principe des cadeaux ou c'est un système totalement étranger pour toi ?
- J'ai besoin d'une mise à jour.
- Un cadeau, c'est quelque chose qu'on offre à une personne qu'on apprécie. Cette personne n'est pas censée savoir ce qui se cache sous le papier avant de le déballer.
- Attends, tu m'apprécies ?
- Pourquoi, je t'aurais fait des cadeaux sinon ?
- Attends, attends, tu m'apprécies au point de me faire plusieurs cadeaux en plus de ça.
- Je pensais que ça s'était plutôt bien ressenti.
En comprenant à quel moment de notre relation, il fait allusion, je rougie sans même le vouloir.
- Ce n'est pas réciproque, c'est ça ?
Je sais que ce n'est que de la provocation, qu'il ne le pense pas vraiment, mais je ne peux m'empêcher de renter dans son jeu.
- Je t'ai fait des cadeaux moi aussi.
- C'est une très grande preuve d'amour que tu me fais là, lance-t-il en touchant son cœur.
- Je sais, je sais, je suis plutôt forte pour ça.
Nous sommes interrompues par le serveur qui vient nous apporter nos plats.
On mange dans le silence, la conversation que nous venons d'avoir me tourne encore dans la tête. Je sais que c'est pour rigoler, mais je me demande s'il n'y a pas une petite ou grande part de vérité ka dedans.
Tu as fait ta liste pour demain, je demande.
- Non, pas encore.
Hier, quand Gabin était chez moi, je l'ai informé de l'activité de demain. Pour ne pas qu'il s'ennuie, je lui ai demandé à lui aussi de faire une liste des films qu'il voulait voir.
- Ma liste à moi est longue comme mon bras. Il faut que tu te dépêches.
- Je sais, je sais. Mais je me doute des films que tu as mis. Les plus connus, et les plus clichés.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Maman, j'ai raté l'avion, La princesse de Chicago.
- Pas du tout, je dis en séparant la syllabe. Non mais tu me prends pour qui ?
- Pour une fan de Noël qui regarde les même film chaque année dès le mois d'octobre jusqu'en février à peu près.
- Depuis quand tu me connais aussi bien.
- A force de passer mes journées avec toi, peut-être.
- Ça doit sûrement venir de là.

La liste d'un noël (presque) parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant