Chapitre 20 - Accepter

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------------------------------ Violet ------------------------------

Angleterre,

- Alors, commença Chloé en me regardant un instant, euh... ça va ?

Je l'ignorai, gardant mes yeux fixés sur le ciel qui s'obscurcissait.

Pas parce que je la détestais – je ne l'appréciais pas spécialement, certes. Mais c'était surtout parce que je ne parvenais même pas à exprimer une seule pensée.

La sensation très étrange de n'être que silence, ne vouloir que du silence, quand on se réveillait... c'était ce que je ressentais.

L'absence à l'état pur d'émotion ou de volonté.

- Je suppose que tu as beaucoup de questions.

Je clignai des yeux, amorphe.

- Dont la première serait : qui est donc cette meuf qui ne veut pas la boucler ?

Je ne réagis pas.

- Tu peux dire quelque chose, s'il te plaît ?

Son ton n'était pas sec, mais suppliant. Cependant, il ne me toucha pas plus que le vent qui balayait mes cheveux.

Chloé soupira.

- Essayons ça, fit-elle.

D'un seul coup, la vitesse de la voiture augmenta. Mon corps se colla de lui-même au dossier du siège. Les arbres, sur les bords de la route, disparurent de plus en plus rapidement, comme avalés par la voiture. Mon crâne était pressé contre le repose-tête. Le vent qui me balayait le visage se fit soudain si puissant que j'eus l'impression que des griffes lui poussaient et que celles-ci me déchiraient les joues. Chloé, sans doute satisfaite, se mit à décélérer progressivement. Quand la voiture retrouva une vitesse réglementaire, Chloé dit :

- Alors ?

Malgré cette expérience, ou cette démonstration de force – peu importait – mon esprit n'avait pas retrouvé la volonté nécessaire pour exprimer quelque chose. Alors je me contentai d'être silencieuse.

- Vraiment ? s'exclama-t-elle, surprise.

De mon nuage, je perçus tout de même la perplexité omniprésente autour de ma sœur... et sa panique naissante. J'avais la vague envie de l'aider, mais ce sentiment était trop faible pour me sortir de mon hébétude.

- Violet ?

À nouveau, aucune réponse.

- Violet, s'il te plaît, dis quelque chose. N'importe quoi.

Silence.

Chloé, de plus en plus paniquée, ralentit et arrêta la voiture sur le côté de la route. Puis elle attrapa son téléphone, appuya sur l'écran à de multiples reprises, et le mit à côté de son oreille d'un geste impatient. Quelques secondes passèrent, et elle grogna de frustration. Décollant le téléphone, elle allait appuyer de nouveau dessus quand il se mit à sonner. Rageusement, elle accepta l'appel, puis mit en haut-parleur :

- QU'EST-CE QUE VOUS AVEZ FAIT À MA SŒUR ?! hurla-t-elle alors.

Un instant de silence passa, puis :

- Euh... Chloé ? demanda une voix familière.

Une voix qui me réveilla.

- Désolée pour ça, Christopher, dis-je enfin.

Leurs NomsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant