✨️Le tableau d'Albus Dumbledore ✨️

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Quelques regards se tournèrent vers Noma et Abelforth lorsqu'ils pénétrèrent dans l'auberge. Plusieurs voyageurs étaient accoudés au bar, un cigare à la main, installés sur de grands tabourets en bois. Dorkus se trouvait à l'extrémité, l'observant lui aussi d'un regard curieux. Alors que Noma eut la politesse d'essuyer ses chaussures sur le tapis en peau d'ours, Abelforth négligea cette étape et entra avec ses bottes mouillées. Le parquet était humide et sale, marqué d'empreintes boueuses. Abelforth se posta en face de Noma, à une distance raisonnable des autres clients :

- Monte à l'étage, lui demanda-t-il discrètement. Mes clients on grande soif par cette saison, ils pensent beaucoup à leurs proches disparus en cette période de fête. Je vais au plus vite envoyer un hibou au Phénix...

- À cette heure-ci? L'interrompit-elle sans vraiment le vouloir.

Elle espérait de façon semi-inconsciente qu'il finisse par faire l'impasse sur cette histoire de lettre, redoutant la punition qui l'attendait. Le professeur Rogue pouvait parfois faire preuve d'une étroite sévérité.

- La soirée ne fait que de commencer, rectifia Abelforth. Nous ne sommes plus des élèves de Poudlard, nous vivons autant la nuit que le jour. Sinon, comment ferions-nous pour surveiller les jeunes qui ne sont pas dans leurs dortoirs?

- Que vais-je faire en vous attendent? La haut, toute seule... Questionna Noma, cherchant encore une excuse.

- C'est bien essayé, ricana-t-il dans sa barbe, mais tu ne seras pas seule. Va, à présent.

Les efforts furent vains. Décidée, elle tourna les talons, lassée des batailles perdues d'avance. Chaque marche de l'escalier, fidèle à sa réputation, gémit sous son poids. Étroit, fissuré, l'escalier n'offrait guère de répit, ne permettant jamais le passage à deux personnes en même temps. Qui d'autre pourrait bien se trouver à l'étage ? Noma n'eut pas à attendre longtemps pour le découvrir. Dans la semi-obscurité, une silhouette familière émergea d'un tableau : d'Albus Dumbledore. Vêtu d'un pyjama rayé, coiffé d'un bonnet de nuit à pompon, le sorcier semblait plongé dans un sommeil profond, rivalisant en ronflements avec les chiens d'Hagrid

L'étage était sombre, éclairé à la lueur d'une petite cheminée. Une table ronde plutôt bancale était encerclée par quatre chaises...Elle se mit debout au plus près des flammes pour se réchauffer, veillant tout de même à ne pas brûler ses vêtements. Les ronflements de Dumbledore avaient quelque chose de paisible, voir même de rassurant. Si même le plus grand sorcier au monde dormait sur ses deux oreilles, alors rien n'était vraiment grave, tout allait bien.

Après s'être réconfortée, elle s'approcha du tableau, se tenant juste en face de lui. Par Salazar, qu'il était vieux. Son visage était sillonné de rides profondes, semblant raconter des histoires aussi anciennes que le monde lui-même. Sa barbe, longue et touffue, dépassait largement du cadre du tableau. Le professeur Neville lui avait un jour révélé que ce sage personnage avait rendu l'âme à l'âge vénérable de cent cinquante ans. Quelle longévité impressionnante...

Quelqu'un toqua délicatement à la porte, c'était un jeune elfe qui venait lui apporter son chocolat chaud. Ce dernier était habillé de la tête au pied, ce qui montrait qu'il était libre, comme presque tous les elfes à présent.

- Merci beaucoup, dit poliment Noma lorsqu'il lui déposa le verre sur la table.
J'espère que vous ne vous êtes pas brûlé les doigts.

L'elfe lui sourit :

- Si c'était chaud à ce point, je ne l'aurais pas pris dans mes mains. Je ne me serais pas brûlé juste pour vos beaux yeux, dit-il juste avant de redescendre.

Parfois, elle se sentait idiote. Elle disait des choses bêtes et s'en voulait immédiatement.

Quelle joie de constater qu'elle n'avait pas été oubliée. Abelforth semblait avoir généreusement surchargé sa préparation de chocolat chaud, plus proche d'une potion fortifiante que d'une simple boisson réconfortante. Mais au moins, c'était copieux et nourrissant, une véritable bouffée de réconfort dans ce monde tourmenté.

- Tu as de la chance, Noma, dit soudainement le tableau d'Albus qui venait de se réveiller. Dans le temps, lorsque je rendais visite à mon frère, il ne voulait jamais m'en faire.

Sa voix était d'une grande douceur, aussi grande qu'il était sage. C'était la première fois que Noma l'entendait parler, les tableaux lui donnaient sans cesse l'illusion que ces personnes peintes étaient vivantes. C'est par cette façon que certains sorciers pouvaient s'adresser à leurs ancêtres les plus lointains, comme le professeur Rogue avec la Comtesse Mazette De Beeth. Ni une ni deux, elle reposa son verre sur la table.

- Professeur Dumbledore, dit Noma d'une voix précipitée en s'inclinant face à lui, honorée par cette présence.

- Oh je ne mérite peut-être pas autant de politesses, dit-il avec calme. Je me demandais ce que tu faisais ici, mais la réponse semble des plus claires. J'ai été sot, très sot de garder ce secret aussi longtemps, surtout envers mon propre frère...

- Ne soyez pas sévère envers vous-même, professeur. C'était plutôt au professeur Rogue de m'en parler, c'était lui le principal concerné...Mais maintenant je vais être punie, dit-elle avec tristesse. Peut-être même renvoyée pour ne pas avoir respecté le couvre-feu.

- Non jeune fille, pas aujourd'hui, rassura Dumbledore, on ne renvoi pas des élèves en quête de sens. Ce serait injuste et bien trop facile, si tel était le cas, l'école de Poudlard perdrait la moitié de ses élèves. Harry aussi partait, parfois. Il pensait que je ne le savais pas, en réalité je le laissais faire, comme beaucoup d'autres.

- Sans vouloir contredire vos paroles, je doute que le professeur McGonagall tienne le même discours que vous...

- Tu pourrais être étonnée par ce que ma fidèle amie est prête à accepter, quand les circonstances l'expliquent.

Noma se sentait déjà un peu plus rassurée, elle comprenait qu'Albus Dumbledore et Minerva McGonagall étaient tout deux prêt à la soutenir. Mais elle se posait tellement de questions...

- Professeur, demanda Noma, perdue.
Pourquoi le professeur Rogue ne m'a-t-il jamais rien dit? J'ai si peur de sa réaction lorsqu'il va recevoir la lettre de votre frère. Et Pourquoi n'a-t-il rien fait pour ma mère? Elle est décédée en prison, par un coup de folie selon la gazette du sorcier.

- La gazette du sorcier écrit tout ce que les sorciers aimeraient lire, affirma Dumbledore, toujours d'une voix calme et posée. Il ne faut pas toujours s'y fier, chaques mots est à prendre avec la plus grande des précautions. Ton papa a négocié sa libération il y a plusieurs années à présent, jamais il ne l'aurait abandonné à ce triste sort. Elle s'est exilée en Suisse, dans les montagnes. Elle soigne des moldus atteints de formes graves d'asthmes. Cependant, en ce que concerne le silence Severus...Maintenant qu'il est contraint de le briser, je ne craint qu'il est en réalité très peur de toi, Noma, de la réaction que tu pourrais avoir.
Votre ressemblance peut aussi bien le fasciner que l'effrayer. Le comprendre a toujours été une entreprise bien difficile et je te laisserai tout le soin de lui poser tes questions. Tu auras certainement bien plus de chances que moi, il t'aime beaucoup, tu sais...

- En Suisse? S'étonna Noma, perturbée par ces révélations. Si elle est toujours en vie, pourquoi n'est-elle jamais revenue me chercher? Et s'il m'aime, pourquoi tenait-il autant à garder ce secret?

Albus Dumbledore disparu subitement de son tableau. C'était à ne rien comprendre. Ce monde était bizarre, cette soirée était bizarre et le les humains eux aussi étaient vraiment très étrange par leurs comportements. Elle était fatiguée et particulièrement irritable, la pensée de partir d'ici en courant et de retourner dans son dortoir comme si de rien n'était ne l'a quittait plus.

Mais elle n'eut malheureusement pas le temps de mettre son plan en pratique, puisque qu'une dizaine de minutes plus tard, Abelforth rentra sans préavis dans la pièce, suivit par Severus Rogue. Le directeur du Phénix était essoufflé, paniqué, et aussi perdu qu'elle. Quant au frère de Dumbledore, il semblait en colère...

Qui aurait cru, qu'au beau millieu de la nuit, il allait un jour recevoir une lettre lui imposant d'assumer sa responsabilité de père? Vu la manière dont Abelforth s'exprimait, elle se doutait qu'il n'avait pas employé les mots les plus tendres pour formuler sa demande...

 L'orphelinat du phénix - Severus Rogue Où les histoires vivent. Découvrez maintenant