Juillet était arrivé, apportant dans le même temps le cauchemar qui changerait la vie de vingt‑quatre enfants de Panem. Ce pays – qui s'étendait sur les ruines des anciens États d'Amérique du Nord n'ayant pas été engloutis pas les océans lors de la montée des eaux – était divisé en douze districts, tous spécialisés dans une certaine production pouvant aller du textile au bétail, en passant par le charbon et l'énergie. À l'occasion de cet événement, les districts devaient chacun envoyer une fille et un garçon entre douze et dix‑huit ans pour participer à un combat à mort qui ne couronnerait qu'un seul vainqueur. Cette période de l'année était attendue avec impatience au Capitole, et redoutée dans la majorité des districts où les jeunes étaient hantés à l'idée de devoir quitter leur famille pour ne plus jamais la revoir. Dans tout Panem – l'unique pays où était organisé cet effroyable événement –, l'agitation avait atteint son pic. La dix‑neuvième édition des Hunger Games était sur le point de commencer.
Chaque année, ce spectacle se déroulait dans une arène différente. Ou plutôt un paysage différent car les participants – appelés tributs – pouvaient aussi bien devoir se battre dans une forêt infestée d'insectes que dans des montagnes de glace. Selon les créateurs des Jeux, cette dix‑neuvième édition serait révolutionnaire dans l'histoire des Hunger Games. En effet, l'arène de cette année serait la première à présenter une particularité qui pourrait changer le cours des Jeux et défier les pronostics. Si les éditions précédentes voyaient à chaque fois une nouvelle arène et différents animaux modifiés génétiquement entrer en jeu, les gagnants ne se démarquaient que par leur puissance, leur stratégie ou leur charisme. La mécanique de jeu introduite cette année donnerait une chance même aux plus désavantagés, et rendrait l'expérience encore plus difficile pour les favoris. Le concept de cette nouvelle arène combinerait talent et hasard.
Au Capitole, où les Hunger Games avaient été créés et étaient planifiés tous les ans, l'apparence d'une arène était considérée comme un secret d'État ; de fait, aucun créateur des Jeux ne pouvait dévoiler le type de paysage dans lequel les tributs de cette dix‑neuvième année participeraient. Exemptés des Jeux, les habitants de la capitale n'avaient pas à s'inquiéter et attendaient le début des Jeux en pariant sur leurs districts préférés et en essayant de deviner dans quel genre d'arène les tributs devraient s'affronter. Mais si les chances de gagner de chacun pouvaient à présent être influencées par la chance, les districts de carrière, réputés pour l'entraînement intensif de leurs enfants avant les Jeux dans le but de présenter les tributs les plus puissants, ne semblaient pas moins confiants en leurs capacités et leur victoire prochaine, ce que les spectateurs constatèrent pendant la Moisson de leurs quatre tributs. Et à l'instar des Districts 1 et 2, la dernière Moisson de la journée – celle du District 4 – promettait de fournir des tributs particulièrement intéressants.
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Sur le port principal, où se déroulerait l'évènement, une foule de spectateurs impatients commençait à se former. Une fois monté sur l'estrade où aurait lieu le tirage au sort, le maire du District 4 se planta entre les deux urnes contenant les noms des potentiels tributs, et fit face aux habitants. Parmi la foule de jeunes dont les noms étaient rassemblés dans les bulles de verre, seule une poignée d'entre eux semblait vraiment soucieuse de connaître les résultats. Le reste – surtout des filles – avait l'air d'attendre avec impatience le tirage au sort, certaines allant même jusqu'à faire des paris quant à l'identité des prochains tributs – ou plutôt, si le maire entendait correctement les noms cités à tort et à travers dans tout le port, l'identité du garçon qui aurait le malheur d'être tiré au sort.
Une fois le signal du début de la Moisson donné, le maire du District 4 commença à lire un discours qu'il commençait à connaître sur le bout des doigts. Ce discours relatait l'histoire de Panem et celle des Hunger Games, instaurés après une révolte des Districts pour punir les habitants de ceux‑ci. Il en était au paragraphe présentant la nouveauté de cette dix‑neuvième édition des Jeux quand un groupe de retardataires fit son apparition dans un brouhaha, déconcentrant le public déjà agité. Un bref regard vers eux suffit à convaincre le maire de ne pas ordonner aux Pacificateurs de leur tirer dessus : ces enfants n'étaient autres que leurs prochains tributs. Les soldats durent néanmoins viser dans l'eau près du groupe pour les faire taire, eux et l'attroupement qui s'était formé autour.
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Les 19èmes Hunger Games
Fiksi PenggemarNouer ou renouer des liens avec quelqu'un juste avant de mourir est une idée des plus absurdes, et la confiance n'a pas sa place aux Hunger Games. Qu'en dites-vous ? C'est ce que pense la tribut volontaire du District 4, Lori Rose, quand elle est ap...