Partie 1

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"Je m'appelle Anna Spengler et mes jours sont comptés".
Ce n'était certainement pas la phrase idéale pour commencer un journal mais en voyant la situation qui s'offrait à elle, notre jeune malade ne su écrire autre chose que ces quelques mots qui lui pesaient déjà beaucoup. Lorsque la psychologue, Mme Johnson, lui avait tendu ce petit carnet, son hésitation avait été assez longue avant qu'elle ne le prenne finalement en se disant que c'était la meilleure chose à faire pour que ses derniers jours soient plus faciles à vivre pour ses proches et pour elle.
Mais étonnamment Anna n'avait pas peur, du moins pas encore.
Cela faisait maintenant quelques mois qu'elle était dans cette chambre d'hôpital en espérant encore et toujours qu'elle puisse s'en sortir. Alors quand le docteur Williams lui avait annoncé cette sinistre nouvelle, sa famille et ses amis qui la soutenaient tant, tombèrent dans une mélancolie profonde. Malgré cela, Anna n'était pas du même avis, le docteur prononçait des mots si sombres que personne ne voudrait avoir à les dire, et pourtant, c'est comme si ça ne l'atteignait pas, comme si tout ça n'était pas réel.

Encore une longue journée passa sans qu'elle n'ose compléter les autres pages de son journal.
Les fleurs posées sur la table de nuit laissèrent la chambre toujours aussi sobre et froide qu'à son habitude, la lune quant à elle, brillait de mille feux ce soir. Anna la contempla un long moment avant de détourner enfin le regard. La pièce n'était pas très grande, c'est donc avec facilité qu'elle pouvait la décrire dans le moindre détail, pourtant à cet instant, Anna fut contrariée en apercevant une porte qu'elle n'avait jamais remarqué jusque là. Mais ce sentiment se dissipa rapidement et laissa place à de la curiosité, c'est alors qu'elle se leva prudemment et avança. Sans s'en rendre compte, elle baissa les yeux sur sa main qui tenait déjà la poignée prête à la tourner.
Soudain son cœur commença à battre de plus en plus vite comme si elle s'apprêtait à faire quelque chose de dangereux. Elle avait froid, son corps lui faisait mal et une douleur à la tête la tiraillait. Voulant sortir de cet enfer, elle ouvrit la porte en coup de vent et courut de l'autre côté sans même faire attention à ce qui l'y attendait. Elle ne s'était pas aperçue qu'elle avait les yeux fermés mais quand elle les ouvrit Anna en resta bouche bée, incapable de faire quoi que ce soit, elle resta là, immobile, et contempla le paysage face à elle. Le sol était parsemé de petites fleurs violettes toutes aussi belles les unes que les autres, son regard se dirigea alors un peu plus haut, elle pu regarder attentivement les arbres et buissons qui s'étendaient à perte de vue tout autour d'elle, elle ne remarqua pas tout de suite que les arbres n'étaient pas comme à l'accoutumée, certains avaient un feuillage orange ou même bleu, d'autres n'en avaient pas mais leurs troncs étaient gigantesques et parfois faits d'une matière brumeuse qui n'était certainement pas du bois.
Après un long moment à observer cet environnement, son regard se laissa tomber quelques mètres plus loin, de longs brins d'herbe prirent vie au contact de deux pieds nus qui se dirigeaient vers elle et une silhouette se dessina peu à peu, Anna eu le courage de faire quelques pas en avant mais fit un grand bon en arrière quand la silhouette fonça sur elle à toute vitesse.
Par réflexe elle positionna ses bras devant son visage et ne trouvant aucun appui dans sa chute, elle tomba. Quelques secondes passèrent sans qu'elle n'ose faire le moindre geste mais lorsqu'elle sentit une présence tout prêt d'elle, elle baissa ses bras, méfiante mais sûre d'elle. Sa tête se tourna alors vers la silhouette qui était à présent assise et la regardait en se penchant sur le côté. Elle était faite d'une brume blanche similaire aux arbres qu'Anna avait pu observer juste avant, on distinguait difficilement son visage mais elle n'avait pour autant rien d'effrayant. La jeune fille avait même l'impression qu'elle lui souriait.

-As-tu faim mon enfant ?

Anna sursauta, elle ne rêvait pas, la silhouette avait bien parlé, pourtant elle ne l'avait pas vu bouger le moindre trait de son visage. Ce monde était décidément des plus étrange.

LE JEU DES ÉMOTIONSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant