Chapitre 12 - Orion

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Avant de s'endormir ce soir-là, Orion relut le papier qu'il avait reçu devant sa chambre, Au tour de Lucille, désormais, le cauchemar sera infini. Orion sentait des frissons glacés le parcourir une fois de plus. Il se sentait plus qu'impuissant, il recevait des annonces mais ne pouvait rien en faire ; il ne connaissait même pas de Lucille. La situation lui semblait désespérée, et il se sentait complètement perdu.

Dans le soir, des pleurs silencieux le bercèrent jusqu'à ce que la fatigue l'emporte dans les bras de Morphée. Mais il se réveilla décidé à agir, et à partager tous les indices qu'il a pu recevoir. Il était temps, et même si pour lui les chances que cela aboutissent à quelque chose étaient minimes, il pouvait au moins tenter.

Alors il se leva en vitesse, et enfila un pantalon gris avec une chemise blanche, et se chaussa en vitesse avant d'attraper sa veste noire. Il passa à la cantine prendre un morceau de pain en guise de petit déjeuner, ignora les regards de ses camarades, qui semblaient surpris de son entrain. En réalité, Orion voyait en cet aveux au directeur, la seule chance de faire quelque chose, le seul espoir, et il pourrait également se dédouaner de la responsabilité ; être le seul au courant des prochains crimes le faisait culpabiliser.

L'étudiant traversa la cour, puis entra dans le bâtiment principal avant de passer dans les couloirs pour rejoindre le directeur dans son bureau. Cependant, il ne put s'approcher de la pièce en question, car une main l'attrapa au niveau de sa bouche et le tira en arrière subitement. Les doigts contre ses lèvres l'empêchaient de crier, il n'arrivait même pas à le mordre et il ne put se débattre car son ravisseur était bien trop fort. Un coup puissant s'asséna sur sa tête, et il n'eut même pas le temps de souffrir qu'il perdit connaissance.

Orion se réveilla, les bras pris dans des ronces qui le faisaient souffrir s'il tentait de tirer. Il voulut pousser un cri, mais il était bâillonné. Sa tête tournait et son dos était douloureux, il essaya de se calmer, difficilement. Les yeux flous, il tenta de comprendre son environnement, il était dans une forêt sombre, probablement non loin de l'université, mais il n'avait aucune idée d'où exactement ; tous les arbres étaient pareils, et rien ne pouvait différencier les endroits de la forêt. Il ne pouvait même pas deviner l'heure car il y avait tant de feuilles qu'il était impossible d'apercevoir le ciel.

— Tu as été prévenu, murmura dans ses pensées une voix qui le fit sursauter.

Son cœur battait à mille à l'heure, et il se surprit à penser que ce serait la fin pour lui.

— Rassure-toi, tu ne mourras pas ce soir, j'ai encore besoin de toi, Orion.

Le jeune homme essaya de repérer quelqu'un autour de lui, mais il ne vit personne, avant d'entendre un craquement de branche, et une fille être poussée vers lui.

— Je te présente Lucille, continua la voix dans sa tête. La voici enfin, toi qui te demandais qui c'était.

Celle-ci était blonde, les joues creusées de larmes, visiblement terrifiée, plus encore qu'Orion, qui essaya une fois de plus de se détacher, s'écorchant les poignets. Lucille, secouait la tête précipitamment comme pour dire non, et Orion pénétra dans ses pensées pour tenter de comprendre. La personne qui communiquait avec lui le faisait désormais avec elle, elle se faisait manipuler sans même le savoir.

— Je suis Lucille, pouvoir de contrôler les plantes... murmura celle-ci d'une voix tremblante, complètement sous l'emprise des pensées qui ne lui appartenaient plus.

Soudain, des branches s'approchèrent de lui et menaçaient d'étrangler Orion, ce qui le força à reculer, le cœur battant à tout rompre.

— J'espère que cette fois-ci tu comprendras définitivement, reprit la voix dans son esprit. Parles-en à quelqu'un, tu ne connaîtras non pas la mort, mais la pire torture que tu puisses imaginer, et crois-moi, j'ai une imagination débordante.

— Pourquoi moi ? s'insurgea-t-il dans sa tête.

— Oh ça, ce n'est qu'une petite préférence. Ta magie m'intéresse.

Les branches le forcèrent à lever le menton, effleurant sa peau, tandis que les ronces dans son dos le griffèrent jusqu'au sang. Orion serrait les dents pour retenir ses cris, et échangea un regard désespéré avec Lucille, qui semblait entièrement contrôlée et apeurée.

— Promets-le, tu n'essayeras en aucun cas de me dénoncer, et tu me laisses faire de cette école un enfer.

Des larmes salées inondèrent le bâillon qui lui serrait les lèvres, la douleur était forte, insupportable. Mais le dilemme qui s'apprêtait à lui faire face était le plus douloureux.

— Tu trouves ça si dur que cela, Orion ? C'est toi ou les autres, et ils le méritent. Eux qui n'ont jamais tenté de te comprendre... Eux qui n'ont jamais fait d'effort...

— C'est faux ! répondit-il toujours dans ses pensées.

— C'est si amusant de te torturer, psychologiquement c'est un réel plaisir, j'espère que tu t'amuses tout autant que moi. Ça ne sera que pire si tu essaies d'être contre moi. Penses-tu réellement qu'ils méritent de vivre, tous ces gens qui n'hésiteraient pas une seconde à te harceler, à faire de toi leur victime...

— Arrête.

— Pas maintenant. Souviens-toi, Orion, leurs rires déchirants, leurs regards dégoûtés, souviens-toi de tout ça. Tout peut basculer d'un instant à l'autre, voudrais-tu encore être leur victime ? Accepterais-tu d'être en situation d'infériorité ? Je t'offre la chance de pouvoir prendre le pouvoir, pouvoir être au-dessus d'eux, et tu veux refuser ça ?

— Tu ne m'offres rien du tout !

— Je peux te laisser la vie sauve, à toi seul, et te partager ma victoire. Te retrouver pour une fois supérieur à ceux qui pourraient te blesser. Tu ne connaîtras plus jamais la peur. C'est ça ou je te torture. C'est tout ou rien, à toi de choisir.

— C'est compris, je le promets, lâcha Orion. Je promets d'arrêter.

— Oui ? minauda la voix, cachant un rire malsain.

— Je promets d'arrêter d'enquêter.

Quelques secondes de silence complet laissèrent à Orion le temps de compter les battements de son cœur qui tabassaient sa poitrine. Lucille, après une seconde d'hésitation, s'approcha d'Orion, et décrocha le bâillon, qui lui permit de prendre une grande inspiration, puis elle fit s'éloigner les branches et ronces qui l'entouraient et le tenaient prisonnier. Orion baissait les yeux de honte, il venait de céder, il venait de choisir la solution de facilité. Il venait de trahir tout le monde.

— Je te rends ta liberté, fit finalement la voix, toujours dans sa tête. A condition que tu n'essaies plus de trouver qui je suis ou de me dénoncer, je t'ai à l'œil toi et tes amis, et vous n'aurez aucune chance contre moi, c'est compris ?

L'unique réponse d'Orion fut un acquiescement, par terre à genoux, les larmes coulant sur son visage.

— Dissuade aussi Xan, je te fais confiance.

Orion sentit le vide remplir son esprit, signe que l'entité venait de quitter ses pensées, il regarda Lucille suivre des ombres, impuissant. Puis il laissa les sanglots prendre un total contrôle sur son corps, abandonné sur le sol, honteux et désespéré.

Sous le murmure des ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant