aussi doux que la neige | sukook

dernière partie (m)

Dix-huit heures.

Nous sommes rentrés de notre randonnée il y a une quinzaine de minutes environ. Selon Namjoon, nous avons pris du retard à cause de notre pause à côté du lac ; la vérité, c'est qu'à partir de la seconde partie, il est resté en arrière à se plaindre de douleurs aux pieds. 

Appuyé contre le plan de travail de la cuisine, j'attends que mon café finisse de couler. À la place, j'aurais pu me prendre une bière, mais elle m'aurait plus endormi qu'autre chose. Et étant donné que les gars insistent pour me tirer au marché du village, il est préférable que j'aie les yeux grands ouverts. Connaissant Jimin est Hoseok, ils vont me harceler pour que je regarde absolument partout pour ne surtout pas louper une guirlande décorative. 

En attendant, j'ai le regard perdu dans le vide. Je ne sais plus comment agir avec Yoongi. Il ne s'est jamais montré aussi tactile avec moi. Ce n'est que le deuxième jour que nous sommes ici. Que se passera-t-il au quatrième ?

Je rougis lorsque la scène du lac me revient en mémoire. Lui, la tête posée sur mes cuisses, les yeux fermés, serein. Moi, mes doigts dans ses cheveux, le regard posé sur son visage. Désormais, l'entièreté du groupe sait que j'éprouve des sentiments envers lui. Tant mieux, je n'avais plus le cœur de le leur cacher. Pendant le retour, Seokjin et Hoseok m'ont criblé de questions, ne s'attendant absolument pas à la nouvelle.

Et je dois avouer que je ne m'attendais pas non plus à ce qu'ils me disent, comme le reste des gars, à foncer. À avouer mes sentiments à Yoongi. D'après eux, le regard ne trompe pas. 

Mais je suis terrifié.

J'ai peur de le perdre.

— Kook' ? 

Je sursaute. Le groupe est parti au premier étage pour se laver et se préparer ; tout le monde, sauf Yoongi, visiblement. Les joues rouges, je tente un sourire, sourire qui fane rapidement.

Le rappeur se plante en face de moi, les sourcils froncés dans une moue agacée. Si j'étais courageux, je l'embrasserais sur le champ. Je n'en peux plus de le voir avec cet air, je déteste lui causer de l'inquiétude.

— Maintenant tu me dis ce qui t'arrives, dit-il d'une voix ferme. 

Il croise les bras sur son torse. Il est le premier à être prêt : il a troqué ses vêtements de randonnée contre un simple jean à trous et un sweat. Ses cheveux sont encore humides et reposent sur son front, lui donnant un air plutôt sauvage.

— Je t'interdis de me mettre à l'écart, continue-t-il en se rapprochant de moi.

Je frémis lorsqu'il pose sa main sur mon torse. Mon sang boue dans mes veines, j'ai l'impression de tourner de l'œil. Il est si proche de moi.

— Pourquoi tout le monde sait ce qui t'arrive, sauf moi ? grogne-t-il, sincèrement énervé. Si je suis le seul à ne pas savoir, c'est que le problème me concerne aussi. Alors soit tu me le dis tout de suite, soit...

— Soit quoi, Yoongi ? fais-je en m'avançant à mon tour.

Je le vois me dévisager, une lueur étrange dans les yeux. Pour être à sa hauteur, je suis obligé de légèrement baisser ma tête vers lui. C'est à son tour de rougir, sa main se crispe sur mon t-shirt. 

Peu à peu, il recule tandis que je continue d'avancer, jusqu'à ce que son dos touche la porte du frigo. Mes yeux plantés dans les siens, je pose une main à côté de sa tête, geste instinctif pour l'empêcher de s'enfuir. Pourtant, il ne tente rien, pas même de m'éloigner de lui.

— Que vas-tu faire, au juste ? soufflé-je contre son oreille.

Sa peau se recouvre de frissons. Un rictus aux lèvres, je l'observe bégayer, ses pupilles faisant des aller-retours entre mes yeux et mes lèvres. Une poignée de centimètres seulement nous sépare.