Tout touche à sa fin et ne fait que commencer en même temps. C'est avec ce sentiment que je me suis réveillée ce matin et je ne l'aime pas. J'ai l'impression d'avoir vécu mille choses en quelques jours. Et finalement, ce n'est pas qu'une impression. Mais à côté de ça, je sais que tout va partir en poussière. Et même si tous les jours, je me le répète, je n'ai pas hâte que ce moment arrive. Il me fait peur. Ma vie avait un peu plus de sens. Pas seulement avec l'arrivée de Gabin, mais tout le reste aussi. M'investir dans la pâtisserie corps et âmes, aider les enfants. Ce sont des choses que je fais qu'occasionnellement et j'aimerais le faire plus souvent. Comment j'aimerais ! Mais pour ça, il faut que j'abandonne le restaurant, et je ne suis pas prête de faire ça a Beth et encore moins à Jack. Si je pars, toute son entreprise va s'écrouler. Il faut que je trouve une solution avant que le problème ne prenne trop de place dans ma tête et embrouille mon esprit.
J'enfile mon tablier et commence à servir les clients. Les services de midi sont bien chargés à cette période, et aujourd'hui spécialement. Beth à demandé mon aide, et j'avais besoin de faire une pause de la confection des bûches alors c'était le compromis parfait. Je sers les clients les uns après les autres. Il faut sourire, demander de répéter à cause du bruit sourd que le monde crée, gérer les enfants qui n'en fond qu'a leurs têtes à cause de Noël qui approchent. Mais je m'en sors. Crois que je laisserai bien cette partie à Beth. Je préfère vraiment être à l'arrière, cachée de tous, mais admiré par ce petit village parce que ma cuisine est bonne.
Je m'affale sur la banquette à côté de Gabin quand le service est terminé avec un profond soupir.
- C'était si fatigant, il me demande en fermant son ordinateur.
- Tu n'imagines même pas. Je n'aimerais pas être la mère de ce gamin.
- C'est dur. Le pauvre, il s'amuse dans la neige.
- Oui, mais tu as vu ce que ça donné hier. J'ai un très, très mauvais cardio, je crois même que personne ne peut me battre de ce côté-là. Et lui, il court partout, t'imagines. Non, c'est impensable.
- Je comprends mieux, en fait, il te faut un enfant aussi nul en sport que toi.
- Tu as tout compris.
- Et tu prévois quoi d'autres dans un futur plus proche ?
- Alors, dans un futur plus proche, je prévois d'aller faire une photo avec le père Noël et d'en profiter pour assister au lancé de lanterne.
- J'aime bien ce programme, même si je me passerai de la photo.
- Tu n'as pas le choix, en plus, tu es photogénique.
Gabin me regarde, comme si ce que je venais de dire était étrange, puis je comprends, alors j'éclaircis mon propos.
- Je sais que tu es photogénique, parce que ton père m'a montré des tas, et quand je dis des tas, ce sont des tas, de photos de toi.
- Vraiment, je ne peux pas croire qu'il ait fait ça.
- Oh, que si, de ta naissance jusqu'à il n'y a pas très longtemps. Et il en est fait en plus.
- C'est... Gênant.
- C'est drôle.
On rigole puis c'est le moment de se mettre en route.
Il ne faut pas très chaud ici, mais rien que l'ambiance du lieu permet de me réchauffer. Il y a un monde fou, pour ce genre d'événements, c'est plutôt normal. Je n'y ai jamais été même si je l'ai longtemps voulu. J'ai l'impression d'être dans Raiponce et ça me, mais du baume au cœur instantanément.
Nous commençons par faire la queue pour voir le père Noël. Je me sens un peu à l'écart, comme chaque année, une adulte parmi plein d'autres adultes, mais qui eux, sont accompagnés d'enfant. J'ai rapidement pris l'habitude de me détacher du regard des autres. C'est arrivé au lycée en fait. À force j'ai compris que ça ne servait à rien d'avoir l'approbation des autres parce qu'elle est souvent faussé de celle que l'on a nous. On est finalement toujours déçu par notre entourage. Je me suis reformée sur moi-même pendant un temps puis j'ai appris à faire confiance en arrivant ici. Et ça fait du bien.
Les parents dans cette queue que je vois nous juger Gabin et moi pendant que nous prenons notre photo, ne savent pas ce par quoi nous sommes passés, je 'ai jamais eu de parents et Gabin à perdu la mère qu'il aimait plus que tout au monde. Les gens en général, juge avant de savoir, ne se posent pas de question et tire des conclusions hâtives. Cette photo est importante pour nous, non pas parce que nous n'avons pas fini de grandir parce que nous avons été privés d'une partie de notre enfance.
La nuit est totalement tombée, les étoiles sont hautes dans le ciel noir. On dessine des motifs de noël sur notre lanterne commune en attendant que le top départ soit lancé. J'ai hâte, le temps me parait durer une éternité.
Quand nous avons terminé nos petits dessins, nous nous asseyons par terre. Entre les jambes de Gabin, je me sens bien, reposée, au calme malgré le monde qui nous entoure. Je mange quelques chichis avec une pâte à la noisette. C'est un moment doux, on ne parle pas, on est juste ici, là l'un pour l'autre. C'est le genre de moment qui ressemble à ceux où on est enroulés dans une grosse couette et que la pluie tape sur la fenêtre.
La voix féminine interrompt notre moment magique pour en commencer un autre. Dans le micro, elle décompte. Ça va bientôt commencer et je suis plus qu'impatiente, d'y être.
Gabin tient la lanterne bien droite pendant que je l'allume à sa base. Puis je me relève pour venir la tenir avec lui.
Ça va être le moment, nous sommes tous prêts.
3.2.1
Nous lâchons les lanternes tous en même temps. C'est magnifique. Je me rapproche de Gabin, il passe son bras au tour de mes épaules et je me pelotonne autour de lui.
Quelques instants plus tard, les lanternes sont plus hautes dans le ciel et c'est à ce moment-là que la vraie magie prend forme.
C'est intense. Beau. Inimaginable. Inoubliable.
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La liste d'un noël (presque) parfait
RomanceDans ce roman on suit Madi une femme accro à noel qui vie dans une petite ville de montagne. En plus de sa passion pour Noël Madi adore pâtisser c'est pourquoi elle travaille dans un restaurant. Son patron, Jack est comme un père pour elle. Mais ce...