La chose la plus effrayante et la plus merveilleuse au monde.

Le pincement

Il était partie quelques minutes plus tôt et je le voyais toujours sur le seuil de notre chambre. Il avait des yeux gris tellement beau où se reflétait l'intelligence malgré son expression de surprise face au choc entre lui et ma soeur. Son visage était fin. Ses cheveux châtains presque bruns, sa carrure de sportif, lui donnaient le charme d'un prince.

Je ne savais même pas son prénom. Je savais seulement que c'était le frère du petit-ami de ma soeur et qu'il avait le même âge qu'Estelle.

Antonin était encore là, avec elle, et lui chuchotais des mots dans l'oreille tandis qu'elle m'aidait à ranger nos affaires. Je les enviais profondément. Je voulais que quelqu'un m'aime et me prenne dans ses bras avec tendresse, me dise des mots qui m'apaiserais ou qui me ferait rigoler. Je voulais danser avec lui aux bals de lycée, qu'il me console quand je pleure et qu'il aille me trouver quand lui n'allait pas bien. Je voulais partager ma vie avec lui, et qu'on se fasse confiance. je voulais aussi qu'on se dispute, peut-être pour des choses complètement débile mais cela faisait partie de la vie de couple. On ne pouvait pas toujours s'entendre sur tout. Je voulais qu'on se pardonne et qu'on s'embrasse pour se dire que tout ça n'avait plus d'importance. Je voulais aimer et être aimée en retour.

Mon regard se teinta de tristesse mais ma soeur ne remarqua rien, occupée à pousser Antonin dehors pour nous laisser tranquille. Je repensais alors à lui. Ce garçon qui m'avait troublé par son regard intense et profond qui m'avait transpercé pendant une seconde. Cette seconde avait été pour moi la plus longue et la meilleure de toute ma vie. Mais je ne savais pas comment ni pourquoi. Je mettais cette pensée dans un coin de mon coeur et n'y pensais plus.

- Allez, plus que les affaires de toilette et après on pourra allez voir les autres salles et les listes des élèves ! déclara alors Estelle en ayant réussie à fermer la porte sur son petit-ami.

Je pris les serviettes et les gants de toilette et la suivie dans la salle de bain. Une grande glace refléta mon image. Une jeune fille de 15 ans avec les cheveux châtains, parfois roux, yeux brun-or. Pour moi, j'étais une fille banale sans vraiment grand atout de beauté. Ce n'était pas ce que ma soeur disait. Elle disait que j'étais une perle rare et vraiment belle et que tous les gars du lycée allaient tomber à mes pieds d'un seul regard de ma part. Je ne la croyais pas et je riais face à ces remarques.

Une fois le travail terminé, nous sortons et retrouvons Flore avec une seconde du nom de Philippine. Cette dernière n'avait pas encore vu sa classe et son prof principal. Elle avait des cheveux noirs de jais, très épais, avec des yeux bleus comme un ciel nocturne. Elle était très belle. Bien plus belle que moi. Elle ressemblait un peu à Antonin avec ses cheveux noirs et ce regard profond.

Je me présentais et elle fit de même. J'appris alors qu'elle était la soeur de ce garçon avec qui j'avais échangé le regard. J'appris aussi qu'il s'appelait Timothé et qu'elle avait une soeur jumelle du nom de Sophie.

Timothé.

Ce nom résonna dans ma tête tout le long du trajet dans les couloirs du grand établissement. Soudain, des mains se plaquèrent devant mes yeux ce qui me fit sursauter et pousser un petit cri de surprise.

- C'est qui ? me demanda alors une voix que je reconnus entre mille.

- Haha. Très drôle. Ce ne serait pas, par pur hasard, un garçon du nom de Théophile ? répondis-je avec une voix ironique.

- Gagné !

Les mains s'enlevèrent et je découvris Théophile les cheveux toujours bien coiffés, et le sourire aux lèvres. Je l'étreignis avec force. J'étais très attaché à lui et il m'avait terriblement manqué.

Il me rendit mon étreinte. Estelle s'y joignit aussi.

Ce fut elle qui rompit cet instant.

- Allez, ta petite soeur va bientôt découvrir les meilleurs endroits de l'école. Tu ne vas pas la retenir n'est-ce pas ? dit-elle avec un sourire malicieux.

Mon frère était le roi du séchage de cours. Il avait toujours les meilleures cachettes et ne se faisait jamais prendre par un surveillant. Personne ne savait où il était pendant ces heures.

Après quelques minutes de marche, nous voici tous trois arrivé devant la porte des 2ndC une nouvelle fois. Une liste était accrochée sur la porte dans une pochette plastique.

Je lus une dizaine de noms quand je tombai sur le nom de "Philippine de Barbeyrac de Saint-Maurice". Je me retournais et souris à la concernée. Je m'attardais quand même sur son nom. De Barbeyrac de Saint Maurice. Plutôt long et pompeux. Ils devaient être issus de famille noble, riche et très connu et donc influente dans ce milieu.

Mon esprit imaginais le stéréotype du gars parfait, meilleur de sa classe et crâneur mais mon coeur, sans savoir pourquoi, me disais que c'était un garçon normal qui avait tout autant que nous des difficultés et des imperfections et qui était en réalité très gentil. Je ne savais pas quoi penser de lui.

Philippine et Flore entrèrent dans la classe pour que ma nouvelle amie puisse rencontrer le prof principal. Pendant ce temps, ma soeur, mon frère et moi, nous nous dirigeons vers le réfectoire pour aller manger. Il était près de 12 : 30. Déjà !

Mon ventre gargouillait férocement. Je n'avais rien mangé ce matin avec le stress.

Mon frère et ma soeur éclatèrent de rire en entendant le cri de faim de mon corps.

La fin de la pause déjeuner arriva rapidement. Flore et Philippine nous avaient rejoint et nous nous dirigeons maintenant vers nos classes respectives. Ma soeur et sa meilleure amie partirent vers le bâtiment des 1ères et Philippine et moi, vers le bâtiment des 2nds.

Une fois devant notre classe, nous attendons son ouverture et là, dans le couloir, il arrive, avec un autre garçon. Il lance un sourire à sa soeur mais il n'a pas l'air de me remarquer et repart en direction du bâtiment des 1ères. 
Cependant, je n'ai pas le temps de m'en occuper car la porte s'est ouverte et M. de Tarl nous invite à rentrer.