Forgotten Memory

II

Faith

Ma jupe bleue à carreaux s'arrête pile au-dessus du genou, tandis que ma chemise blanche, rentrée à l'intérieur, est tout sauf élégante. L'énorme papillon et le logo de l'académie ajoutent une touche en trop, comme si ma laideur ne suffisait pas. Les maquillages extravagants étant interdits, je me contente de mascara, de blush et de gloss. Trop de changements aujourd'hui, et je ne suis vraiment pas prête à recommencer ma vie à zéro, surtout sur le plan scolaire. Mais ai-je le choix ? Absolument pas. Si mon père a pris cette décision, ainsi soit-il !

J'ai déjà fait mon choix. Je vais officiellement retrouver le statut de la fille au fond de la classe, celle qui ne participe jamais, dont l'année scolaire se résume à prendre des notes en silence. Ou peut-être qu'à ça s'ajoutera une fin de lycée marquée par un harcèlement aussi brutal que celui vécu avant le 9th grade. Cette journée m'inspire une appréhension énorme. Dans le pire des cas, je finirai par me suicider, mais cela n'importera à personne, car les seules personnes qui me soutiennent encore sont mes amies de mon ancien lycée, désormais de lointains souvenirs. Et même elles finiront par me haïr, je suis trop complexe à apprécier, sans que j'en comprenne la raison. Un changement radical est-il nécessaire pour qu'on m'aime ne serait-ce qu'un peu ? Ma seule peur est de savoir si la nouvelle "Faith" plaira à celles qui deviendront probablement mes amies par la suite.

Je boucle mes cheveux, laissant des boucles charbonneuses reposer sur mes épaules. Finalement, la personne que je vais devenir est celle qui me ressemble le plus. Lorsque je sortais avec mes anciennes amies, j'étais celle que les garçons ignoraient. Perdue dans un coin, entre ces jolies blondes si différentes de moi. On me reprochait au début d'être trop réservée, alors j'ai fini par quitter l'ombre pour approcher la lumière, malgré les difficultés. Je m'obligeais à écouter du rap, alors qu'au moment même où je me dirige vers l'arrêt de bus, un reportage sur le rôle des États-Unis durant la Première Guerre mondiale résonne dans mes oreilles. À mon arrêt, il n'y a presque personne, à l'exception de personnes qui ne sont clairement pas des étudiants. Plus les minutes passent, plus mon rythme cardiaque s'accélère...

***

Dix minutes se sont écoulées depuis le début du cours, et plusieurs regards convergent vers moi de moments à autres, accentuant mon anxiété déjà préexistante.

- Bonjour, susurre une voix, me tirant de mes pensées; c'est notre professeur principal.

Nous nous levons tous en unisson.

- Excusez-moi pour ce léger retard, vous pouvez vous installer.

Nous nous exécutons en silence. Il n'a pas l'air particulièrement strict, mais personne n'ose prononcer la moindre syllabe.

- Je suis monsieur Johnson, professeur d'histoire et votre professeur principal cette année... Vous êtes la terminale combien déjà ?

- Terminale 2, répond l'une des élèves.

- Je le savais, je vous testais juste, déclare-t-il en ricanant nerveusement.

J'espère bien...

- Vous allez vous présenter tour à tour. On commence par toi et on finit par toi, annonce monsieur Johnson en me pointant du doigt.

La première fille se lève. Elle est plutôt jolie, comparée à moi. De toute manière, toutes les belles filles sont blondes, et mes cheveux sont bien trop sombres pour répondre aux critères de mon époque.

- Kate Robins, se présente-t-elle avec un sourire aux lèvres.

Exactement 28 personnes se sont présentées, et c'est maintenant mon tour. Le regard du professeur ainsi que celui de mes 28 autres camarades est fixé sur moi. Je sens mes joues chauffer, c'est incontrôlable.