Chapitre 26 : Tout perdre

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Cela fait deux jours que je fuis Ace. J'ai pris la décision de démissionner et je compte m'y tenir, je ne veux plus croiser la route du millionnaire et j'espère que lui désertera l'entrepôt. J'ai envoyé un message à Monsieur Harden afin d'avoir un rendez-vous et encore aujourd'hui je n'ai reçu aucune réponse. Mais c'est un homme occupé, je suppose.

Et c'est à ce moment que mon téléphone de travail vibre. Je me jette dessus pour le coller à mon oreille après avoir accepté l'appel.

—  Bonjour Miss Rivera.

—  Bonjour Monsieur Harden. Comme je vous...

—  Je sais que vous souhaitez démissionnez Miss Rivera, David m'en a parlé après avoir constaté votre absence ces derniers jours.

—  Oui, je...

Je retiens un grognement alors qu'il me coupe une nouvelle fois. Pourquoi cet homme a-t-il ce besoin d'avoir le dessus sur chacun de ses interlocuteurs ?

—  Cependant votre contrat n'est pas encore terminé.

—  Mais...

—  Je voudrais que vous retrouviez mon fils.

Je lève les yeux au ciel. Il est 23h, il doit sans aucun doute être à l'entrepôt à jouir de sa certification gagnée en trichant ou à une soirée occupée à baiser deux filles.

—  Le retrouver ? Je l'interroge tout de même par politesse.

—  Vous avez sûrement entendu parler d'Eden ?

Je me redresse aussitôt sur mon lit, alertée par le nom de la jeune fille. Mes mains deviennent moites quand mon estomac se noue.

—  Eden ?

—  Elle a mis fin à ces jours. Je pense que vous savez qu'ils étaient proches. Ace est introuvable depuis qu'il a appris la nouvelle.

Mes oreilles sifflent, la pièce semble tanguer. Comment peut-il être si calme en lâchant une pareille bombe ? Cet homme est aussi froid que la glace. Il ne semble pas une seule seconde peiné du triste sort de l'adolescente, ni de ce que ressent Ace et ne pense qu'aux potentielles bêtises de son fils qui pourraient entacher sa réputation.

—  Vous le connaissez sans doute mieux que personne. Retrouvez-le avant qu'il ne fasse une connerie.

Et sur ces mots, il met fin à l'appel sans plus de mots comme s'il venait juste de m'informer de la météo. Il me faut quelques secondes pour me reconnecter à la réalité. Ma première réaction est d'attraper mon téléphone personnel et de chercher le numéro de l'adolescent mais c'est sa messagerie qui me répond ce qui accentue mon stress. 

Mon cœur s'affole dans ma poitrine. Je sue comme si j'avais couru un marathon. J'ai peur de ce qu'il pourrait faire. Je ne peux pas savoir ce qu'il ressent cependant je sais à quel point c'est destructeur. 

Je dévale les escaliers, attrapant mes clefs à la volée et saute dans ma voiture. Je ne sais pas où aller mais je démarre au quart de tour. J'appelle Alessio qui décroche à la première sonnerie.

—  Eyana ?

—  Ace est à l'entrepot ?

Répond oui. Répond oui. Répond oui. Répond oui.

—  Non. Pourquoi ? Que s'est-il passé ?

Je raccroche sans donner plus de détail. Je n'ai pas le temps. Mes mains moites glissent sur le volant.

Je suis en proie à la panique. Je ne commande plus rien. Alors je me gare sur le bas-côté et prend ma tête entre mes mains. Je tremble. Mon cerveau crée des milliers de scénario tous plus glauques les uns que les autres. Je suis prise de nausée. Je peine à respirer et chaque inspiration est une torture. 

Hasta la muerte (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant