Au coeur du Chaos - Les ailes du démon

Un allié inattendu

Le jeune homme observa quelques secondes les deux individus évanouis sur le sol, se baignant dans leur propre sang ainsi que le dernier brigand en train de se rouler de douleur sur la terre battue qui absorbait son liquide rouge. Même les plus grands adversaires ne lui faisaient pas peur. Il avait confiance en ses couteaux. Il se rappela alors de la jeune fille qui se trouvait derrière lui. Il se retourna vers elle.

— Tu vas bien ? demanda l'inconnu du bar.

— Vont-ils mourir ?

Les yeux de la fille avaient l'air inquiets. L'inconnu du bar fronça les sourcils. Était-elle naïve à ce point ? Espérait-elle qu'ils ne meurent pas parce qu'ils auraient soi-disant un bon fond ? C'était bien sa veine, peut-être qu'il n'aurait pas dû intervenir dans ce combat finalement.

— Voulais-tu les laisser en vie ?

La petite médecin secoua la tête vivement et le garçon poussa un soupir de soulagement. Elle n'était pas dénuée de cerveau tout compte fait.

— Comment es-tu tombé du plafond ? Possèdes-tu des ailes cachées ? Et comment as-tu appris à manier ces couteaux ? C'était trop fort !

Elle paraissait tout excitée devant lui, comme lorsqu'un enfant se retrouvait face à un superhéros. Quelque chose sembla traverser son esprit et elle reprit un air inquiet. Elle se retourna pour voir si quelqu'un se trouvait derrière elle puis plongea à nouveau ses yeux dans ceux du jeune homme, assombris par la lumière tamisée propre au monde souterrain et l'ombre de sa cape.

— Je suis désolée, j'aurai adoré faire plus amples connaissances avec toi et te remercier comme il se doit de m'avoir sauvée, mais je dois vite sortir d'ici, c'est une question de vie ou de mort. Merci beaucoup pour ton aide, je te revaudrai ça !

La jeune fille commença à courir avant d'être stoppée net par le garçon qui la retenait par le bras. Elle avait piqué sa curiosité avec ses propos. Elle le regarda, déboussolée.

— Pourquoi dois-tu sortir d'ici ? En quoi est-ce une question de vie ou de mort ?

— C'est trop long à raconter, je n'ai pas le temps, je te dirai tout la prochaine fois qu'on se verra.

— Tous ces soldats vêtus de noirs, sont-ils venus pour toi ?

La jeune fille parut surprise qu'il soit au courant de la présence des rebelles. Ils s'étaient directement dirigés chez elle. À part s'il se trouvait sur la route qui reliait sa maison à la sortie de Spelunca, il n'aurait pas pu avoir cette information. Elle finit tout de même par hocher la tête.

— Intéressant. Je me demande bien qui tu peux être pour qu'ils envoient autant de monde à tes trousses. Tu n'as pas l'air d'être un grand danger. Ce n'est pas comme si tu étais en train de créer une armée rebelle pour renverser le pouvoir, sinon je l'aurais su. Je connais tous les ragots du bas monde.

Le jeune homme réfléchissait à voix haute. Il essayait de comprendre la raison pour laquelle Ambros aurait pu envoyer autant de soldats pour une fille aussi fragile que celle qui se trouvait en face de lui. S'il ne l'avait pas sauvée, les trois malfrats n'auraient fait qu'une bouchée d'elle, alors pourquoi mobiliser des centaines de partisans de l'Empereur ? La question l'intriguait plus qu'elle ne le devrait.

— Comment comptes-tu sortir ? Il y a des dizaines de rebelles qui surveillent l'entrée principale.

— Je ne sais pas, j'espérais trouver une solution en cours de route.

Le manieur de couteaux fut effaré par la réponse de la jeune fille. Elle n'avait aucun plan pour s'échapper d'ici. Comment croyait-elle vaincre tous ces soldats ? Décidément, il ne comprenait pas pourquoi l'Empereur avait envoyé un nombre aussi grand de partisans du nouveau gouvernement à ses trousses. Il était certain que c'était le genre d'enfants qui suivait un inconnu seulement parce qu'il lui avait promis de lui donner une sucette. Le garçon s'en trouva d'autant plus intrigué. Où était la menace en elle ?