XVII

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Devon (TW)

Quelques heures avant la diffusion des images des paparazzis...

Je n'en peux plus de faire comme si tout allait bien alors que ma couverture n'est clairement pas crédible. Tous les jours, on me demande si ça va et tout un tas de conneries me rendant encore plus sur les nerfs : "Ça va Devon, t'es sûr ?" "T'as pas l'air dans ton assiette depuis plusieurs jours, tu veux en parler ?" "Tu as l'air crevé, prends un jour de repos si tu en as besoin" et j'en passe...

J'ai une sale gueule au point que mon père me propose de me reposer de son plein gré, c'est pour dire. Mais je les envoie chier le plus poliment possible à chaque tentative de mes proches et me charge de travail pour ne pas penser à ses beaux cheveux blonds, ses yeux perçants et les regards qu'il me portait avec ses pupilles, son rire, ses lèvres, son toucher et... Enfin, tout ce qui fait de Seth une créature qui me hante et dont j'essaie de me débarrasser. Je ne peux pas me permettre de renoncer et faire demi-tour. De toute façon, même si je retournais le supplier de me pardonner, lui crier que ses sentiments sont réciproques, que j'ai réagi comme un idiot à cause de la peur et que je n'assumais pas être tombé pour un Nelson, il me regarderait sûrement avec dédain et me dirait d'aller me faire foutre. J'ai merdé. Mais c'était nécessaire ! Lui et moi, c'est impossible, on se serait détruit, la rupture aurait été bien plus dure et violente. Oui, je devais mettre un terme à ce que nous étions en train de construire avant qu'il ne soit trop tard. 

En rentrant du bureau, je m'arrête acheter des cigarettes et une bouteille de vodka histoire de décompresser un peu quelques heures. Alors que je conduis, mes achats reposant sur le siège passager, Dean m'appelle en boucle. Je finis par céder et lui dis de patienter le temps que mon téléphone se connecte au bluetooth de la voiture.

— Bon, qu'est-ce qu'il se passe pour que tu forces comme– 

— Ne rentre pas à la maison.

— Quoi ? Putain, j'ai fait quoi encore ? Papa a trouvé la beuh que je cache ?

— Dev' c'est sérieux, ne rentre pas, rien à voir avec la beuh. Gare toi n'importe où, je t'envoie une vidéo. T'as merdé comme jamais !

Je dois avouer que la panique me serre la gorge alors, même si je ne sais pas encore de quoi parle mon aîné, je l'écoute et arrête le moteur le long d'un trottoir. Je reçois un lien et clique dessus sans attendre. La vidéo se lance et je sens chacun de mes organes se tordre, mes muscles se tendre comme s'ils allaient se déchirer et ma respiration se saccader violemment. Tout semble ralentir puis se stopper net autour de moi, seule la vidéo est en mouvement. En état de choque, je mets un lapse de temps que je ne saurais estimer à entendre la voix de Dean qui s'égosille au téléphone. 

— Devon putain !

— Heu, ouais, pardon, quoi ?

— Ne rentre pas ce soir ok ? Prends une chambre d'hôtel. Je vais essayer de calmer papa.

J'essaie de répondre, n'importe quoi, lui montrer ma reconnaissance ou lui faire part de l'angoisse ayant pris possession de mon estomac mais rien ne sort. En fond, j'entends des voix. Des cris, non, des hurlements. Des pleurs aussi. Je me mets à trembler et ma vision devient floue.

— Respire Dev'.

Je ne m'étais pas rendu compte que mon souffle se faisait si fort avant que Dean ne me prévienne et je crois bien que pour la première fois de ma vie j'expérimentais les horribles symptômes d'une crise de panique. J'agrippe ma chemise pour la décoller de mon torse, puis en défais 2 boutons. J'ai l'impression de suffoquer et les paroles de Dean ne suffisent pas à me calmer.

We Own The Gift Of ForgivenessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant