I
Bethsabée a toujours apprécié que son père vienne la chercher après l'école et que, pour lui faire plaisir, il accélère sur les routes dégagées. Elle aimait, alors, ouvrir la fenêtre et sentir le vent dans ses cheveux, considérant cela comme sa façon à elle de se détendre après les cours. Ce n'est pas qu'elle détestait l'école, bien au contraire, elle prenait simplement plaisir à faire la transition entre ses deux vies. Adepte de la vitesse, elle ne changerait pour rien au monde ces moments en tête-à-tête avec son père, où filant à toute allure sur le bitume, elle plongeait dans l'adrénaline du moment présent et profitait de leur complicité.
Aujourd'hui, en rentrant des courses qu'elle avait faites avec son père, elle sortit promener son chien comme à son habitude. Elle se souvint du jour où elle est allée chercher ce pauvre labrador au refuge. Elle fut immédiatement attirée par son air triste et son pelage couleur sable. Il avait bonne mine, mais ses yeux reflétaient un manque d'amour cruel que Bethsabée voulut directement combler. Même si sa mère craignait les animaux, elle accepta d'ajouter cette boule de poil au sein du cercle familial, pour le plus grand bonheur de sa fille unique et du père de celle-ci, qui presque sans s'en rendre compte, s'était rapidement attaché à leur nouveau compagnon à quatre pattes.
Alors qu'elle surfait sur ce bout de nostalgie, un bruit de klaxon la tira de sa rêverie. Deux voitures venaient tout juste d'éviter une collision frontale aux abords d'un carrefour. Son sursaut effraya un écureuil qui s'enfuit dans les branches des grands chênes du parc. À ce moment de l'année, les couleurs de la nature étaient magnifiques. Les arbres étaient fournis et leurs feuilles, rouges, oranges, jaunes ou vertes, donnaient au paysage un aspect fantastique. Le plan d'eau où nageaient les canards reflétait le bleu du ciel tandis que le mouvement des nuages, qui paraissaient s'enfuir vers une terre promise, venait compléter les remous du bassin créant ainsi l'illusion que les éléments dansaient entre eux.
À force de laisser son esprit vagabonder, elle arriva, sans s'en rendre compte, devant chez elle. Bethsabée habitait un petit moulin en pierre qui bordait la rive droite d'un ruisseau s'écoulant lentement en contre-bas du village. Sa maison était petite et modeste, mais cela lui suffisait à éprouver un véritable sentiment d'appartenance pour la bicoque qui abritait son cocon familial. Le toit mansardé fait d'ardoises donnait un côté rustique au logis qui, supporté par d'épais murs rassurants et constitué de toutes petites fenêtres encadrées dans la roche, semblait chaleureux et accueillant. Malgré la taille réduite des vitres de la demeure, elles laissaient filtrer la lumière naturelle du soleil éclairant suffisamment toutes les pièces de la maison.
En rentrant, elle câlina chaleureusement sa mère et lui relata sa journée en dévorant le dernier fruit du panier. Puis, elle s'assit sur le fauteuil du salon et s'adonna à une autre activité qu'elle appréciait particulièrement : la lecture ! Bethsabée lisait depuis qu'elle était toute petite. En grandissant, elle commença à lire des romans de plus en plus grands, explorant ainsi des mondes très différents, mais tout aussi captivants. Aujourd'hui, elle avait seize ans et se consacrait plus spécifiquement aux ouvrages fantastiques et policiers, attirée par l'intrigue et le suspense qu'offrait l'immersion dans ces récits passionnants.
Le lendemain, en arrivant à l'école, Bethsabée regretta déjà de n'avoir pris comme petit-déjeuner, que deux maigres tartines et un verre de jus d'orange. Sa faim ne fit qu'accroître tout au long de la journée, atteignant son pic à la fin des cours, lorsqu'elle se dirigea vers son casier pour y reprendre quelques livres. Cependant, après avoir difficilement ouvert le verrou qui, en prenant de l'âge, devenait de plus en plus récalcitrant, toute notion de faim s'envola. La curiosité prit le dessus. Une lettre dormait là, au milieu des livres, à l'intérieur de son casier. Elle la glissa délicatement dans son sac, l'esprit submergé de questions et s'enfuit, presque en courant, emportant avec elle le mystère de la missive.
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Bethsabée et Élio
RomanceDans la forêt, sous le ciEl étoilé Un écureuil curieux s'est aventuré Son regard fut attiré, captivé Par une noisette dorée Elle brillait teL un trésor à conquérir Et l'écureuil, épris de sa lueur Grimpa, sauta, se mouva avec ferveur Pour la c...