47| Je l'ai fait pour Elisabeth

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Damon

Deux jours après notre retour, Elisabeth n'est plus que l'ombre d'elle-même. Ces dernières quarante-huit heures, son regard était perdu dans le vide à longueur de journée. Elle sursautait à chaque fois que je l'appelais ou que je la touchais, comme si elle était plongée dans un autre monde, loin de moi. La mort de Blaire Jones est encore un choc parmi les disciples du diable. La balle qui l'a touchée était une balle perforante, ayant traversé le gilet pare-balle pour se loger près de son poumon, un coup fatal.

Aujourd'hui a lieu l'enterrement. Elisabeth, comme à son habitude, se tient près de la baie vitrée, observant l'horizon, ses bras croisés sous sa poitrine. Son visage habituellement si expressif et vivant est désormais pâle et triste.

— Eli poupée ? murmuré-je doucement.

Elle sursaute, un frisson traversant son corps, avant de se retourner lentement vers moi. Les cernes sous ses yeux, plus foncés que d'habitude, sont la peuvent de ces heures sans sommeil et de larmes versées. En l'espace de ces deux jours, ses joues semblent s'être creusées.

— C'est l'heure, dis-je doucement.

Elle hoche la tête lentement, toujours sans dire un mot. Ses pas font grincer le parquet et le cuir de son pantalon sont les seuls sons qui traversent la pièce. Alors qu'elle s'apprête à passer à côté de moi, je la retiens doucement par le bras. Elle lève les yeux vers moi, une expression d'incompréhension barrant son beau visage.

— Tu ne veux toujours pas me parler ?

Elle reste muette, seulement un soupir long et chargé de tension lui échappe.

— On prendra le temps qu'il te faudra, poupée, mais...

Je prends son visage entre mes mains, caressant ses joues de mes pouces. Elle ferme un instant les yeux, profitant de mon toucher et cherchant surement du réconfort.

— On est bien placés pour savoir que ce n'est dur que pour nous. Ils sont en paix là où ils sont. La mort n'est cruelle que pour ceux qui restent, murmuré-je.

Eli hoche faiblement la tête, les yeux toujours fermés, alors que je dépose mes lèvres sur son front.

— Je serai avec toi tout le temps, tu n'as rien à craindre. Un mot et on partira.

Sur ces paroles, on sort de la maison. Le trajet jusqu'au cimetière se fait dans le silence le plus total. D'habitude, j'aurais le droit aux caresses à la limite du supportable de la part de ma Régulière, à des blagues salaces chuchotées à mon oreille ou simplement à des soupirs de bien-être. Sentir Elisabeth aussi apaisée derrière moi m'a toujours apporté un réconfort. Ce n'est pas le cas aujourd'hui.

Lorsque nous arrivons au cimetière, tout le monde est déjà là. Les disciples du diable ne sont pas croyants, dirigent eux-mêmes la cérémonie. Je coupe le moteur et attends qu'Eli descende, mais elle n'en fait rien. Je me tourne légèrement pour la regarder.

— Tu vas bien, poupée ?

Elle déglutit, ses bras se resserrant autour de moi. Je pose ma main sur les siennes avant de la rassurer :

— Tu vas y arriver. Tout se passera bien, murmuré-je essayant de lui transmettre un peu de courage.

Sa respiration est haletante, mais son visage est stoïque, son regard perdu droit devant elle. Ses bras sont recouverts de chair de poule et ses mains sont fermement serrées autour de moi. Je reconnais tous les signes d'une crise de panique. Sans attendre, je la force doucement à me lâcher avant de me lever. Rapidement, je me replace face à elle, prenant son visage entre mes mains, la forçant à me regarder.

Black AngelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant