Chapitre 3 part I

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Emma,

Après une soirée agréable encore une fois avec Louis, il a décidé de m'accompagner jusqu'à l'aéroport. Assis tous les deux sur la banquette arrière de la voiture qui nous conduit à destination. Nous sommes silencieux comme souvent nous profitons de ces instants encore dans notre bulle, nos mains sont enlacées. Aujourd'hui, c'est le grand départ pour la Floride. Je suis excitée comme une puce. J'ai hâte, même si j'aurais aimé passer encore un peu plus de temps avec mon chéri. J'ose enfin le nommer ainsi. Notre relation a beau être naissante, nous sommes bel et bien un couple. Bercer par le bruit de fond est la radio. Personne ne parle, de plus Charles n'est pas le genre d'homme à tenir la conversation. Ce qui est agréable, car pour le moment je souhaite juste profiter de ce calme relatif. Ma tête est posée sur son épaule de Louis. Nos mains jointes sont déposées sur ma cuisse. J'aime cela. Quand le véhicule s'arrête devant le terminal, je sais que c'est le moment de la séparation, ce n'est pas comme d'habitude. Avant je venais seule à l'aéroport, les au revoir avaient lieu la veille, en passant la soirée à regarder des films.
— Tu reviens quand déjà ? me questionne Louis, sans bouger d'un centimètre.
— Dans cinq jours, après je dois me trouver un hôtel pour le séjour de mes parents dans mon appartement.
— Ils restent combien de temps ?
— Trois-quatre jours, du vingt-trois décembre au vingt-six, vingt-sept, ça dépendra de mon père je pense.
— Viens chez moi, on sera un peu serré, mais on se tiendra chaud, ajoute Louis avec un sourire au coin.
— Je ne peux pas accepter !
— Bien sûr que si, de toute façon je suis seul pour les fêtes cette année, ça ne me dérange pas.
— C'est super gentil mais ...
— Alors on fait comme ça.
Ne me laissant pas le temps de finir ma phrase, il m'embrasse tendrement, je réponds à cette demande avec envie. Un bruit sur la fenêtre arrière nous sort de notre bulle. Charles, mon chauffeur, m'indique qu'il est temps de partir, si je ne souhaite pas louper mon vol. J'embrasse une dernière fois Louis, je sors du véhicule, lunettes vissées sur le nez, ma valise à mes côtés. Charles a pris le temps de me la sortir durant notre parenthèse de la voiture. Je le remercie du bout des lèvres, fait un petit signe de la main à mon chéri, puis me glisse dans la foule de Paris-Charles de Gaulle.

Une fois installée dans l'avion de ligne, je me laisse guider par le personnel de bord afin que ce vol se déroule parfaitement. Comme souvent dernièrement, je voyage en première classe. C'est pour mon confort personnel, ici au moins je ne suis pas dérangée par les autres voyageurs, dans cette partie de l'avion le calme et le respect sont de mise. Il m'arrive parfois de temps en temps de signer un magazine, cependant je ne vais pas me plaindre à Paris, ce n'est pas encore l'horreur de gérer mon statut. C'est souvent plus difficile quand je suis à l'étranger, Milan, New-York... Toutes ces capitales de la mode, où les fans, la presse en sont dingues. Je profite donc du long trajet pour me reposer. Je glisse mes écouteurs sur mes oreilles, ferme les yeux et me laisse bercer par les sons émergents de ces derniers.
Une fois arrivée à l'aéroport de JFK à New-York, où je dois effectuer un changement de de moyen de transport. D'habitude, je prends un autre avion de ligne, mais ce n'est pas possible aujourd'hui. Un Jet-privé m'attend sur le tarmac proche du boeing dans lequel je viens de sortir. Pour des raisons de sécurité cette fois, je passe par l'extérieur pour rejoindre le petit avion privé qui n'attend que ma présence à bord. Je monte doucement les quelques marches, je suis accueilli par le personnel. Je remarque que ma valise est déjà dans ce dernier, grâce au travail remarquable des bagagistes. Un des privilèges de ma vie de mannequin. Je m'installe dedans, je remarque rapidement qu'il n'a rien à voir avec ceux que j'ai eu la chance de prendre auparavant. Il est dépourvu du confort grand luxe des autres. Ici il n'y a que quelques sièges en cuir, sans rien de plus. Je ne suis pourtant pas une fille compliquée mais j'aurais aimé un peu plus de confort. Le principal actuellement c'est que j'arrive à destination, je pourrais même y aller en bateau à rame, je m'en fous.
Le vol est cette fois, un peu moins confortable, je suis accompagnée d'un homme, type sportif à en juger sa carrure. Nous nous saluons poliment, sans rien ajouter. Je remets mes écouteurs et me laisse une nouvelle fois porter par ce petit vol.
L'atterrissage à Miami arrive à point nommé, je commençais à devenir un peu verte dans ce petit avion, mon camarade de vol s'en est aperçu car il m'a gentiment donné un sac en papier. La honte ! Aidée par le personnel de cet aérodrome, je descends difficilement les escaliers, mes jambes sont encore toutes endormies de ce grand voyage. Le soleil est présent, mais actuellement c'est trop pour moi, je prends mes lunettes de soleil et les enfile. Une fois en bas, je me laisse tomber lourdement sur ma valise. Je soupire de soulagement.
— Emma ça va ? Tu as fait un bon voyage ? me questionne un homme.
— Elle a eu le mal du transport dans l'avion que ta femme nous a affrété, répond mon voisin de voyage.
— Oh merde, je suis désolée Emma, j'en parlerais à Cindy pour les prochaines fois.
— Ce n'est rien Jack. Je n'ai pas beaucoup dormi hier, je crois que cela n'a pas aidé, répliquè-je avec sourire.
— Ok, bon Josh, je te laisse prendre ta voiture, elle t'attend devant comme d'hab. Emma ton carrosse lui est là, ajoute-t-il en désignant un Cadillac Escalade garé près de l'avion.
Je me lève péniblement, et me dirige vers l'arrière du véhicule, je laisse Jack - le mari de mon agente – gérer ma valise, je n'en ai pas la force.
Une fois arrivée à la villa de Cindy, je suis installée dans la dépendance qui donne sur la piscine et le grand jardin de leur propriété. J'avoue que je suis fan de leur maison. Pourtant  je ne compte pas en profiter tout de suite, ce que je souhaite actuellement c'est prendre une douche et aller dormir. Ce que je ne tarde pas à faire.

Le lendemain matin, nous sommes tous les trois installés sur la terrasse afin de prendre le petit déjeuner. Cette nuit de repos m'a requinqué. J'avoue que parfois, il me faut bien plus qu'une journée pour me remettre d'un voyage. Mon corps commence à prendre l'habitude du rythme effréné dans lequel je vis actuellement. Ne sachant pas combien de temps ce rêve va continuer, j'en profite autant que je le peux. Je suis jeune, j'ai l'avenir devant moi.
— Jack, m'a prévenu que durant le vol tu n'étais pas bien, ça va mieux ? me questionne Cindy.
— Oui, je te remercie de ta sollicitude, répliquè-je avec sourire.
— Je ne savais pas pour les petits avions, la prochaine fois je commanderais un jet privé c'est plus confortable.
— Un avion de ligne me va parfaitement, tu le sais.
— Oui, mais parfois les correspondances ne vont pas.
— Hum, en tous cas vous avez une jolie villa ici, je crois que si j'avais la même je ne partirais jamais de ce lieu.
— Pourquoi tu crois que j'ai la plupart de mes clients ici ? Car je peux revenir le soir souvent.
— Oh donc je suis la cliente casse-pied, rigolè-je.
— Tout à fait, tu as bien résumé la situation.
Nous partons dans un fou rire, car je sais qu'elle adore venir à Paris, de temps en temps, elle est française à la base. Elle a rencontré son mari, lors d'un match de l'équipe du PSG, il y a de cela cinq ans. Depuis, ils ne se sont plus quittés, pas une seule fois. Elle a fait ses valises, ils se sont mariés sur le tas, elle a quitté sa vie en France pour lui.
— Hum, j'ai eu des appels de la presse française à ton sujet Emma, ajoute Cindy en me sortant de mes pensées.
— Oui, je t'écoute, déclarè-je en la regardant dans les yeux.
— Selon des rumeurs tu aurais un petit ami... commence-t-elle doucement. Des photos de toi et Louis, sont apparues sur le web.
— Effectivement nous avons commencé une relation avant mon départ.
— D'accord, je ne te fais pas le topo de ce qui risque d'arriver alors ?
— Non, nous le savons bien tous les deux, nous nous montrons discrets. Je tiens à ma vie privée et lui aussi.
— Donc plus d'embrassades dans la voiture devant Paris Charles de Gaulle.
— Oups ! dis-je en posant ma main devant ma bouche.
— Ce n'est pas que je désapprouve la relation que vous avez ... Tu sais comment est la presse avec toutes les personnalités publiques. Forgez-vous une carapace, essayez d'être les plus discrets possible. Si Louis, se sent prêt et toi aussi bien entendu, sortez à la vue de tout le monde. Actuellement, jouez la carte de la discrétion. Vous vous en sortirez bien mieux.
— Merci pour tes conseils avisés Cindy.
— Et s'il te brise le cœur, je lui casse la gueule, ajoute Jack.
— Je ne pense pas que cela soit nécessaire,répliquè-je en riant.
— Ton rendez-vous a lieu dans deux heures Emma, nous rappelle doucement Cindy.
— J'ai compris le message, je vais me préparer.
Je me lève rapidement, je n'oublie pas de les saluer avant de me diriger vers mon logement. Une fois à l'intérieur, je me prépare doucement, en appliquant une crème sur le visage et mon corps, me brossant les dents et ensuite les cheveux. Je m'habille d'un short et débardeur tout simple. Comme souvent, je préfère revêtir des vêtements simples et faciles à enlever. Nous ne savons jamais comment les rendez-vous professionnels avec les marques se finissent. Une fois prête, Cindy m'attend dans le hall de sa maison, pour partir dans le centre-ville de Miami où nous sommes attendues.
Quand nous arrivons dans le showroom, je m'installe sur une des chaises design disposées dans la pièce. Mon regard se pose sur les différents vêtements entreposés sur des portiques. Les couleurs sont flashy, les maillots de bains simples, mais échancrés. Je pense qu'ici cela doit faire un malheur ici. Or, en France, peu de personnes oseraient porter cela. Nous sommes trop pudiques sur les plages. Les Françaises sont plus adeptes du " je passe partout et me fait discrète", mais dans la sphère privée, je suis certaine qu'elles se lâchent. En espérant que ce rendez-vous aboutisse. Des bruits de pas, me sortent de ma contemplation.
— Emma, merci d'être venue dans notre belle Floride, j'espère que le séjour vous est agréable, s'exclame une femme avec un fort accent français.
— Lisa, merci à vous de me faire confiance pour mettre en avant votre marque. Mon séjour se passe relativement bien. Comment ne pas aimer votre État, répliquè-je en me levant de ma chaise.
— Je comprends pourquoi Cindy m'a conseillé "cette petite française qui va tout déchirer". Tu es sublime ma chère.
Je rougis de plaisir, c'est ma marque de fabrique je crois au cours des derniers rendez-vous. J'accepte très peu les compliments, j'ai appris à presque accepter ces derniers. Je pense être une fille lambda, pourtant je suis honorée que les créateurs veulent que je porte leurs pièces. Aujourd'hui, grâce à ce métier  je suis placardée dans toutes les villes du monde. Ironie du sort. Je ne m'apprécie pas en photo, cependant j'adore porter de belles pièces.
Grande, un mètre soixante-dix, soixante-dix kilos, sportive dans l'âme, je suis formée comme il faut pour ce métier, pas trop de seins, pas trop de fesses, un rêve pour les créateurs. Châtain clair avec les yeux verts.
—  Tu as déjà porté des maillots de bain ? m'interroge la créatrice.
—  Pour des shootings pas encore, mais sinon bien sûr, rigolè-je doucement.
—  Parfait, allons-nous amuser, mon amie.
Je la suis dans les couloirs de son espace de création, quand nous arrivons dans son bureau, une vue à couper le souffle sur South Beach. Cette étendue de plage bordée d'immeubles, de verdure, l'eau bleu turquoise. De quoi en faire rêver plus d'un.
—  Voilà ma source d'inspiration.
—  C'est magnifique, je ne m'en lasserai pas non plus.
Une jeune femme arrive avec un portant de maillots de bain de couleur flashy, j'en prends encore plein les yeux. Je ne sais pas si j'oserais les porter sur la plage, mais en tous cas ils sont de toute beauté.
— Je pense que le rose et le jaune t'irai à merveille. Va donc les essayer, après nous ferons les tests photos.
Prenant dans mes mains les pièces demandées, je vais me changer derrière une palissade mise en place dans la pièce pour que nous puissions nous changer en toute intimité. Une fois que j'ai revêtu ce maillot de bain deux pièces tout à fait classique, je rejoins les personnes devant la baie vitrée.
—  Voilà Joe, notre photographe, c'est lui qui est chargé de te mettre en valeur encore plus.
—  Bonjour.
— Mademoiselle Emma, pouvez-vous vous coller à la vitre et regarder au loin dans une position la plus simple et basique que vous voulez.
Ni une ni deux, je m'exécute, les clics de l'appareil photo se déclenchent rapidement, les instructions aussi, je me laisse guider par tout ce beau monde. Je joue avec mes cheveux, mon regard, mon corps. Les minutes passent, quand la séance se termine, je suis lessivée, mais heureuse de l'avoir fait. Je prend le temps d'aller me changer afin de remettre mes vêtements de ville. La créatrice de mode m'accompagne jusqu'à mon véhicule, stationnée en bas de l'immeuble.
— Merci à vous, Emma, d'avoir fait le déplacement. Je sens que les photos vont être de toute beauté. Pour vous remercier, je tiens à vous offrir cette pièce, qui vous ira à ravir j'en suis certaine, me salue-t-elle en me tendant un petit sac au nom de la marque.
— Merci infiniment, j'espère que les photos vous plairont autant. Je me suis réllement amusée aujourd'hui.
Surprise par cette accolade, je me laisse faire. J'avais oublié que les Américains sont parfois tactiles. Une fois les salutations de rigueur faites, je monte dans la voiture où m'attend Cindy.
— Comment s'est déroulé le rendez-vous ? me questionne-t-elle.
— Super bien, nous avons fait des essais photos. Je pense que c'est dans la poche.
— Je le savais, tu déchires tout !
— C'est grâce à ma super agente !
— Tu rentres chez tes parents pour Noël ? ajoute-elle en changeant de sujet.
— Non, cette année c'est chez moi ! Pour une fois que ma mère accepte de monter dans la Capitale, je ne vais pas m'en plaindre. J'irais peut-être en station en février, la neige me manquera sûrement.
— Tu as prévu quoi pour le dîner ?
— J'ai réservé le restaurant de la Tour Eiffel, autant marquer le coup répliquè-je.
— Je te prévoie un chauffeur, ajoute Cindy, et je prévoie une réservation pour l'hôtel pour tes parents.
—Je pensais leur laisser mon appartement. Louis accepte de m'héberger durant les quelques jours.
— Les choses sérieuses alors...
— Je ne sais pas, mais c'est vrai que je me sens bien avec lui.
— Hum, mon rôle en tant qu'agent est de te dire : fait attention. Cependant, en tant que femme j'espère que tout roulera pour vous deux.
— Moi aussi, de tout mon cœur.
— Et vous, qu'avez vous prévu ?
— Rien de fantastique, ce n'est pas vraiment la pause dans le boulot durant cette période, il faut croire que tout le monde souhaite être vu dans les plus grandes soirées.
— Aïe ! pas facile alors.
— On sait dans quoi on se lance quand on signe avec plusieurs célébrités ! Puis j'adore mon métier.
Nous continuons de parler de tout et de rien, je sais que je fais partie des personnalités les moins chiantes qu'elle ait à gérer. C'est grâce à elle qu'il y a un an, j'ai pris la décision d'arrêter mes études. Ce choix n'a pas été facile, cependant tous les facteurs étaient présents pour que je le fasse en connaissance de cause.
Une fois arrivée à la villa, j'en profite pour m'allonger au bord de la piscine, mon séjour ici, n'est pas censé durer longtemps. Alors autant joindre l'utile à l'agréable, bronzer avant de revenir dans la grisaille parisienne.

Illusions et désillusionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant