THE WAY - LE DILEMME

CHAPITRE CINQUANTE-TROIS

 -Après vous, mademoiselle.

-Merci, monsieur.

Feignant une drôle de révérence, Cameron m'invite à entrer dans son appartement. C'est la première fois que je mets les pieds chez lui depuis que je suis arrivée à Seattle. Peut-être parce que l'occasion ne s'était jamais présentée jusqu'à présent ou bien parce que ça aurait été trop intime de me retrouver dans un lieu plus privé que le Tattoo Ink.

A peine le seuil franchi, une boule de poils grise fonce sur moi et me fait la fête.

-Doucement, Buffy ! s'exclame Cameron à l'attention de sa chienne.

-C'est bon, Cam. Elle est seulement contente de nous voir. C'est flatteur.

-Je ne lui ramène pas souvent des copines à la maison. Ça doit être ça.

Curieuse d'en savoir plus sur sa vie sans moi, je plisse les yeux et le scrute dans un premier temps avec hésitation. Ce n'est peut-être pas le moment d'aborder le sujet. Néanmoins, après ce qu'il s'est passé au club l'autre jour, je suppose que j'ai le droit de m'interroger.

-Pas souvent ? répète-je en espérant qu'il développe.

Cameron accroche son long manteau noir au portemanteau près de l'entrée avant de planter son regard dans le mien. Mon audace doit l'interpeller puisque pendant une microseconde il me dévisage avec de grands yeux. Finalement, il reprend contenance et esquisse même un sourire rieur.

-A ton avis, Carlson, combien de copines j'ai bien pu ramené ici ?

-Je ne sais pas. Ça fait cinq ans que tu vis ici alors je dirais...entre dix et quinze ?

Il explose de rire et sa réaction me hérisse le poil en provoquant un sentiment d'appréhension que j'avais réussi à canaliser en lançant le sujet.

-Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?

Est-ce qu'il y en aurait le double ? Le triple ? Ou pire encore ?

-Tu as pris mon appart pour une garçonnière ? Est-ce que ça y ressemble ?

-Non, non, je n'ai pas dit ça !

-Est-ce que je dois y voir un message caché ? Je devrais changer la déco ?

-Pas du tout ! m'écrie-je, gênée. C'est juste que...

J'aurai mieux fait de me taire...

-Que quoi ?

-Ben, tu es beau et tu as toujours eu ce truc avec les filles qui les attire comme des papillons par la lumière. En cinq ans, j'ai pensé que tu avais dû en fréquenté un certain nombre.

-Ce truc qui les attire comme des papillons, hein ?

-Tu vois très bien ce que je veux dire. Tu les hypnotises toutes avec ton regard de bad boy et ton côté mystérieux. Elles ne résistent pas à ton charme, c'est bien connu.

-Rien que ça, ricane-t-il.

Je me renfrogne.

-Bref.

-Il y en a eu quelques unes, avoue-t-il finalement.

Je ne peux pas lui en vouloir, j'ai refais ma vie moi aussi. J'ai connu un autre homme alors je n'ai pas le droit de lui reprocher d'avoir côtoyé des filles pendant ces années où nos existences ont été complétement séparé, diamétralement opposé. Je ne peux pas non plus être jalouse de ces filles qui sont passées dans son lit. J'ai moi-même été séduite par sa belle gueule et sa personnalité hors du commun. En fait, je comprends tout ce qui leur a plu chez lui.